Les premiers ermites limousins, ou les précurseurs de saint Étienne de Muret. 

Bien avant St Étienne de Muret, des ermites avaient peuplé les forets du Limousin. Les premiers s'établirent au IVe siècle. (Ces vies de saints ne sont à prendre qu'au second degré "hagiographie").

Des Camaldules en Limousin ?

Saint Just est né vers 330 dans une famille jouissant d'une certaine aisance mais païenne. Elle adorait les dieux celtes (le vent, le soleil, les fontaines, etc.), et les divinités romaines. Il y avait à cette époque une cohabitation pacifique entre les deux pratiques religieuses. À huit ans (?) il se rend à Limoges, pour se faire inscrire au catéchuménat. À son retour au foyer, il garde les troupeaux de moutons de son frère Benoît. De cette occupation, il rêve d'être le bon berger. À la mort de ses parents, il part pour Limoges où Hilaire de Poitiers le baptise, et l'ordonne prêtre. Avec Hilaire, il parcourt le Limousin et le Périgord où ils baptisent de très nombreuses personnes. Hilaire décède, et le peuple demande à Saint Just de devenir leur évêque, mais lui refuse et part se réfugier dans la solitude de son pays. Arrivé près du Taurion il lance son marteau et dit : éinté moun marteu tomboro moun égleiso sé batiro (Là où mon marteau tombera mon église se construira). Le marteau franchit... mil huit cent cinquante mètres. C'est là que s'élèvera l'église de Saint Just le Martel. Mais une autre tradition donne une autre explication sur l'emplacement de cette église. Quelque temps après ce lancement de marteau. Just et son frère Benoît firent le voyage à Rome pour recevoir la bénédiction du Pape. Mais sur le chemin du retour Just décéda. On décida de le transporter jusqu'à son lieu de naissance. Après l'avoir embaumé et enveloppé de linceuls, il fut mis sur une civière. Arrivés à une douzaine de kilomètres de Limoges, et ayant fait une halte les porteurs voulurent continuer leur chemin, mais impossible de soulever la civière. Benoît, compris que son frère voulait être enterré à cet endroit., et c'est à cet endroit que l'on construisit l'église de St Just le Martel.
statue St Just le Martel

Saint Léonard, le plus célèbre des ermites limousins, est né vers la fin du Ve siècle dans le petit village de Corry dans l'Orléanais. Étienne Maleu dans sa chronique (écrite en1316) de Comodoliac (St Junien) dit que Léonard fut baptisé avec Clovis le 25 novembre 496, et Clovis était son parrain. Il était issu d'une famille noble et s'attacha au service de saint Rémi, archevêque de Reims. Puis il refusa la crosse et la mitre qu'on lui proposait pour rejoindre son frère Lifard et saint Mesmin au monastère de Micy, près d'Orléans. Après avoir fait de l'apostolat auprès des prisonniers, il établit son ermitage dans une forêt sur la rive droite de la Vienne. Dans ce lieu sauvage, il y dressa un habitat fait de branchages entrelacés. Il se nourrissait de racines et de baies sauvages, passant son temps en exhortations et prières. Il y vécut là de longues années, et mourut le 6 novembre 559. En 848, les chanoines de la cathédrale de Limoges fondèrent une abbaye sur sa tombe, qui devint vite un grand centre de pèlerinage. Jourdain de Laron, évêque de Limoges de 1023 à 1051, qui avait été prévôt laïc du chapitre collégial de l'église de Noblat encouragea le développement du sanctuaire de Noblat où était conservée la dépouille du saint. Saint Léonard devint pour ses admirateurs un disciple de Pierre, mais cela ne suffisait pas, il fut à les entendre un disciple du Christ, puis carrément un des apôtres.

statue St Léonard

Saint Junien était le fils du Comte de Cambrai. Il naquit en l'an 486, sous le règne de Clovis, d'ailleurs la tradition veut que lui aussi comme St Léonard il fût baptisé en même temps. Parti vers le Limousin, province réputée pour l'austérité et la sainteté de ses nombreux solitaires, il arriva à Limoges. Là il entendit parler de l'ermite Amand, qui avait son ermitage sur au confluent de la Vienne et de la Glane. Il comprit, dit Maleu dans sa chronique, que c'était vers cet homme extraordinaire que Dieu l'appelait. Il arriva un soir très tard sous une violente tempête de neige. Appelant Amand celui-ci refusa de lui ouvrir craignant un maléfice du démon. Junien passa la nuit dehors, la tradition veut que la neige l'épargnât et fît une aire de protection autour de l'adolescent.

Une fois initié par Amand, il choisit pour lieu de méditation et de prière l'ombre d'un aubépin se trouvant à l'emplacement de la Collégiale actuelle de Saint Junien. En 510 une épidémie d'un "feu secret qui dévorait les entrailles", sans doute l'ergot du seigle, ravageait le Poitou. Ses habitants connaissant la réputation de Junien vinrent l'implorer. À leur arrivée comme il était tard Junien leur conseilla d'aller passer la nuit dans un village des environs et de revenir le lendemain. Il passa la nuit en prière, et au petit jour il vit jaillir une source d'eau vive près de son ermitage. Au retour des pèlerins, il leur montra la source et leur dit d'en boire. Tous les Poitevins en burent et furent instantanément guéris. Emplissant leurs gourdes, ils en emportèrent chez eux et le fléau fut enrayé. Après avoir passé 40 ans dans le jeune et la prière Junien s'éteignit le 16 octobre 540.

 

ci-contre statue de Saint Junien (collègiale) et l'abbaye Saint Amand à St Junien

statue St Junien

ermitage St Amand

Saint Psalmet était irlandais. Né vers l'an 570, il fut baptisé par saint Brendan. Après avoir reçu une bonne éducation à Cluumfarre de ce mentor, il prit un vieux bateau avec saint Brendan pour aller chercher un lieu de solitude. Ils arrivèrent à l'embouchure de la Charente, se rendirent à Saintes pour recevoir la bénédiction de l'évêque du lieu. Puis après avoir vécu quelque temps en Saintonge, Psalmet parti seul pour Eymoutiers. Là il s'installa à l'écart dans un endroit désert, mais rejoint par sa réputation de guérir, et importuné par une foule de plus en plus grande, il partit plus loin dans la forêt de Grigeas. Son miracle le plus populaire fut celui du loup. "Un jour un loup ayant tué l'âne duquel saint Psalmet se servait pour porter sa provision de bois, le loup faisant pénitence de son forfait allait au bois à sa place". Il vivra dans la prière la mortification et le jeûne. Il mourut un 13 juin.

Saint Goussaud né vers 630 dans une famille noble des environs de Clermont-Ferrand, après avoir fait ses études fut pendant quelque temps le commensal de saint Priest, évêque martyr de Clermont en 674. Il vint ensuite établir son ermitage au sommet du Puy-de-Jouër, près de St Goussaud en Creuse. Son intercession était invoquée pour la guérison des maux de gorges. Comme l'écrivait Bonaventure de Saint Amable, il était invoqué par "ceux qui ont l'esquinancie ou mal du gosier".

bas-relief St Psalmet

Saint Psalmet (église Eymoutiers)

Des "Camaldules" en Limousin ?

A signaler l'existence à la fin du XIe siècle d'une communauté d'ermites sous la règle de Saint Augustin à Limoges. Il pourrait s'agir d'une communauté d'inspiration camaldule, ordre qui avait été fondé en Italie par Saint Romuald en 1012, mais ne vint en France qu'au XVIe siècle.

Ils s'installent dès 1290 dans le faubourg Montmailler, au nord de Limoges. L'église fut achevée en 1301, et la première messe célébrée le jour de l'Assomption. Nous n'avons que très peu de renseignements sur cette implantation, voir l'état du clergé du diocèse de Limoges de Gilles Le Duc dressé en 1702. Officiellement le premier ermitage Camaldules fut fondé au Val-Jésus, commune de Chambles (Loire) par Dom Boniface Antoine, avec l'accord de l'archevêque de Lyon et l'appui d'un prêtre de l'Oratoire, le père Vital de Saint Paul en 1633. Les Camaldules obtinrent la permission de Louis XIII de s'établirent en France qu'en 1634. Mais cet ordre ne prit pas d'extension, et le recrutement fut très faible. Ils s'établirent dans la fôret de Grosbois, au Mont-Valérien, dans le Vendomois et à l'Ile-Chauvet en Vendée. Les Camaldules passèrent très inaperçus, Il fallut les querelles du jansénisme pour attirer sur eux l'attention du public, car une bonne moitié de l'effectif se déclara en faveur de l'hérésie. La commission des Réguliers supprima cette institution en 1770, bien que Loménie de Brienne reconnaisse que ces religieux menaient une vie pauvre et austère, et qu'ils observaient leur règle...!

Michel Fougerat

 

un camaldule en habit

Un Camaldule (gravure du XVIIIe s.)

webmestre : Michel FOUGERAT

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