Ligny - Varennes (Yonne)

Localisation :
De Ligny-le-Châtel prendre la D8 qui conduit à Varennes. Prendre la D34 devant l’église de Varennes pendant 1.500m. L’ancienne celle se trouvait dans le pré à gauche de la route, en face de l’ancien camp de munitions. L’endroit s’appelle toujours les Bonshommes.

Intérêt :
Néant.
Vestiges :
Aucun vestige.

Histoire :
Ce prieuré fut fondé avant 1167 par le comte de Nevers, d’Auxerre, et de Tonnerre, Guillaume IV , sous le priorat d'Étienne de Liciac. Il donna aux Bonshommes une partie de la forêt de Contest , pour y établir leur monastère. Guillaume IV désintéressa les Cisterciens de l’abbaye de Pontigny qui avaient déjà des droits sur cette forêt par une nouvelle libéralité consigné dans une charte, donnée à Ligny en 1167, devant les témoins suivants : Jean, vicomte de Ligny, Guillaume de Chéu et Étienne Godard, prévôt de Ligny :
“Qu’il soit fait à savoir à tous les enfants de la Sainte Église notre mère, présent et futurs, que moi, Guillaume, comte de Nevers, ai donné et concédé aux frères de Grandmont dans la forêt de Contest, le canton que l’on nomme Bois-de-Saint-Étienne, pour leur fournir un lieu d’habitation, dont ils jouiront de plein droit et à perpétuité, dans toute l’étendue de l’enceinte qu’ils se sont tracés. Mais parce que dans cette partie de la forêt que j’avais assigné aux Bonshommes pour leur demeure, les moines de Pontigny ont leur part, je donne à ces derniers en échange la forêt de Guibaud, depuis le ruisseau de Seneçon jusqu’au chemin de Maligny et jusqu’aux terrains dits les Communaux, et il y aura dorénavant une chaussée entre les bois de Maligny et cette forêt”.
Dans le milieu du XIIIème s. les religieux reçurent à titre de dons presque toutes les terres qui avoisinaient leur monastère. Ils obtinrent des droits de décimateurs sur la partie du terrain se rapprochant de Varennes, ainsi que quelques autres avantages, sans pour cela arriver à une grande importance domaniale .
La Comtesse de Tonnerre Mathilde la Grande donna par un testament daté de l’an 1257 en son château de Coulanges la Vineuse, le jour d’après la fête de Saint-Martin d’été, 40 sols moyennant la célébration à perpétuité dans leur église d’un service pour l’anniversaire de ses ancêtres :
“Domus Bonorum Hominum de Grandimonte prope Lignacum, XL solidos” .
L’hospice de Tonnerre leur paiera 12 livres de rente sur ses moulins de Ligny.
La décadence devait venir très vite, car en 1296, elle n’était plus habitée que par un religieux, Pierre de Cor .C’était à l’époque ou l’Ordre était en butte aux dissensions avec les convers. Pontigny ouvrit ses portes à tous les religieux cherchant un abri pour continuer leur vie de prière. C’est à cette époque que le futur saint Guillaume quitta Petilloux (n°23) pour entrer à Pontigny, où il devint rapidement prieur.
Varennes fut unie en 1317 au prieuré de l’Enfourchure, devenant un simple bénéfice. Les terres durent être affermée, car on ne relève plus l’existence que d’une métairie.
Le 5 décembre 1647, Edmond Chapelle, fermier de la métairie des Bons-Hommes-lez-Ligny, vend à un boulanger d’Auxerre : “trois cent bichets de blé froment bon, loyal et marchand, à la mesure d’Auxerre, trois bichets sur le cent non comptés, moyennant quarante-trois sols pour chaque bichets, payable au jour de livraison”.
Le 2 août 1655, Edme Chapelle, fils d’Edmond amodie les dîmes de blé et de vin du prieuré. En 1663, la métairie est dite dépendante de Varennes, et néanmoins les fermiers ont leur sépulture en l’église de Ligny-le-Châtel, ce qui laisse penser que la chapelle du prieuré est en piteux état, ou n’existe plus.
Une minute du notariat nous apprend qu’en 1668, Messire Nicolas de Colbert, évêque et baron de Luçon, et ensuite évêque d’Auxerre fut le Prieur commendataire de Varennes-lez-Ligny et de l’Enfourchure.
En 1693, l’agent du Chapitre de l’évêché de Langres, dont Varennes dépend, va trouver le prieur commendataire qui habite Paris, pour lui demander de faire réparer l’église , ainsi que le versement de la portion congrue aux vicaires de Ligny. En 1728, le prieur commendataire est l’abbé Senin, a qui le Chapitre de Ligny réclame six années d’arriéré de portion congrue qu’il doit aux vicaires. On transige au versement de deux années “par considération pour mondit sieur l’abbé Senin”. Il fut remplacé par M l’abbé Claude Sallier, bibliothécaire du Roi, membre de l’Académie Française et des Inscriptions des Belles Lettres, auteur d’ouvrages. Dans les Registres Capitulaires de Langres du 6 Mars 1755 le compte-rendu d’une réunion du Chapitre nous indique :
“ Ces Messieurs du Chapitre ont prié le sieur Legoux, notre receveur, d’envoyer M. Gaudin, notre confrère et agent de nos affaires à Paris, deux copies collationnées pour engager M. le Duc de Luxembourg, seigneur de Ligny, à nous passer reconnaissance de la redevance...et l’abbé Sallier, bibliothécaire du Roi, comme prieur du prieuré de l’Enfourchure-les-Bonshommes, et qui en cette qualité est co-décimateur de Varennes , qui nous doit annuellement la somme de cent vingt livres pour son cinquième dans le paiement des portions congrues du vicaire perpétuel de Ligny-le-Châtel, de son vicaire et du vicaire de Varennes..”. L’abbé Sallier fit droit à cette requête .
Avec la Révolution, le prieuré des Bonshommes devenu bien national en vertu des décrets du 2 novembre 1789, 17 Mars, 14 Mai, 24 août 1790, et 19 avril 1792 est mis aux enchères le 30 juin 1796
“Aujourd’hui 11 messidor an 4,
Nous Administrateur du département de l’Yonne avons vendu au citoyen Edme-Charles Hermelin, propriétaire demeurant à Ligny-le-Châtel, et à André Rambaud, marchand à Auxerre, 48 cordes de pré au finage de Varennes, lieu-dit la Parque aux Boeufs, appartenant au ci-devant prieuré des Bonshommes, en faite à la cure de Varennes à laquelle ce pré avait été remis pour former le complément du jardin du curé
Il est vendu pour la somme de 910 livres 12 sols .
D’autres biens dépendants de l’ancien prieuré des Bonshommes sont vendus ce jour là :
“Biens dépendants du prieuré des Bonshommes situés en ladite municipalité de Varennes .
22 arpents de terre au climat des Bonshommes, tenant du Levant à la Grande-rue.
22 arpents au même climat, tenant du Levant au chemin de la Bruyère;
10 arpents environ terre et friche au même climat, tenant du Levant audit chemin de la Bruyère;
13 arpents de terre dont partie en friche, au climat des Champs-de-Lents, tenant du Levant au nommé Bouchard, du couchant à la Grande-rue;
4 arpents de terre partie en pré, au climat appelé les champs du Prince;
un arpent de terre au territoire et municipalité de Ligny, proche de la Croix-St-Georges;
4 arpents de pré environ, au territoire de Varennes, climat des Bons-Hommes, autrement appelé la Part-aux-Boeufs, tenant du Levant aux terres dudit prieuré et à Pierre Rossignol;
3 arpents de prés-patûres au même climat, tenant du Levant à François Tupinier comme colon, du couchant aux terres des Bonshommes,
16 arpents environ de pré au même climat, tenant du levant à plusieurs aboutissants;
8 arpents environ de prés-patûres au même climat, tenant du levant à Jean Royer à Vezinnes;
Le tout composant 71 arpents de terre, 31 arpents de pré dont l’estimation monte à........ 12.090 livres
Lesdites terres et prés faisant partie du bail passé par Edme Robert, laboureur à Varennes pour neuf années, commencées aux sombres de 1783 moyennant 1200 livres y compris les dîmes de blé et vin, et les droits de lods et de rentes sur partie dudit territoire de Varennes, suivant le bail du 8 octobre 1780 passé devant Me Nau, notaire à St Aubin sur Yonne. Les dites terres et prés estimés par expert suivant le procès-verbal du 27 décembre dernier à la somme de 12.090 livres. et après plusieurs criés de la dite somme les dites terres et prés ont été présentement portées par enchères à la somme de 12.500 livres, de la part de Pierre Rossignol, maire de la paroisse de Varennes et a signé.”
Au bout du 7ème et dernier feu, l’ensemble des biens furent adjugé à Jacques-Edme Bonin, officier de la Garde Nationale de Ligny, mineur émancipé, pour la somme de 35.200 livres. Son oncle et curateur, François Le Beau, homme de loi, demeurant à St Florentin, se porta caution solidaire de l’achat.
Après cette vente le fermier du prieuré formula une demande en indemnité, qui est rejetée :
“Sur le rapport d’une pétition du citoyen Edme Robert, gendre Maugras, demeurant à Varennes expose que par bail passé devant Me Nau, notaire à St Aubin, le 8 novembre 1780. Il lui a été affermé des héritages et dîmes du ci-devant prieuré des Bonshommes sis sur le territoire de Varennes pour neuf années qui ont commencé le 11 novembre 1784 moyennant 1200 livres de fermage par an, payable en deux termes égaux le 1er janvier et le 1er juillet dont le premier paiement a commencé le 1er janvier 1781, de sorte qu’il a été obligé de payer d’avance ce qu’il a effectué.
que l’exposant suivant quittance du 6 juillet 1790 a payé au citoyen Legros, fondé de pouvoir du ci-devant prieur des Bonshommes, 600 livres pour le terme qui était échu le 1er du même mois, d’après quoi il n’en reste à payer des 9 années dudit bail, que les trois années 1791, 1792, 1793, qui ne doivent pas être compter au prix fixé par le bail, parce que la suppression de la dîme, qui fait partie de cet objet a commencé a avoir son effet en 1791, ce qui a nécessité une ventilation à laquelle il a été procédé le 15 juin 1793 par expert nommé tant par le directoire ou district de St Florentin, que par l’exposant, qu’il résulte de ce procès-verbal de cette ventilation que le prix du fermage des terres, prés, et autres objets, distraction faite de la dîme, est de 600 livres par an, ce qui pour les trois années forme une somme de 1,800 livres.”
“Le département considérant que de l’avis du district de St Florentin, il résulte que les cens, rentes, lods et ventes ont été amodiés dans le bail dans le bail de 1780, sans aucune garantie, et qu’il a été dit que les poursuites seroient aux risques et périls et fortune des fermiers sans recours, par ce fait rejette la demande en indemnité du fermier. Le 13 ventôse an II (14 mars 1794) ”
L’abbé Cornat en 1849 écrit dans son livre : “De son temps (l’abbé Sallier - 1755) on voyait encore quelques ruines du vieux prieuré des Bons-Hommes; la carte topographique du diocèse de Langres de 1769 en marque l’emplacement; aujourd’hui le nom seul subsiste parmi les lieux-dits, et la légende populaire s’est emparée des souvenirs qui s’y rattachent”.

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