Garrigues (Lot et Garonne)

Localisation :
Elle est située sur la commune de St Pardoux-du-Breuil, canton de Marmande.
En venant de Marmande à St Pardoux-du-Breuil par la RN 115, tourner à gauche et faire 1500 m en direction du N-E. La chapelle est indiquée sur la carte Michelin.


Propriétaire:
La commune de Saint-Pardoux-du-Breuil.

Intérêt :
Eglise (Nord) 1 - Bâtiment ouest : 3.


Vestiges :
A l’emplacement de la chapelle un bâtiment a été construit au XVIIème ou au XVIIIème siècle. Celui-ci possède des fenêtres en anses de panier avec des clés saillantes. Il s’agirait des écuries du prieur ?
En retrait, un autre bâtiment possède une belle porte romane; celui-ci aurait servi de chai.
Dans le bâtiment Ouest, la salle des hôtes a été transformée en chapelle vers 1849. Elle comprend deux travées voûtées en arêtes toriques, séparées par un arc doubleau en plein cintre et de section rectangulaire.
La retombée des arcs a été renforcée par des massifs de maçonnerie de construction récente. On note une chaire en forme de cuve appliquée contre le mur Est.
Un bâtiment, appelé la “maison du Prieur”, est adossé à la chapelle et la prolonge vers le Sud. Sur sa façade, on peut voir un écusson représentant un bélier passant, avec au-dessus deux lignes parallèles et en chef trois étoiles, le tout surmonté d’une couronne comtale. Sous cet écusson on peut lire :
1701 - A Mon Plaisir

 

Courrier reçu le 14 Mai 2014 d'une correspondante, Mme Claudine SALLEFRANQUE que nous remerçions de sa participation:

J'ai pu reconstituer le plan au sol de ce qui a été le prieuré de Garrigues.
Il reste en presque bon état d'origine, le passage des cuisines, avec un escalier pris dans l’épaisseur du mur de briques
adjacent à ce qui est aujourd'hui l'église. Il y a également des sous bassement de murs d'origine qui ne correspondent pas tout à fait au plan que vous aviez établi. de sorte que je ne pense pas qu'il y ait eu un passage devant la salle des hôtes mais que la chapelle était accolée . Pour la partie est et la partie sud, je n'ai pas de repères si ce n'est l'angle de la cuisine et du réfectoire, qui se situe plus à l'ouest par rapport à votre étude.
je dois rendre mon mémoire pour le 19 juin, et ne manquerai pas de vous en communiquer un exemplaire qui se veut simplement descriptif. J'ai également visité le musée de Villaries et rencontré Mme Falco qui m'a apporté des réponses quant aux formes employées pour les briques.
Cordialement,
Claudine Sallefranque

Histoire :
La celle de Garrigues semble avoir été fondée au tout début du XIIIème siècle, car en 1208, Raymond VI, comte de Toulouse et son fils, le futur Raymond VII, donnèrent aux religieux de Garrigues, pour leur salut et celui de leurs enfants, la somme de 200 sous arnaudins, à prendre tous les ans sur les revenus de Marmande.
En 1295, la celle de Garrigues hébergeait 8 clercs.
En 1317, le pape Jean XXII érige Garrigues en prieuré et lui unit cinq petites celles : Babeuf, La Lande, Brédier, Mériniac et le Verdelais. Avec ses nouvelles possessions, le prieuré de Garrigues était à l’aise. D’ailleurs divers documents confirment cette relative aisance : bail à fief d’une maison à Marmande le 7 octobre 1493, arrentements divers, etc...Son nouveau prieur fut Pierre de Saint-Gilles , qui y restera jusqu’à sa mort en 1324. Le couvent élira Dominique de Strada, mais l’Abbé refusa sa “confirmation pour défaut d’instruction”. Il proposa Bertrand de Avellana, qui fut confirmé par le Pape, et restera en poste jusqu’en 1337 .
Hélas en 1564 survint un drame...
Le prieur de Garrigues, Martial de Massiot, avait un frère, Jacques, qui était conseiller du Roi Charles IX. Ayant épousé la veuve du trésorier d’Aquitaine, celui-ci avait un beau-fils, Jacques de Sevin. Après son mariage, Jacques de Massiot voulut s’emparer des biens propres de son beau-fils et en particulier d’un champ situé à St Pardoux. Lorsque Jacques de Sevin, voulant faire faucher ce champ, arriva sur les lieux, il fut atteint de deux balles tirées par des hommes de main recrutés par le prieur de Garrigues, Jacques de Sevin mourut de ses blessures. Le 18 août 1564, le chanoine d’Agen, Guillaume de Sevin, oncle de la victime, intenta un procès contre le prieur de Garrigues pour meurtre et homicide.
Puis vinrent les Guerres de Religion et les Grandmontains durent abandonner Garrigues comme on le signale dans le rapport de la jurade de Marmande :
“que Garrigues est desnué de son prieur et moiennes et que c’est un lieu fort et personne n’y habite”.
Devant les bruits qui courent à Marmande, que les Huguenots se sont emparés du prieuré, ils y envoyèrent une partie de la compagnie du capitaine Aubert. Plus tard, afin de récompenser cette initiative, le prieur de Garrigues donnera, le 4 juillet 1574, l’autorisation aux consuls de Marmande de faire couper dix pieds de chêne dans le bois du prieuré. Ce bois était destiné à faire du charbon pour fondre des mousquets “ que lesdits consuls prétendoient faire pour la tuition et la défense de ladite ville et on a donné audit moienne une paire de soulier come apert par acquit la somme de 18 sols”.
Puis le prieuré tomba en commende.
Dès 1588, le roi Henri III nomma un titulaire, le frère Jacques de la Garrigue , qui vint en prendre possession; ce prieur commendataire chanta “l’antienne” et fit le tour de la masure et du cimetière.
Succédèrent à ce poste de simples laïcs qui ne se soucièrent du service divin.
Dans l’étude qu’il a consacré à ce prieuré, Jean Condou a écrit :
“ Quelque temps après, le prieuré fut pillé, incendié et lorsqu’en 1604, Nicolas de Villars, évêque d’Agen, vient faire une visite pastorale, il trouve l’église découverte, les trois autels ruinés et le cimetière tout ouvert. Il a souvenance qu’on a vu des fonts, un clocher, et il ne reste que des murailles”.
En 1609, les chose ne s’arrangeant visiblement pas, un procès verbal de Claude Gélas donne le tableau suivant :
“ Le prieuré est tout démoli, l’église toute découverte et pleine d’herbe, les chapelles voûtées servent pour mettre boeufs et moutons”.
En 1666, Claude Joly écrivait : “L’église est sans porte, toute découverte, pleine d’herbe; les murailles sont de leur hauteur. Ni font baptismaux, ni cimetière”.
Cette même année 1666, l’abbé Antoine de Chavaroche, voulant le rétablissement du service divin dans le prieuré, assigna le prieur commendataire de Garrigues devant le Grand Conseil du Roi. Ce prieur devait avoir de sérieuses protections, car l’Abbé de Grandmont perdit son procès. Les habitants du village de Garrigues et ceux des environs, n’y trouvèrent pas leur compte, car les Grandmontains leur assuraient un service religieux en échange de la dîme qu’ils versaient. En effet, ils étaient sans prêtre tout en payant toujours 400 livres de dîmes !
Le sieur Bourges, prieur commendataire de Garrigues, qui habitait Bazas, ne tint aucun compte de leurs réclamations; aussi fut-il mis en demeure par l’évêque d’Agen de faire assurer une desserte normale de l’office divin à Garrigues. Le Roi le remplaça alors par un “ honnête homme”, le sieur Bernard d’Imbert du Bosc. Celui-ci demanda que l’église de Notre-Dame-de-Garrigues soit érigée en vicariat perpétuel. Bernard Imbert du Bosc payait une pension à l’Abbé de Grandmont s’élevant à 37 livres 10 sols ; son procureur était Messire Jacques Tivau, religieux de Cluny, prieur de Clérac.
Quand Mgr Mascaron, évêque d’Agen, vint faire à Garrigues sa visite épiscopale, il nota :
L’église ancienne est complètement détruite, il y reste une chapelle de vingt pas de long et de dix de large toute voûtée. Il y a trois fenêtres, deux du côté de l’épître, une du côté de l’Evangile, toutes ouvertes, avec des barres de fer au travers”.
L’ancienne salle des hôtes devint l’église de Garrigues, après que les habitants se soient mis à l’ouvrage pour la remettre en état. Le premier curé fut Jean Teulière, qui exerça son ministère durant 41 ans.
Une évaluation du domaine de Garrigues fut réalisée en 1790 et son adjudication comme bien National eut lieu le 3 messidor an II (21 Juin 1794). Le citoyen qui emporta l’affaire ne put sans doute pas payer le prix, car une nouvelle adjudication eut lieu le 15 germinal an III (4 avril 1795). Ce fut la dame Bouic, qui fut déclarée adjudicataire pour la somme de 36,000 livres.
Le 25 Thermidor an IV (12 août 1796), Joseph Mouchan, charpentier, est désigné en qualité d’expert pour la partie non vendue du prieuré, consistant en :
“une maison de trois pièces au rez-de-chaussée, et trois petits réduits, l’église voûtée, une sacristie et porche au-devant de ladite église, ayriaux, terre, vigne, un puits au-devant de ladite maison. Le tout estimé à 2,980 livres “.
Le citoyen Grouzard, receveur de l’Enregistrement, enleva l’affaire.

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