Trézin (Hte Vienne)

Localisation :
Cette celle se trouvait sur le territoire de la commune des Billanges. Des Billanges pour y parvenir prendre la route de St Goussaud, le village de Trésenne se trouve à 3 Km environ à droite de la route. L’emplacement de la celle se trouvait sur un replat en contrebas d’un plateau au milieu du village. Il reste un mur de l’ancienne église qui a été transformé en grange en 1905 par le père du propriétaire actuel.

Vestiges :
Une dalle de tombeau a été remployée comme linteau de porte. Le bâtiment qui a remplacé l’ancienne église en a gardé les pierres appareillées.
Louis Guibert écrivait en 1877 :

“L’église très petite, existe encore ; son architecture offre les caractères de la fin du XIIe siècle.” Louis Guibert avait pu effectivement la voir et la décrivait comme une construction rectangulaire non voûtée, grossièrement construite, éclairée par trois fenêtres percées dans son chevet plat. Les lieux réguliers en partie détruits, consistaient en deux allées rudimentaires. M Gaborit ajoute : “Cet édifice détruit vers 1910 correspondrait assez bien à ce que nous savons du premier monachisme grandmontain, pauvre et un peu anarchique. Mais jamais Trézin n’a été mis au rang des plus anciens monastères, et la date généralement proposée est 1205 .


Et le Chanoine Lecler ajoute : “ Elle avait perdu sa destination depuis la Révolution et avait été transformée en grange, mais elle n’a été démolie qu’en 1905. Elle était formée d’une nef rectangulaire de 21,70m de long sur 8,70m de large, éclairée au chevet par trois fenêtres longues et étroites. C’était la reproduction exacte de la chapelle primitive de Sauvagnac, qu’on croit aussi avoir été celle d’un ermitage construit au XIIe siècle par les premiers fondateurs de l’Ordre de Grandmont” .
Il faut ajouter à cette description que la porte plein cintre s’ouvrait sur le mur Sud. Les lancettes du pignon Est étaient de 5,10 m de hauteur pour celle du centre, et de 3,10m pour les deux autres, sur 1,40m de large .
Effectivement cette église fut remaniée par son propriétaire, M Meyraud en mars 1905 , ou tout au moins sécularisé. N’oublions pas le contexte de l’époque... Le mur gouttereau a été remonté, on reconnaît les pierres bien appareillées, un grand portail fut ouvert, et la porte des moines remplacée par une porte « moderne ».
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Marion Daure écrit dans son mémoire de maîtrise sur Trezin ces très intéressantes lignes
Page 54
« Le village de Trézin est localisé dans la commune des Billanges, dans le département de la Haute-Vienne, à quelques kilomètres seulement de la Creuse. Il se trouve sur un replat, au pied d'un plateau s'intégrant dans l'ensemble des monts de Saint-Goussaud. Selon la tradition de l'ordre, la maison de Trézin a eu pour fondateur Aymeric VI de Rochechouart et son fils Aymeric VII de Rochechouart-Pérusse et s'est établie en 1205 . Pour Louis Guibert, elle existait avant cette date et fut même un des ermitages qui abritèrent les premiers disciples de saint Étienne . Elle a été unie au chef d'ordre par la bulle papale de 1317. À la fin du XIXe siècle, l'église, de taille modeste, existait encore ; elle est mentionnée par L. Guibert. Aujourd'hui, il ne reste plus aucun vestige de la maison. Des pierres provenant de cette dernière ont servi à la construction d'un certain nombre de maisons dans le village, mais on ne découvre aucun chapiteau, aucun détail d'ornementation : l'architecture de la maison de Trézin devait être fort simple, voire austère. Sur son emplacement, facilement identifiable sur le cadastre napoléonien, grâce à la parcelle n°366 appelée « prieuré », est érigée une vaste demeure en grande partie construite avec les pierres de la maison. Elle a été construite sur les fondations de l'ancienne celle et est en partie voûtée. Devant cet édifice se trouve, dans un enclos, l’ancien cimetière de la maison. Une pierre tombale de belle qualité a d'ailleurs été réutilisée dans un des murs de la maison actuelle. À proximité se trouve une pêcherie transformée en lavoir et aujourd'hui plus ou moins à l’abandon ; sur le cadastre , on note également la présence d'une pêcherie correspondant à la parcelle n°475.À 200 mètres environ, en empruntant un chemin sud-nord partant de l'abbaye aujourd'hui abandonné, on arrive à un étang au-dessous duquel est installé le moulin dit moulin de Trézin. Le terrier mentionne effectivement un moulin à blé de la maison de Trézin , c'est d'ailleurs l'unique renseignement qu'il nous fournit à propos de la mise en valeur de ce site. Les travaux entrepris par les moines pour effectuer ces aménagements sont très visibles sur le cadastre. Ils ont dû creuser un canal de dérivation à partir de la digue de l'étang. Celui-ci est toujours en eau et est appelé l'étang des Gabios. Il existe encore un moulin assez récent, probablement du XXe siècle situé au même endroit que le moulin médiéval, le canal de dérivation est toujours utilisé. Mais, le site est complètement défiguré par les activités piscicoles pratiquées en contrebas du moulin, s'accompagnant de la création de canaux cimentés. Il est désormais difficile de distinguer le récent de l'ancien entièrement »

Histoire :
La celle de Sainte-Marie de Trézin fut fondée par le Vicomte Aymeric VI de Rochechouart et Luce de Perusse sa femme en 1205. Fut-elle donnée toute bâtie à l’Ordre, certains le suggèrent, car elle ne respectait pas les plans traditionnels de l’Ordre. Les vocables de cette église étaient à la fête de la Vierge Marie et de St Marc l’évangéliste. D’autre part il semble qu’une communauté de Grandmontains se trouvaient déjà sur place, et peut-être avait été même une des premières communautés de l’Ordre fondées pendant la vie d’Étienne de Muret ; Aymeric aidant celle-ci à s’établir dans des constructions en dur par la suite.
En 1222, Messire Humbert de Chabannes, chevalier, dans une reconnaissance à l’abbaye de Grandmont déclare que son père « Messire Guillaume Raymond, lors décédé avoyt donné tout le droyct qu’il avoyt sur le village de Meyjouvyou ; ce fut l’an 1222 ».
Trezin reçue des dons au cours du XIIIe siècle. Bernard de Chargnac donna sa terre de Cheirou en 1234 . Aymeric et son beau-frère Jaubert de Peyrusse donnèrent en 1242 le village et les hommes de Peny. Puis ce dernier donna avec son frère Gérard le lieu de la Besse, paroisse des Billanges, avec ses appartenances. Était présent Messire Hugues, comte de la Marche . En l’an 1279, « Messire Aymeric, vicomte de Rochechouart et seigneur de Chasteluz, confirma et amortiza tout ce que les prieur et frères avoyent acquis en la paroisse des Billanges et en toute la chastellanue de Peyrusse » . Et « en l’an 1315 Gérald Hymbert et Agnès sa femme, des Billanges, donnèrent tous leurs biens, meubles et immeubles, à Grandmont et spécialement à la maison de Trezin . »
La celle de Trezin hébergeait 4 religieux en 1285, et elle fut unie au Chef d’ordre en 1317. L’administrateur du bien achète en 1330 le lieu de Suron
En « L’an 1330. seigneur de Peyrusse cogneu et confessa tenyr du prieur et religieux de Grandmont en fied, foy et hommaige, avecque une obole d’or tout ce qu’il tenoyt et possedoyt en la chastellanye des Billanges, de Chastellars et de Vihareilhz, en feodum et retro feodum, soubz hommaige litge avecque une obole d’or » .
En « l’an 1335 (alias 1327) fut fait accord entre l’abbé de Grandmont et les religieux de l’abbaye dudict lieu d’une part et Messire Albert Foucaud chevalier, seigneur de St Germain de Crozent, de Chastelutz Marcheys, du Chastelars, des Billangeys et de Viareilhz et de ses enfants ; assavoir messire Hélye Foulcaud chevalier et Marc Foulcaud escuyer frère d’autre part, lesquels eschangèrent et permutèrent ce qu’avoyent les prieur et frères de Grandmont en la paroisse des Billanges et ce qu’avoyent aussi lesdicts de Saint Germain Foulcaud en la paroisse de St Silvestre ; comme il est bien au long contenu en la lettre et contract d’accord et eschange
Nota en marge : l’hommaige que doybt le seigneur de Saint Germain à cause des seigneuries des Billanges et Viareilhz, des quelles il tient partie de Grandmont .
Pendant deux siècles on ne trouve aucun document concernant Trezin, si ce n’est les quelques notices du terrier étudié par Melle Marion Daure.
« A Limoges, le 22ème jour du mois de février 1559, personnellement Maître Léonard Bongrand soy disant procureur de Noble Gaspard Gauthier a insinué la collation et bail à luy faite du prieuré ou cellule de Trézen, membre dépendant du monastère de Grandmont duquel la teneur s’ensuit :Acte en latin daté du 27eme jour du mois de décembre 1558, Nous François de Neufville, humble abbé commendataire et administrateur perpétuel du monastère grandmontain, Frères Jehan Massias prieur claustral de ladite abbaye, Brice de Mons sous-chantre, Guillaume Barny sacriste, Pardoux de La Garde, François Malefond, Jehan Mosneron, François Barny, François Robin, Jehan Charron, Martial de Montfreboeuf, Pierre de La Garde, Gabriel Chardeboeuf, Jehan d’Armegny prêtres, François Rochete diacre, François Marrand novices et religieux claustrals et conventuels de ladite abbaye assemblés au son de la cloche capitulaire....................assensement perpétuel .
Le 22/02/1559, Bernard Bongrand, procureur de Noble Gaspard Gauthier a insinué la collation et bail à lui fait du prieuré ou cellule de Trézen, dépendant du monastère de Grandmont.
1.- Acte en latin : les religieux rassemblés sont sous François de Neufville, humble abbé administrateur perpétuel du monastère de Grandmont: Frères Jehan Massias prieur claustral de ladite abbaye, Brice de Mons sous-chantre, Guillaume Barny sacriste, Pardoulx de la Garde, François Malefont, Jehan Mosneron, François Barny, François Robin, Jehan Chiron, Martial de Montfreboeuf, Pierre de la Garde, Gabriel Chardeboeuf, Jehan Darmagny prêtres, François Rochete diacre, François de Las sous-diacre, Vincent Bondet et François Marraud novice, tous religieux claustraux et conventuels de ladite abbaye.
On donne à Gaspard Gauthier la cellule de Trézen, paroisse des Billanges, de la même façon qu’on lui a donné Bronzeau. Daté du 27/12/1558. Présents Jehan Texier prêtre et autre Jehan Faure habitants témoins.
Signé de l’abbé de Grandmont, J. de Coudier, Me Jehan Barny, J. Barny et scellé à double queue , d’un sceau de cire rouge
Pour l’élection de l’Abbé François Marrand en 1597, le prieuré de Trézin était représenté par son administrateur, Leonardus Gasmaud, prêtre , lequel était présent dans un acte du 3 novembre 1598 .
L’abbé et le chapitre l’acensèrent en 1559, puis l’Abbé seul en 1604 .
Le 31 janvier 1604, l’Abbé nomme Pierre de Coudier à Trézin .
« À Limoges, le pénultième jour de janvier 1604, frère Pierre de Coudier, religieux de l'abbaye de Grandmont a insinué les actes suivants
Acte de dimanche 25 janvier 1604, 10 heures du matin environ, au lieu de Trézin et au-devant la porte du prieuré dudit lieu de Trézin, paroisse des Billanges, diocèse de Limoges, présent: Frère Pierre de Coudier, religieux profès de l'abbaye de Grandmont, en présence des témoins a dit et exposé à frère Jehan Le Maigre, religieux profès de ladite abbaye qu'il a été pourvu par l'Abbé chef de Grandmont de la maison et prieuré de Trézin, membre dépendant de ladite abbaye (lettres de provisions signées Rigal de Lavaur et Le Maigre, secrétaire); il demande audit Le Maigre de le mettre en possession réelle, actuelle et corporelle de ladite maison et prieuré: lequel a pris ledit de Coudier par la main droite, entrée dans ladite église, aspersion de l'eau bénite, sonnement de la cloche, célébration du Saint Sacrifice de la messe et tous autres « possessoryal » en présence de Pierre Boutyron et Léonard Pouret, habitants dudit lieu de Grandmont, témoins, signé Perrière ».
L’abbé Georges Barny, Abbé général de l’Ordre au XVIIe siècle lui donna une cloche qui est aujourd’hui à l’église paroissiale des Billanges, et sur laquelle on peut lire :
+ Sancte Stephane ora pro nobis - Ora, voce pia, pro nobis, Virgo Maria - Dompnus Georgius Barny, abbas Grandimontis 1651 “
Simple domaine au XVIIe siècle, Trezin fut affermé le 25 mars 1685 pour 500 livres par an, plus 22 livres pour anniversaire par un billet en double, le tout 522 livres , et le 1er juillet 1698 et le 25 octobre 1699 au sieur de la Chieza pour 252 livres et 80 livres. Le prieuré possédait également le moulin de la Chièze, qui était affermé par bail le 21 janvier 1699 par l’abbé de la Marche de Parnac pour la somme de 195 livres .
Le bien fut affermé successivement le 3 septembre 1725 à M Lenoir Bourgeau de Châtelus-le-Marcheix, par l’abbé de la Guérinière pour la somme de 288 livres, et la tenure du Bouquet au village de Beaumont à Antoine de Villechabrolle, métayer du Seigneur de Chastelux en 1723 . En 1729, la ferme de Trézin est affermée au sieur Le Noir qui fait exploiter par son métayer Daigurande .
Le prieuré fut vendu à la Révolution :
“Commune des Billanges
Une petite maison, un petit bâtiment, une ancienne chapelle, un pré appelé du prieuré de Trézin, d’environ dix quartelées, trois morceaux de chènevière, un petit jardin et un petit morceau de pays inculte d’environ trois sétérées, dépendant de la ci-devant Abbaye de Grandmont, estimé 59 livres 10 sols, vendu

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