Garrigues (Lot et Garonne)
Localisation
:
Courrier reçu le 14 Mai 2014 d'une correspondante, Mme Claudine SALLEFRANQUE que nous remerçions de sa participation: J'ai
pu reconstituer le plan au sol de ce qui a été le prieuré
de Garrigues. |
Histoire :
La celle de Garrigues semble avoir été fondée au tout début
du XIIIème siècle, car en 1208, Raymond VI, comte de Toulouse
et son fils, le futur Raymond VII, donnèrent aux religieux de Garrigues,
pour leur salut et celui de leurs enfants, la somme de 200 sous arnaudins, à
prendre tous les ans sur les revenus de Marmande.
En 1295, la celle de Garrigues hébergeait 8 clercs.
En 1317, le pape Jean XXII érige Garrigues en prieuré et lui unit
cinq petites celles : Babeuf, La Lande, Brédier, Mériniac et le
Verdelais. Avec ses nouvelles possessions, le prieuré de Garrigues était
à l’aise. D’ailleurs divers documents confirment cette relative
aisance : bail à fief d’une maison à Marmande le 7 octobre
1493, arrentements divers, etc...Son nouveau prieur fut Pierre de Saint-Gilles
, qui y restera jusqu’à sa mort en 1324. Le couvent élira
Dominique de Strada, mais l’Abbé refusa sa “confirmation
pour défaut d’instruction”. Il proposa Bertrand de Avellana,
qui fut confirmé par le Pape, et restera en poste jusqu’en 1337
.
Hélas en 1564 survint un drame...
Le prieur de Garrigues, Martial de Massiot, avait un frère, Jacques,
qui était conseiller du Roi Charles IX. Ayant épousé la
veuve du trésorier d’Aquitaine, celui-ci avait un beau-fils, Jacques
de Sevin. Après son mariage, Jacques de Massiot voulut s’emparer
des biens propres de son beau-fils et en particulier d’un champ situé
à St Pardoux. Lorsque Jacques de Sevin, voulant faire faucher ce champ,
arriva sur les lieux, il fut atteint de deux balles tirées par des hommes
de main recrutés par le prieur de Garrigues, Jacques de Sevin mourut
de ses blessures. Le 18 août 1564, le chanoine d’Agen, Guillaume
de Sevin, oncle de la victime, intenta un procès contre le prieur de
Garrigues pour meurtre et homicide.
Puis vinrent les Guerres de Religion et les Grandmontains durent abandonner
Garrigues comme on le signale dans le rapport de la jurade de Marmande :
“que Garrigues est desnué de son prieur et moiennes et que c’est
un lieu fort et personne n’y habite”.
Devant les bruits qui courent à Marmande, que les Huguenots se sont emparés
du prieuré, ils y envoyèrent une partie de la compagnie du capitaine
Aubert. Plus tard, afin de récompenser cette initiative, le prieur de
Garrigues donnera, le 4 juillet 1574, l’autorisation aux consuls de Marmande
de faire couper dix pieds de chêne dans le bois du prieuré. Ce
bois était destiné à faire du charbon pour fondre des mousquets
“ que lesdits consuls prétendoient faire pour la tuition et la
défense de ladite ville et on a donné audit moienne une paire
de soulier come apert par acquit la somme de 18 sols”.
Puis le prieuré tomba en commende.
Dès 1588, le roi Henri III nomma un titulaire, le frère Jacques
de la Garrigue , qui vint en prendre possession; ce prieur commendataire chanta
“l’antienne” et fit le tour de la masure et du cimetière.
Succédèrent à ce poste de simples laïcs qui ne se
soucièrent du service divin.
Dans l’étude qu’il a consacré à ce prieuré,
Jean Condou a écrit :
“ Quelque temps après, le prieuré fut pillé, incendié
et lorsqu’en 1604, Nicolas de Villars, évêque d’Agen,
vient faire une visite pastorale, il trouve l’église découverte,
les trois autels ruinés et le cimetière tout ouvert. Il a souvenance
qu’on a vu des fonts, un clocher, et il ne reste que des murailles”.
En 1609, les chose ne s’arrangeant visiblement pas, un procès verbal
de Claude Gélas donne le tableau suivant :
“ Le prieuré est tout démoli, l’église toute
découverte et pleine d’herbe, les chapelles voûtées
servent pour mettre boeufs et moutons”.
En 1666, Claude Joly écrivait : “L’église est sans
porte, toute découverte, pleine d’herbe; les murailles sont de
leur hauteur. Ni font baptismaux, ni cimetière”.
Cette même année 1666, l’abbé Antoine de Chavaroche,
voulant le rétablissement du service divin dans le prieuré, assigna
le prieur commendataire de Garrigues devant le Grand Conseil du Roi. Ce prieur
devait avoir de sérieuses protections, car l’Abbé de Grandmont
perdit son procès. Les habitants du village de Garrigues et ceux des
environs, n’y trouvèrent pas leur compte, car les Grandmontains
leur assuraient un service religieux en échange de la dîme qu’ils
versaient. En effet, ils étaient sans prêtre tout en payant toujours
400 livres de dîmes !
Le sieur Bourges, prieur commendataire de Garrigues, qui habitait Bazas, ne
tint aucun compte de leurs réclamations; aussi fut-il mis en demeure
par l’évêque d’Agen de faire assurer une desserte normale
de l’office divin à Garrigues. Le Roi le remplaça alors
par un “ honnête homme”, le sieur Bernard d’Imbert du
Bosc. Celui-ci demanda que l’église de Notre-Dame-de-Garrigues
soit érigée en vicariat perpétuel. Bernard Imbert du Bosc
payait une pension à l’Abbé de Grandmont s’élevant
à 37 livres 10 sols ; son procureur était Messire Jacques Tivau,
religieux de Cluny, prieur de Clérac.
Quand Mgr Mascaron, évêque d’Agen, vint faire à Garrigues
sa visite épiscopale, il nota :
L’église ancienne est complètement détruite, il y
reste une chapelle de vingt pas de long et de dix de large toute voûtée.
Il y a trois fenêtres, deux du côté de l’épître,
une du côté de l’Evangile, toutes ouvertes, avec des barres
de fer au travers”.
L’ancienne salle des hôtes devint l’église de Garrigues,
après que les habitants se soient mis à l’ouvrage pour la
remettre en état. Le premier curé fut Jean Teulière, qui
exerça son ministère durant 41 ans.
Une évaluation du domaine de Garrigues fut réalisée en
1790 et son adjudication comme bien National eut lieu le 3 messidor an II (21
Juin 1794). Le citoyen qui emporta l’affaire ne put sans doute pas payer
le prix, car une nouvelle adjudication eut lieu le 15 germinal an III (4 avril
1795). Ce fut la dame Bouic, qui fut déclarée adjudicataire pour
la somme de 36,000 livres.
Le 25 Thermidor an IV (12 août 1796), Joseph Mouchan, charpentier, est
désigné en qualité d’expert pour la partie non vendue
du prieuré, consistant en :
“une maison de trois pièces au rez-de-chaussée, et trois
petits réduits, l’église voûtée, une sacristie
et porche au-devant de ladite église, ayriaux, terre, vigne, un puits
au-devant de ladite maison. Le tout estimé à 2,980 livres “.
Le citoyen Grouzard, receveur de l’Enregistrement, enleva l’affaire.