Ligny - Varennes (Yonne)
Localisation
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Histoire :
Ce prieuré fut fondé avant 1167 par le comte de Nevers, d’Auxerre,
et de Tonnerre, Guillaume IV , sous le priorat d'Étienne de Liciac. Il
donna aux Bonshommes une partie de la forêt de Contest , pour y établir
leur monastère. Guillaume IV désintéressa les Cisterciens
de l’abbaye de Pontigny qui avaient déjà des droits sur
cette forêt par une nouvelle libéralité consigné
dans une charte, donnée à Ligny en 1167, devant les témoins
suivants : Jean, vicomte de Ligny, Guillaume de Chéu et Étienne
Godard, prévôt de Ligny :
“Qu’il soit fait à savoir à tous les enfants de la
Sainte Église notre mère, présent et futurs, que moi, Guillaume,
comte de Nevers, ai donné et concédé aux frères
de Grandmont dans la forêt de Contest, le canton que l’on nomme
Bois-de-Saint-Étienne, pour leur fournir un lieu d’habitation,
dont ils jouiront de plein droit et à perpétuité, dans
toute l’étendue de l’enceinte qu’ils se sont tracés.
Mais parce que dans cette partie de la forêt que j’avais assigné
aux Bonshommes pour leur demeure, les moines de Pontigny ont leur part, je donne
à ces derniers en échange la forêt de Guibaud, depuis le
ruisseau de Seneçon jusqu’au chemin de Maligny et jusqu’aux
terrains dits les Communaux, et il y aura dorénavant une chaussée
entre les bois de Maligny et cette forêt”.
Dans le milieu du XIIIème s. les religieux reçurent à titre
de dons presque toutes les terres qui avoisinaient leur monastère. Ils
obtinrent des droits de décimateurs sur la partie du terrain se rapprochant
de Varennes, ainsi que quelques autres avantages, sans pour cela arriver à
une grande importance domaniale .
La Comtesse de Tonnerre Mathilde la Grande donna par un testament daté
de l’an 1257 en son château de Coulanges la Vineuse, le jour d’après
la fête de Saint-Martin d’été, 40 sols moyennant la
célébration à perpétuité dans leur église
d’un service pour l’anniversaire de ses ancêtres :
“Domus Bonorum Hominum de Grandimonte prope Lignacum, XL solidos”
.
L’hospice de Tonnerre leur paiera 12 livres de rente sur ses moulins de
Ligny.
La décadence devait venir très vite, car en 1296, elle n’était
plus habitée que par un religieux, Pierre de Cor .C’était
à l’époque ou l’Ordre était en butte aux dissensions
avec les convers. Pontigny ouvrit ses portes à tous les religieux cherchant
un abri pour continuer leur vie de prière. C’est à cette
époque que le futur saint Guillaume quitta Petilloux (n°23) pour
entrer à Pontigny, où il devint rapidement prieur.
Varennes fut unie en 1317 au prieuré de l’Enfourchure, devenant
un simple bénéfice. Les terres durent être affermée,
car on ne relève plus l’existence que d’une métairie.
Le 5 décembre 1647, Edmond Chapelle, fermier de la métairie des
Bons-Hommes-lez-Ligny, vend à un boulanger d’Auxerre : “trois
cent bichets de blé froment bon, loyal et marchand, à la mesure
d’Auxerre, trois bichets sur le cent non comptés, moyennant quarante-trois
sols pour chaque bichets, payable au jour de livraison”.
Le 2 août 1655, Edme Chapelle, fils d’Edmond amodie les dîmes
de blé et de vin du prieuré. En 1663, la métairie est dite
dépendante de Varennes, et néanmoins les fermiers ont leur sépulture
en l’église de Ligny-le-Châtel, ce qui laisse penser que
la chapelle du prieuré est en piteux état, ou n’existe plus.
Une minute du notariat nous apprend qu’en 1668, Messire Nicolas de Colbert,
évêque et baron de Luçon, et ensuite évêque
d’Auxerre fut le Prieur commendataire de Varennes-lez-Ligny et de l’Enfourchure.
En 1693, l’agent du Chapitre de l’évêché de
Langres, dont Varennes dépend, va trouver le prieur commendataire qui
habite Paris, pour lui demander de faire réparer l’église
, ainsi que le versement de la portion congrue aux vicaires de Ligny. En 1728,
le prieur commendataire est l’abbé Senin, a qui le Chapitre de
Ligny réclame six années d’arriéré de portion
congrue qu’il doit aux vicaires. On transige au versement de deux années
“par considération pour mondit sieur l’abbé Senin”.
Il fut remplacé par M l’abbé Claude Sallier, bibliothécaire
du Roi, membre de l’Académie Française et des Inscriptions
des Belles Lettres, auteur d’ouvrages. Dans les Registres Capitulaires
de Langres du 6 Mars 1755 le compte-rendu d’une réunion du Chapitre
nous indique :
“ Ces Messieurs du Chapitre ont prié le sieur Legoux, notre receveur,
d’envoyer M. Gaudin, notre confrère et agent de nos affaires à
Paris, deux copies collationnées pour engager M. le Duc de Luxembourg,
seigneur de Ligny, à nous passer reconnaissance de la redevance...et
l’abbé Sallier, bibliothécaire du Roi, comme prieur du prieuré
de l’Enfourchure-les-Bonshommes, et qui en cette qualité est co-décimateur
de Varennes , qui nous doit annuellement la somme de cent vingt livres pour
son cinquième dans le paiement des portions congrues du vicaire perpétuel
de Ligny-le-Châtel, de son vicaire et du vicaire de Varennes..”.
L’abbé Sallier fit droit à cette requête .
Avec la Révolution, le prieuré des Bonshommes devenu bien national
en vertu des décrets du 2 novembre 1789, 17 Mars, 14 Mai, 24 août
1790, et 19 avril 1792 est mis aux enchères le 30 juin 1796
“Aujourd’hui 11 messidor an 4,
Nous Administrateur du département de l’Yonne avons vendu au citoyen
Edme-Charles Hermelin, propriétaire demeurant à Ligny-le-Châtel,
et à André Rambaud, marchand à Auxerre, 48 cordes de pré
au finage de Varennes, lieu-dit la Parque aux Boeufs, appartenant au ci-devant
prieuré des Bonshommes, en faite à la cure de Varennes à
laquelle ce pré avait été remis pour former le complément
du jardin du curé
Il est vendu pour la somme de 910 livres 12 sols .
D’autres biens dépendants de l’ancien prieuré des
Bonshommes sont vendus ce jour là :
“Biens dépendants du prieuré des Bonshommes situés
en ladite municipalité de Varennes .
22 arpents de terre au climat des Bonshommes, tenant du Levant à la Grande-rue.
22 arpents au même climat, tenant du Levant au chemin de la Bruyère;
10 arpents environ terre et friche au même climat, tenant du Levant audit
chemin de la Bruyère;
13 arpents de terre dont partie en friche, au climat des Champs-de-Lents, tenant
du Levant au nommé Bouchard, du couchant à la Grande-rue;
4 arpents de terre partie en pré, au climat appelé les champs
du Prince;
un arpent de terre au territoire et municipalité de Ligny, proche de
la Croix-St-Georges;
4 arpents de pré environ, au territoire de Varennes, climat des Bons-Hommes,
autrement appelé la Part-aux-Boeufs, tenant du Levant aux terres dudit
prieuré et à Pierre Rossignol;
3 arpents de prés-patûres au même climat, tenant du Levant
à François Tupinier comme colon, du couchant aux terres des Bonshommes,
16 arpents environ de pré au même climat, tenant du levant à
plusieurs aboutissants;
8 arpents environ de prés-patûres au même climat, tenant
du levant à Jean Royer à Vezinnes;
Le tout composant 71 arpents de terre, 31 arpents de pré dont l’estimation
monte à........ 12.090 livres
Lesdites terres et prés faisant partie du bail passé par Edme
Robert, laboureur à Varennes pour neuf années, commencées
aux sombres de 1783 moyennant 1200 livres y compris les dîmes de blé
et vin, et les droits de lods et de rentes sur partie dudit territoire de Varennes,
suivant le bail du 8 octobre 1780 passé devant Me Nau, notaire à
St Aubin sur Yonne. Les dites terres et prés estimés par expert
suivant le procès-verbal du 27 décembre dernier à la somme
de 12.090 livres. et après plusieurs criés de la dite somme les
dites terres et prés ont été présentement portées
par enchères à la somme de 12.500 livres, de la part de Pierre
Rossignol, maire de la paroisse de Varennes et a signé.”
Au bout du 7ème et dernier feu, l’ensemble des biens furent adjugé
à Jacques-Edme Bonin, officier de la Garde Nationale de Ligny, mineur
émancipé, pour la somme de 35.200 livres. Son oncle et curateur,
François Le Beau, homme de loi, demeurant à St Florentin, se porta
caution solidaire de l’achat.
Après cette vente le fermier du prieuré formula une demande en
indemnité, qui est rejetée :
“Sur le rapport d’une pétition du citoyen Edme Robert, gendre
Maugras, demeurant à Varennes expose que par bail passé devant
Me Nau, notaire à St Aubin, le 8 novembre 1780. Il lui a été
affermé des héritages et dîmes du ci-devant prieuré
des Bonshommes sis sur le territoire de Varennes pour neuf années qui
ont commencé le 11 novembre 1784 moyennant 1200 livres de fermage par
an, payable en deux termes égaux le 1er janvier et le 1er juillet dont
le premier paiement a commencé le 1er janvier 1781, de sorte qu’il
a été obligé de payer d’avance ce qu’il a effectué.
que l’exposant suivant quittance du 6 juillet 1790 a payé au citoyen
Legros, fondé de pouvoir du ci-devant prieur des Bonshommes, 600 livres
pour le terme qui était échu le 1er du même mois, d’après
quoi il n’en reste à payer des 9 années dudit bail, que
les trois années 1791, 1792, 1793, qui ne doivent pas être compter
au prix fixé par le bail, parce que la suppression de la dîme,
qui fait partie de cet objet a commencé a avoir son effet en 1791, ce
qui a nécessité une ventilation à laquelle il a été
procédé le 15 juin 1793 par expert nommé tant par le directoire
ou district de St Florentin, que par l’exposant, qu’il résulte
de ce procès-verbal de cette ventilation que le prix du fermage des terres,
prés, et autres objets, distraction faite de la dîme, est de 600
livres par an, ce qui pour les trois années forme une somme de 1,800
livres.”
“Le département considérant que de l’avis du district
de St Florentin, il résulte que les cens, rentes, lods et ventes ont
été amodiés dans le bail dans le bail de 1780, sans aucune
garantie, et qu’il a été dit que les poursuites seroient
aux risques et périls et fortune des fermiers sans recours, par ce fait
rejette la demande en indemnité du fermier. Le 13 ventôse an II
(14 mars 1794) ”
L’abbé Cornat en 1849 écrit dans son livre : “De son
temps (l’abbé Sallier - 1755) on voyait encore quelques ruines
du vieux prieuré des Bons-Hommes; la carte topographique du diocèse
de Langres de 1769 en marque l’emplacement; aujourd’hui le nom seul
subsiste parmi les lieux-dits, et la légende populaire s’est emparée
des souvenirs qui s’y rattachent”.