Monnais (Maine et Loire)
Localisation:
|
![]() |
Histoire :
La celle de Monnais a du être fondée en 1156, mais la charte de
fondation est très controversée. Réécrite plusieurs
fois, elle a été analysée par Louis DELISLE qui y trouve
des longueurs inhabituelles et, surtout, le chancelier signe "Raoul"
alors qu'à cette époque le chancelier d'HENRI II Plantagenêt
était le célèbre Thomas BECKET. Cette donation fut néanmoins
confirmée par Richard Coeur de Lion, encore que l'authenticité
du document soit également suspecte.
Il semble néanmoins possible que les religieux vinrent s'établirent
à Monnais vers la fin du XIIème siècle.
Le seigneur de Longué était tenu de désigner dans ses bourgeois,
un "bon homme" pour l'attacher au service des religieux. Celui-ci
était déchargé de toutes redevances en contre-partie.
En août 1212, le sénéchal d'Anjou, Guillaume des ROCHES,
fit donation par charte aux Bonshommes de Grandmont, d'un homme nommé
Gervais la Rose, habitant Baugé. Celui-ci remplaçait un nommé
Richard le Maçon.
En 1295, Monnais hébergeait 7 clercs et dépendant de la Nation
d'Anjou.
En 1317, le Pape JEAN XXII éleva Monnais en prieuré et lui unit
le Breuil-Bellay; son effectif fut alors porté à 14 religieux.
Son premier prieur fut Dom Bertrand de Piérelée .
Au cours de la Guerre de Cent Ans, le prieuré de Monnais fut saccagé
et presque totalement détruit en 1420 par les Anglais et des gens d'armes.
Durant 20 ans il fut exposé aux pillages des garnisons du Lude, du Mans
et de la Flèche.
Les religieux se réfugièrent à Ramefort. Ils obtinrent
néanmoins du Roi CHARLES VII, le 2 janvier 1442, l'autorisation de fortifier
le prieuré avec murs, fosses et palissades, le Lathan servant de douves
avec pont-levis d'accès.
En 1445, la franchise de Monnais comprenait une église dédiée
à St Étienne, le cloître, une maison avec donjon crénelé,
le cimetière, une cour, un jardin et un moulin à blé à
deux meules. A l'extérieur dépendaient des bois, des taillis,
des garennes, trois métairies et un autre moulin, dit "Moulin Neuf".
Le 15 septembre 1615, une transaction fut Établie entre le prieur commendataire,
Anne de COUESNON, et les religieux qui se plaignaient de l'insalubrité
des lieux et qui désiraient transférer leur habitation au Breuil-Bellay.
Ce prieur commendataire fut fort content d'être débarrassé
des religieux en accordant cette "faveur"! Cette transaction lui évitait
de procéder aux réparations des bâtiments de Monnais mais
par contre celle-ci allait coûter très cher aux religieux. Anne
de COUESNON Était un individu peu recommandable puisqu'il sera convaincu
d'émettre de la fausse monnaie et mourra décapité...
En 1620, Jacques ROUSSELE succéda à Anne de COUESNON comme prieur
concordataire.
En 1627, le prieur claustral venant de décéder, les religieux
élisent un nouveau prieur, mais cette élection fut cassée
par l'Abbé Général de Grandmont, a qui revenait de droit
les quatre premières nominations qui suivaient son "joyeux avènement"!
C'est vers cette date que fut nommé un nouveau prieur commendataire,
Jean CHARTIER. Celui-ci était régent de la Faculté de Médecine
de Paris et demeurait au Collège de Navarre à Paris. Il résigna
la charge de prieur au profit de son frère le 22 octobre 1631, moyennant
une pension à vie de 400 livres à valoir sur les revenus du prieuré
.
Mais le 15 juillet 1634, les religieux du Breuil-Bellay se constituaient demandeurs
devant Messieurs les Juges des Requêtes du Palais de Paris :
" Par devant les notaires gardes notes du Roy au Châtelet de Paris,
soussignés seraient présents en leurs personnes, Mr Jean Chartier,
docteur régent de la Faculté de Médecine de Paris, cy-devant
prieur commendataire du prieuré de N.D de Monnais, demeurant à
Paris, rue des Fossés, Paroisse de St Germain l'Auxerrois, et de Mr Louis
Théandre Chartier, son frère, à présent prieur commendataire
dudit prieuré, habitant rue de la paroisse St Séverin, d'une part,
et frère Jean Roudet, prêtre religieux et profès dudit Ordre
de Grandmont, supérieur dudit prieuré, Étant présent
en cette ville de Paris, logé au dedans de l'enclos du Collège
Mignon, paroisse de St Côme, tant en son nom, que comme le faisant pour
le frère Jean Vauzelle, prêtre, et frère Jean le Maigne,
sous diacre, religieux profès...
Lesquelles parties disent être en procès par-devant les Juges des
Requêtes de Paris, sur ce que lesdits religieux, supérieur et convers
se sont constitués demandeurs, et on fait assigner ledit sieur Prieur
à plusieurs fins.
Premièrement: A acquit doit tenu de la rembourser des réparations
qu'ils ont faites, tant sur l'église du Breuil-Bellay, où ils
sont demeurant et ont du y être transférés, selon la transaction
du 15 septembre 1615.
Secondairement: A ce qu'il soit tenu et condamné Ö faire faire toutes
et chacune réparations, et ce qu'il reste à faire à Breuil
Bellay, tant en Église et dortoir, qu'en tous autres lieux, Édifices
et bâtiments qui en dépendent, et finalement à ce que ledit
sieur Prieur, soit tenu de leur fournir, chasubles, chapes, calices, livres,
et autres ornements nécessaires pour la célébration du
divin service, comme aussi ils Étaient aux termes de requérir
et demander que ledit sieur Prieur, soit tenu de satisfaire et payer pour chaque
an, la pension demandée par ledit sieur Abbé de Grandmont sur
ledit prieuré, de payer les frais de voyage des religieux tenus d'assister
au Chapitre Général dudit Ordre, et au surplus leur fournir, bailler
et délivrer les meubles qui leurs sont nécessaires pour continuer
leur habitation et logement audit lieu de Breuil Bellay.
Ce a quoi le sieur Prieur dit qu'il ne pouvait être responsable des réparations,
pour les choses arrivées au temps de son prédécesseur,
Anne de Couesnon. Qu'il n'était ni tenu ni obligé des prétentions
et demandes desdits religieux, et que ceux-ci devaient être renvoyés
et condamnés des dépends, et qu'étant en procès
avec eux, et pour en finir et terminer, ayant pris conseil, selon son bon plaisir
il composait et transigeait.
Après avoir constaté qu'après la transaction du 15 septembre
1615 avec Anne de Couesnon, transaction qui devait être homologuée
et confirmée par l'Abbé de Grandmont, les religieux avaient transportés
leur habitation au Breuil Bellay, sans qu'ils puissent prétendre revenir
à Monnais, que le Prieur gardait à sa pleine disposition pour
un usage honnête, que bon lui semblera, les religieux ne pourront prétendre
a aucune autre chose, tant pour les réparations, que pour les livres,
ornements, meubles, et qu'ils ne pourront exiger les frais de voyage pour assister
au Chapitre, et qu'ils feront parachever Ö leurs frais les réparations
du Breuil-Bellay, et l'entretiendront, sans que le Prieur puisse être
recherché, ni poursuivi, moyennant quoi le Prieur versera la rente due.
"
A son tour, Louis Théandre CHARTIER résignera en faveur de son
demi-frère, René CHARTIER, le 7 octobre 1639. On trouve dans les
minutes des notaires du Châtelet de Paris, une quittance du 6 septembre
1640, entre l'ancien Prieur, Louis Théandre CHARTIER, escuyer, seigneur
de Laubinière, et le nouveau, René CHARTIER, d'une indemnisation
avant son départ pour le Canada .
Le 29 Mars 1661 un factum sommaire est établi pour percevoir la pension
abbatiale de l'Abbé Alexandre Fremon s'élevant à 400 livres
Depuis le départ des religieux pour le Breuil Bellay, Monnais n'était
plus qu'un simple bénéfice pour un prieur commendataire rapace...
- Après René CHARTIER, se succédèrent :
- Isaac de POIREL de Grandval, aumônier du Roi en 1668
- Charles CHERTEMPS (1684)
- Jean MALDEN (1731)
- Charles Jean Marie de CHERITE, qui meurt le 8 février 1771.
Ensuite, Monnais fut uni au séminaire Saint Charles d'Angers par lettre
patentes du 27 juin 1770.
Un inventaire des meubles trouvés dans le prieuré au moment de
la Révolution existe aux Archives d'Angers. Le domaine de Monnais fut
estimé le mardi 14 décembre 1790, à 8 h du matin, pour
être vendu comme Bien National:
" Maison prieurale consistant en plusieurs chambres, et grenier sur le
dessus.
Une chapelle séparée dudit bâtiment, le tout couvert d'ardoise.
Cour et jardins autour des dits bâtiments, le tout en mauvais État.
Un petit morceau de pré séparé de la dite maison par un
chemin allant de la métairie au moulin, d'une petite boisselée,
de tous cités du jardin et de la métairie, autour de la maison
prieurale; le tout contenant quatorze boisselées, joignant du midi la
rivière et le moulin, d'autre cité les terres et cours de la ferme."
Le domaine complet, les deux métairies, les deux moulins, terres, taillis,
furent vendus le 17 mars 1791 à Charles Hector d'HARCOURT. Celui-ci ayant
émigré, le domaine de Monnais fut vendu une seconde fois en Bien
de seconde origine, le 7 Brumaire an IV à Achille DEFLUBE qui habitait
Paris.
Le domaine passa ensuite entre les mains de Mme Françoise-Eulalie BLANCHER,
Épouse de Mr Pierre TRETON-DUMOUSSEAU. A sa mort survenue à Saumur
le 3 août 1830, le bien revint à son fils Paul-Emile TRETON-DUMOUSSEAU.
Celui-ci mourut le 17 septembre 1884 dans son château de Launay (commune
de Villebernier) et c'est sa fille, Mlle Marie-Félicie TRETON-DUMOUSSEAU
qui en hérita. Elle vendit la propriété de Monnais le 29
avril 1912 à Mr Alphonse BRISSET, meunier, qui avait épousé
Louise GUION. Après être resté plus d'un demi siècle
dans cette famille, dont le descendant, Mr Gérard FOURCHER, nous a fort
obligeamment fourni toute la documentation relative à Monnais, la propriété
se trouve actuellement en possession de Mr Louis GUIGNON-PAPOT.
Celle n° 81
COMPLÉMENT A L'ETUDE DE LA CELLE N°81
par Michel FOUGERAT
49/3 - MAINE ET LOIRE - MONNAIS
Monsieur Alexandre CAILLEAU, étudiant en histoire à l'université
d'Angers, a présenté en 1993 un mémoire de maîtrise
sur le prieuré grandmontain de Monnais.
Ses recherches l'ont conduit à une hypothèse diamétralement
opposée à celle que j'avais exposée dans les Cahiers Grandmontains
n°6, grâce en particulier à l'étude de documents qui
m'étaient inconnus à l'époque. Ceux-ci avaient été
localisés récemment par Mr Jean Claude DAIDIE, un fidèle
membre du G.E.RE.G., dans la série I (rarement consultée) des
Archives départementales du Gers.
Ces documents étaient arrivés à Auch après de nombreuses
péripéties. En effet, après la disparition de l'Ordre en
1770, ils avaient été emmenés dans son pays natal par le
dernier prieur commendataire de Monnais, Jean Thècle de Vergès.
A sa mort ces documents furent mis en vente; les Archives départementales
ayant refusé l'achat, ce fut l'abbé CANETO, vicaire général
qui les acquit pour le compte du grand séminaire. A la séparation
de l'Église et de l'État, ils furent reversés aux Archives
départementales du Gers.
Nous adressons nos félicitations à Monsieur Alexandre CAILLEAU
pour son travail auquel nous associons Monsieur Jean Claude DAIDIE pour ses
recherches sur l'Ordre de Grandmont. Nous remercions également Monsieur
Gérard FOURCHER qui n'a pas ménagé sa peine pour nous documenter
sur le prieuré de Monnais auquel il est particulièrement attaché.