Monnais (Maine et Loire)

Localisation:
Elle était située sur la commune de Jumelles, canton de Longué. A St Philbert-du-Peuple, prendre la D 129 en direction de la forêt de Monnais (sortie Nord). Faire 1 500 m, et après avoir franchi le dernier bras du Lathan, on trouve à droite une ferme dont les bâtiments ont été construits à l'emplacement de la celle de Monnais.

Intérêt:
église (Nord) 0; aile Sud 1.


Vestiges:
Il reste le mur Nord de l'aile Sud (réfectoire) édifié en tuffeau bien appareillé. on peut apercevoir sous le crépi quatre ouvertures, dont trois sont d'origine de la construction. Ces anciennes ouvertures sont enterrées à mi-hauteur, ce qui laisse penser à un alluvionnement important laissé par le Lathan, sans doute à une époque ou Monnais n'était plus habité.
Lors de la réoccupation de Monnais, les moines firent bâtir une tour de défense qui flanquait le bâtiment Sud à son extrémité Ouest (autorisation du roi CHARLES VII le 2 janvier 1442). Cette tour est en ruines depuis plusieurs dizaines d'années.
En retour de ce bâtiment Sud, Mr Treton-Dumouseau fit construire un logis en prolongement de l'ancien bâtiment abritant la salle du chapitre, sur lequel il apposa le blason du prieur commendataire Brissonet, qu'il avait récupéré.

Histoire :
La celle de Monnais a du être fondée en 1156, mais la charte de fondation est très controversée. Réécrite plusieurs fois, elle a été analysée par Louis DELISLE qui y trouve des longueurs inhabituelles et, surtout, le chancelier signe "Raoul" alors qu'à cette époque le chancelier d'HENRI II Plantagenêt était le célèbre Thomas BECKET. Cette donation fut néanmoins confirmée par Richard Coeur de Lion, encore que l'authenticité du document soit également suspecte.
Il semble néanmoins possible que les religieux vinrent s'établirent à Monnais vers la fin du XIIème siècle.
Le seigneur de Longué était tenu de désigner dans ses bourgeois, un "bon homme" pour l'attacher au service des religieux. Celui-ci était déchargé de toutes redevances en contre-partie.
En août 1212, le sénéchal d'Anjou, Guillaume des ROCHES, fit donation par charte aux Bonshommes de Grandmont, d'un homme nommé Gervais la Rose, habitant Baugé. Celui-ci remplaçait un nommé Richard le Maçon.
En 1295, Monnais hébergeait 7 clercs et dépendant de la Nation d'Anjou.
En 1317, le Pape JEAN XXII éleva Monnais en prieuré et lui unit le Breuil-Bellay; son effectif fut alors porté à 14 religieux. Son premier prieur fut Dom Bertrand de Piérelée .
Au cours de la Guerre de Cent Ans, le prieuré de Monnais fut saccagé et presque totalement détruit en 1420 par les Anglais et des gens d'armes. Durant 20 ans il fut exposé aux pillages des garnisons du Lude, du Mans et de la Flèche.
Les religieux se réfugièrent à Ramefort. Ils obtinrent néanmoins du Roi CHARLES VII, le 2 janvier 1442, l'autorisation de fortifier le prieuré avec murs, fosses et palissades, le Lathan servant de douves avec pont-levis d'accès.
En 1445, la franchise de Monnais comprenait une église dédiée à St Étienne, le cloître, une maison avec donjon crénelé, le cimetière, une cour, un jardin et un moulin à blé à deux meules. A l'extérieur dépendaient des bois, des taillis, des garennes, trois métairies et un autre moulin, dit "Moulin Neuf".
Le 15 septembre 1615, une transaction fut Établie entre le prieur commendataire, Anne de COUESNON, et les religieux qui se plaignaient de l'insalubrité des lieux et qui désiraient transférer leur habitation au Breuil-Bellay. Ce prieur commendataire fut fort content d'être débarrassé des religieux en accordant cette "faveur"! Cette transaction lui évitait de procéder aux réparations des bâtiments de Monnais mais par contre celle-ci allait coûter très cher aux religieux. Anne de COUESNON Était un individu peu recommandable puisqu'il sera convaincu d'émettre de la fausse monnaie et mourra décapité...
En 1620, Jacques ROUSSELE succéda à Anne de COUESNON comme prieur concordataire.
En 1627, le prieur claustral venant de décéder, les religieux élisent un nouveau prieur, mais cette élection fut cassée par l'Abbé Général de Grandmont, a qui revenait de droit les quatre premières nominations qui suivaient son "joyeux avènement"!
C'est vers cette date que fut nommé un nouveau prieur commendataire, Jean CHARTIER. Celui-ci était régent de la Faculté de Médecine de Paris et demeurait au Collège de Navarre à Paris. Il résigna la charge de prieur au profit de son frère le 22 octobre 1631, moyennant une pension à vie de 400 livres à valoir sur les revenus du prieuré .
Mais le 15 juillet 1634, les religieux du Breuil-Bellay se constituaient demandeurs devant Messieurs les Juges des Requêtes du Palais de Paris :
" Par devant les notaires gardes notes du Roy au Châtelet de Paris, soussignés seraient présents en leurs personnes, Mr Jean Chartier, docteur régent de la Faculté de Médecine de Paris, cy-devant prieur commendataire du prieuré de N.D de Monnais, demeurant à Paris, rue des Fossés, Paroisse de St Germain l'Auxerrois, et de Mr Louis Théandre Chartier, son frère, à présent prieur commendataire dudit prieuré, habitant rue de la paroisse St Séverin, d'une part, et frère Jean Roudet, prêtre religieux et profès dudit Ordre de Grandmont, supérieur dudit prieuré, Étant présent en cette ville de Paris, logé au dedans de l'enclos du Collège Mignon, paroisse de St Côme, tant en son nom, que comme le faisant pour le frère Jean Vauzelle, prêtre, et frère Jean le Maigne, sous diacre, religieux profès...
Lesquelles parties disent être en procès par-devant les Juges des Requêtes de Paris, sur ce que lesdits religieux, supérieur et convers se sont constitués demandeurs, et on fait assigner ledit sieur Prieur à plusieurs fins.
Premièrement: A acquit doit tenu de la rembourser des réparations qu'ils ont faites, tant sur l'église du Breuil-Bellay, où ils sont demeurant et ont du y être transférés, selon la transaction du 15 septembre 1615.
Secondairement: A ce qu'il soit tenu et condamné Ö faire faire toutes et chacune réparations, et ce qu'il reste à faire à Breuil Bellay, tant en Église et dortoir, qu'en tous autres lieux, Édifices et bâtiments qui en dépendent, et finalement à ce que ledit sieur Prieur, soit tenu de leur fournir, chasubles, chapes, calices, livres, et autres ornements nécessaires pour la célébration du divin service, comme aussi ils Étaient aux termes de requérir et demander que ledit sieur Prieur, soit tenu de satisfaire et payer pour chaque an, la pension demandée par ledit sieur Abbé de Grandmont sur ledit prieuré, de payer les frais de voyage des religieux tenus d'assister au Chapitre Général dudit Ordre, et au surplus leur fournir, bailler et délivrer les meubles qui leurs sont nécessaires pour continuer leur habitation et logement audit lieu de Breuil Bellay.
Ce a quoi le sieur Prieur dit qu'il ne pouvait être responsable des réparations, pour les choses arrivées au temps de son prédécesseur, Anne de Couesnon. Qu'il n'était ni tenu ni obligé des prétentions et demandes desdits religieux, et que ceux-ci devaient être renvoyés et condamnés des dépends, et qu'étant en procès avec eux, et pour en finir et terminer, ayant pris conseil, selon son bon plaisir il composait et transigeait.
Après avoir constaté qu'après la transaction du 15 septembre 1615 avec Anne de Couesnon, transaction qui devait être homologuée et confirmée par l'Abbé de Grandmont, les religieux avaient transportés leur habitation au Breuil Bellay, sans qu'ils puissent prétendre revenir à Monnais, que le Prieur gardait à sa pleine disposition pour un usage honnête, que bon lui semblera, les religieux ne pourront prétendre a aucune autre chose, tant pour les réparations, que pour les livres, ornements, meubles, et qu'ils ne pourront exiger les frais de voyage pour assister au Chapitre, et qu'ils feront parachever Ö leurs frais les réparations du Breuil-Bellay, et l'entretiendront, sans que le Prieur puisse être recherché, ni poursuivi, moyennant quoi le Prieur versera la rente due. "
A son tour, Louis Théandre CHARTIER résignera en faveur de son demi-frère, René CHARTIER, le 7 octobre 1639. On trouve dans les minutes des notaires du Châtelet de Paris, une quittance du 6 septembre 1640, entre l'ancien Prieur, Louis Théandre CHARTIER, escuyer, seigneur de Laubinière, et le nouveau, René CHARTIER, d'une indemnisation avant son départ pour le Canada .
Le 29 Mars 1661 un factum sommaire est établi pour percevoir la pension abbatiale de l'Abbé Alexandre Fremon s'élevant à 400 livres
Depuis le départ des religieux pour le Breuil Bellay, Monnais n'était plus qu'un simple bénéfice pour un prieur commendataire rapace...
- Après René CHARTIER, se succédèrent :
- Isaac de POIREL de Grandval, aumônier du Roi en 1668
- Charles CHERTEMPS (1684)
- Jean MALDEN (1731)
- Charles Jean Marie de CHERITE, qui meurt le 8 février 1771.
Ensuite, Monnais fut uni au séminaire Saint Charles d'Angers par lettre patentes du 27 juin 1770.
Un inventaire des meubles trouvés dans le prieuré au moment de la Révolution existe aux Archives d'Angers. Le domaine de Monnais fut estimé le mardi 14 décembre 1790, à 8 h du matin, pour être vendu comme Bien National:
" Maison prieurale consistant en plusieurs chambres, et grenier sur le dessus.
Une chapelle séparée dudit bâtiment, le tout couvert d'ardoise.
Cour et jardins autour des dits bâtiments, le tout en mauvais État.
Un petit morceau de pré séparé de la dite maison par un chemin allant de la métairie au moulin, d'une petite boisselée, de tous cités du jardin et de la métairie, autour de la maison prieurale; le tout contenant quatorze boisselées, joignant du midi la rivière et le moulin, d'autre cité les terres et cours de la ferme."
Le domaine complet, les deux métairies, les deux moulins, terres, taillis, furent vendus le 17 mars 1791 à Charles Hector d'HARCOURT. Celui-ci ayant émigré, le domaine de Monnais fut vendu une seconde fois en Bien de seconde origine, le 7 Brumaire an IV à Achille DEFLUBE qui habitait Paris.
Le domaine passa ensuite entre les mains de Mme Françoise-Eulalie BLANCHER, Épouse de Mr Pierre TRETON-DUMOUSSEAU. A sa mort survenue à Saumur le 3 août 1830, le bien revint à son fils Paul-Emile TRETON-DUMOUSSEAU. Celui-ci mourut le 17 septembre 1884 dans son château de Launay (commune de Villebernier) et c'est sa fille, Mlle Marie-Félicie TRETON-DUMOUSSEAU qui en hérita. Elle vendit la propriété de Monnais le 29 avril 1912 à Mr Alphonse BRISSET, meunier, qui avait épousé Louise GUION. Après être resté plus d'un demi siècle dans cette famille, dont le descendant, Mr Gérard FOURCHER, nous a fort obligeamment fourni toute la documentation relative à Monnais, la propriété se trouve actuellement en possession de Mr Louis GUIGNON-PAPOT.
Celle n° 81
COMPLÉMENT A L'ETUDE DE LA CELLE N°81
par Michel FOUGERAT
49/3 - MAINE ET LOIRE - MONNAIS
Monsieur Alexandre CAILLEAU, étudiant en histoire à l'université d'Angers, a présenté en 1993 un mémoire de maîtrise sur le prieuré grandmontain de Monnais.
Ses recherches l'ont conduit à une hypothèse diamétralement opposée à celle que j'avais exposée dans les Cahiers Grandmontains n°6, grâce en particulier à l'étude de documents qui m'étaient inconnus à l'époque. Ceux-ci avaient été localisés récemment par Mr Jean Claude DAIDIE, un fidèle membre du G.E.RE.G., dans la série I (rarement consultée) des Archives départementales du Gers.
Ces documents étaient arrivés à Auch après de nombreuses péripéties. En effet, après la disparition de l'Ordre en 1770, ils avaient été emmenés dans son pays natal par le dernier prieur commendataire de Monnais, Jean Thècle de Vergès. A sa mort ces documents furent mis en vente; les Archives départementales ayant refusé l'achat, ce fut l'abbé CANETO, vicaire général qui les acquit pour le compte du grand séminaire. A la séparation de l'Église et de l'État, ils furent reversés aux Archives départementales du Gers.
Nous adressons nos félicitations à Monsieur Alexandre CAILLEAU pour son travail auquel nous associons Monsieur Jean Claude DAIDIE pour ses recherches sur l'Ordre de Grandmont. Nous remercions également Monsieur Gérard FOURCHER qui n'a pas ménagé sa peine pour nous documenter sur le prieuré de Monnais auquel il est particulièrement attaché.

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