la Drouilhe Blanche (Hte Vienne)
Localisation
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Histoire :
En 1212, les “dames blanches” de la Drouilhe, qui étaient
selon toute vraisemblance sous la règle de saint Benoît , avaient
un chapelain grandmontain, le frère Barchot de Villette . Une donation
faite cette même année, 1212, à cette communauté,
est scellée à Grandmont en présence du prieur et de dix
religieux grandmontains. Ce document précise qu'elle est faite à
des "albarum monalium de Drulia". C’étaient donc bien
des moniales grandmontaines vêtues de laine brute donc blanche. D’où
le nom de Drouilhe Blanche. Un doute existe sur l'appartenance à l'ordre
de Grandmont de cette communauté, et pourtant en 1223, dans un acte donné
sous le sceau de l'évêque de Limoges on trouve pour la première
fois la dénomination de grandmontaine donnée aux religieuses de
la Drouilhe blanche.
Son église était sous le patronage de Saint Cloud le 7 septembre.
Des acquisitions de rentes sont faites par la prieure Luce en 1246 à
Agnès Bartade, veuve d'Aymeric Bataric, habitant Bonnac; en 1259 achat
de rente sur la tenure et mas du village de Brutine, paroisse d'Ambazac, consistant
en setiers de seigle, mesure d'Ambazac . À la prieure Luce succédera
en 1270 la prieure Agnès .
Mais c’est sous le priorat de Pierre de Caussac qu’il est fait mention
pour la première fois dans les textes grandmontains du monastère
de la Drouilhe-Blanche. Une convention passée en 1283 entre le prieur
de Grandmont et l’évêque de Limoges donnait au prieur le
droit de nommer la prieure; les religieuses s’étant mise sous la
règle de saint Étienne de Muret :
Litera probacionis compromissi facti inter Dominum episcopum et priorem Grandimontis
et conventum domus de Drulhia alba super statu ipsius domus, juribus, obediencia
et subjectione ipsarum monialium et habitu earumdem, et super aliis dictam domum
et eus contengentibus; super quibus extitit, sicut probatum, quod, quando electio
priorisse fiet in dicta domo, pertineat ad conventum ipsarum; ita tamen quod
prior Grandimontensis mittat ad expensas suas duos fratres sui ordinis ydoneos
qui capitulo congregato acl eligendum die prefixa et dicto priori denunciatu,
vota illarum que vocem habent in eleccione diligenter inquirant et in scriptis
redigant et redacta mox publicent in eommuni, nisi aliter divina inspiracione
vel per formam commissi vel compromissi ipse sibi de priorissa voluerit providere,
quod eis semper liceat si viderint expedire, presenti¬bus tamen dictis fratribus.
Et illa in quo totus conventus vel major pars convenerit, eli¬ga¬tur.
Qua eleccione celebrata per dictos fratres, auctoritate domini prioris sino
qualibet difficultate eonfirmetur. Qua confirmacione secuta, recipiat obedienciam
a suis moniali¬bus quando venerit. Die tamen faciende eleccionis et die
visitacionis faciant dicte mo¬niales expensas dictis duobus fratribus, qui
jurabunt quod premissa faciant legitime. Item dicta priorissa confirmata presentabit
se infra octo dies priori Grandimontensi, factura obedienciam prout est consuetum.
Item, quod dictus prior Grandimontensis visi¬tet, eorrigat et reformet in
domo predicta corrigenda et reformanda per fratres ydoneos ad expensas proprias
juxta moderacionem predictam cum fuerit requisitus vel si viderit expedire.
Nec liceat dictis fratribus ibidem pernoctare sine evidenti necssitate. Et quod
diete moniales remaneant in abitu quem gestant, et creacio monialium ad priorissam
et conventurn ejusdem pertineat libere, el ecciam eleccio et presentacio capellani
qui eisdem ecclesiastica sacramenta ministret, et curam habeat animarum, quam
ab episcopo Lemovicensi recipere teneatur. Item quod episcopos Lemovicensis
pro tempore possit in dieta domo jura episcopalia exercere, ita quod , si ibidem
declaraverit, propria voluntate suis sumptibus maneat. Si vero ad requestam
ipsarum venerit, ipse sibi expensas sub¬ministret si recipere velit et ipse
moniales possint comode sustinere. Item quod utraque pars de premissis altera
ab altéra sit contenta (1283).
À la prieure Agnès succédera en 1298 la prieure Sibille
.
En 1317, lors de la promulgation de la bulle réformant l'ordre, le prieuré
de la Drouilhe blanche n'apparaît pas dans la liste des celles de l'Ordre,
bien qu'en 1314 dans un acte la communauté est dite de Grandmont .
Une convention passée entre Guillaume Pellicier, 1er Abbé de Grandmont,
et l'évêque de Limoges entre 1318 et 1337, confirma l'élection
de la prieure ou abbesse par l'Abbé . A cette époque, de 1319
à 1337, la prieure était Julienne Canela . Puis une nouvelle convention
est passée, par laquelle l'élection de la prieure appartient au
couvent de la Drouilhe, mais à laquelle assisteront deux religieux envoyés
par l'Abbé de Grandmont. L'élue devra venir prêter serment
d'obéissance à Grandmont devant l'Abbé.
En 1327, le prieuré acquiert une rente sur le Mas de Vedrine, et en 1333
sur la paroisse de St Junien les Combes .
En 1340, le 2ème abbé de Grandmont Pierre Aubert transigea avec
l'évêque de Limoges, Roger-le-Fort-des-Ternes, sur un différend
concernant le droit de nomination de l'abbesse Philippe Hermli, que l'Abbé
détenait. Un accord intervint lui laissant cette prérogative,
mais celle-ci fut perdu pour ses successeurs. Elle tomba en commende et la nomination
revint à la Couronne, en ne laissant aux abbés de Grandmont que
le droit de visite . La prieure entre 1355 et 1358 était Agnès
Mortela . En 1365, la communauté était de quatorze religieuses,
et sa prieure Marguerite de Quadruvio ou des Cars. Lui succéda comme
prieure en 1382 Catherine des Cars . En 1394, sa prieure était Agnès
de Crozant. L'abbé Nadaud dit qu'on s'y levait la nuit, et qu'une fille
qui s'y fit religieuse donna pour "supporter les charges de la maison,
et pour les réparations, vingt livres de monnaie royale". Agnès
de Crozant restera prieure jusqu’en 1407.
Durant le XVème et le XVIème siècle on ne trouve que des
actes et pièces de procédure, qui permettent de savoir que les
prieures furent successivement Catherine Benoist (1415 - 1419) , Jeanne de Lage
(1461 - 1471), Catherine de Lage (1482 - 1496) Jeanne Esmoin qui résigna
en 1510, puis Marie Foucaut, qui obtint ses bulles en 1510 et siégeait
en 1525. Charlotte de Puydeval était prieure en 1534 . Le 23 avril 1553
elle afferme la métairie de la Drouilhe Blanche avec l'accord de sa communauté
composée de Anne de Puy de Val, Anne Flore de Selanguar, Françoise
de Puy-Joly, et Anne de Nanthiat . En 1557, un compromis fut établi entre
Jean Jacob dit Lonsondart habitant Bonnac et Me François Vauzelle, prêtre
demeurant à la Drouilhe Blanche. La lettre de profession d'une religieuse
du 15 mars 1559 nous donne les noms de plusieurs moniales :
" Le dimanche I5e jour de mars 1559, au prieuré conventuel de la
Drouilhe Blanche paroisse de Bonnac, diocèse de Limoges, Soeur Charlotte
de Puydeval, prieuresse dudit lieu de la Drouilhe Blanche, à la requête,
supplication et présentation de Nicolas de Sallaignac, écuyer,
seigneur de Puyfoly ( ou Puyjoly), paroisse de Latat ?, audit diocèse,
présent, a fait professe sœur Françoise de Sallaignac, fille
dudit sieur écuyer, religieuse audit prieuré, y ayant demeuré
dix ans continuels, ladite Dame a confessé être âgée
de dix-sept ans, ainsi qu’a dit son père et vu les solennités
en tel cas requises et accoutumées; et estaient à ce assistant,
Sœur Françoise de Saint-Jean Antique, religieuse à la Drouilhe
Noire, Sœur Marguerite Arneilh, prieuse dudit prieuré de la Drouilhe
Noire, Sœur Anne de Puydeval, Anne Flouret, Anne de Mailhat de la Coste,
religieuse dudit prieuré de la Drouilhe Blanche et vénérable
personne Messire François de La Vauzelle et Léonard dit nardou
du bastard, habitants du lieu de la Drouilhe. Dont ledit écuyer en a
requis acte à moi notaire royal soussigné, que lui ai octroyé
en cette forme, pour lui servir en temps et en lieu que de raison; Ainsi signé
dessous, donné pour copie à ladite Dame Françoise de Sallaignac.
MOREAU notaire royal"
Charlotte de Puy de Val résigna en 1561, étant vieille et malade
pour sa nièce Anne de Puy deVal, qui bien que n'étant pas profès,
mais parente de Rigald de St Marsal, écrivain et familier du Pape, eut
ses bulles le 2 janvier 1562, et prit possession le 18 juin 1562 . Le 10 juillet
1565, Anne de Puy de Val demande le tiers des dîmes sur 100 sétérés
de la terre de las fontanellas . Elle fit établir un terrier en 1577
. Son dernier acte fut de sauver son monastère de la ruine :
"Le 12 août 1595, dame Anne de Puydeval prieure de la Drouilhe Blanche,
dame Françoise Salagnac religieuse du monastère de la Drouilhe
Noire et autres dames capitulants dudit monastère de la Drouilhe Blanche
voyant leur maison et monastère et église en ruine et dans un
besoin pressant de réparation auxquelles par le malheur des temps elles
n’auraient moyen de subvenir concluent de donner en reassence leur maison
où elles se retirent pour lever leurs dîmes aux environs de Limoges
en la rue Pleine vayre ".
Anne de Puy de Val résigna le 26 novembre 1595 entre les mains de l'Abbé
François de Neuville pour une parente, Magdeleine de Puy de Val, profès
de la Drouilhe Blanche .
Me Martial Catherinaud, prêtre, vicaire dudit prieuré est requis
de la mettre en réelle, actuelle et corporelle possession dudit prieuré,
ses appartenances accoutumées et dépendances.
"Aujourd'hui, le 19ème jour du mois de novembre 1595 jour de dimanche
pardevant le notaire royal soussigné et les témoins ci-après
nommés, environs l'heure de neuf heures du matin, au prieuré de
la Drouilhe Blanche, paroisse de Bonnac, diocèse de Limages, au-devant
la porte de l'église dudit prieuré et avant la célébration
de la messe, s'est personnellement comparu Dame Magdeleine du Puydeval, pourvue
dudit prieuré, laquelle, en vertu des lettres de provisions et collation
dudit prieuré à elle faites par Révérend Père
en Dieu, Frère François de Neufville, abbé de Grandmont,
en date du 12ème du présent mois et signées, lesquelles
lettres de possession, elle avait et tenait en ses mains, laquelle, en vertu
desdites lettres et mandement y contenus, a sommé et requis Me Martial
Catherinaud, prêtre, vicaire dudit prieuré, illec présent,
de la mettre en réelle, actuelle et corporelle possession dudit prieuré,
ses appartenances accoutumées et dépendances, lequel Mr Martial,
en obéissant à ladite sommation et mandement contenus aux dites
lettres de provisions et collation a mis en possession réelle, actuelle
et corporelle dudit prieuré ladite Dame Magdeleine de Puydeval, par l'entrée
de l'église dudit prieuré, touchant du verrou de la porte de ladite
église, aspersion de l'eau lustrale, son de la cloche, baisement d'autel
et saintes reliques et autres choses en ce cas requises, laquelle Dame Magdeleine,
sans se divertir à autres affaires a vu et entendu la grand messe qui
a été à l'instant dite et célébrée
par ledit sieur Martial Cathelinaud, lequel Mr Martial, après la célébration
de ladite messe, a dit et publié ladite prise de possession aux habitants
dudit village et autres présents de ladite prise de possession et dit
et publié que les devoirs et revenus dudit prieuré appartiennent,
pour l'avenir à ladite Dame Magdeleine de Puydeval; dont ladite Dame
a requis acte qui lui a été concédé es présence
de Mr Estienne de Guilhem, licencié du bourg de St-Privat, en limousin,
Jehan Faure, le jeune, marchand du bourg de Jehan du Four du village de la Drouilhe
Blanche, Noël de Royère."
Le même jour La Dame Magdeleine de Puydeval prend M. Estienne de Guilhem
comme procureur.
Nous apprenons par un acte du 13 décembre 1603, que M. Martial Cathelinaud
était vicaire, et que Denis du Coudier était curé de Saint
Sylvestre et desservant du lieu. Ce du Coudier ayant résigné son
bénéfice, un prêtre, François Vouzelle, est nommé
pour lui succéder :
"Le 13 décembre 1603, au-devant la porte de l’abbaye et prieuré
de la Drouilhe Blanche a été présent Me François
Vouzelle, prêtre du diocèse ; il dit qu'à la nomination
de Me la prieuresse dudit lieu, il a été nommé par l'évêque
à la cure ou vicairie perpétuelle du lieu de la Drouilhe Blanche,
vacant par la résignation de Denis Du Coudier ; Il demande à Me
Martial Catherinaud de le mettre en possession de la cure ou vicairie perpétuelle
de la Drouilhe Blanche, fruits, profits, revenus, émoluments ; ce qui
est fait par entrée de l'église de ladite abbaye, attouchement
du verrou, sonnement de la cloche, aspersion de l'eau bénite, baisement
des saintes reliques étant sur le grand autel
Notaire Perrière "
On assiste à une curieuse affaire, le frère germain de l'Abbé
Rigal de Lavaur, Jean de Lavaur extorque plusieurs actes de résignation
le 27 avril 1612 . Dame Magdeleine de Puydeval demande révocation de
la démission dudit prieuré qui lui a été extorquée
par noble Jean de Lavaur, frère germain du sieur Abbé de Grandmont
"À Limoges, le 27ème avril 1612, Jean Bastide bourgeois et
Marchand de Limoges, se disant procureur de Dame Magdeleine de Puydeval, dame
prieuse de la Drouilhe Blanche, a insinué l'acte de révocation
qui s'ensuit :
Jacques Dupeyrat, conseiller du roi, notre sire et juge magistrat en la sénéchaussée
du Limousin et siège présidial de Limoges, Monsieur le Lieutenant
Général audit siège absent, SCAVOIR faisons que dans la
salle de l'auditoire de la cour de ladite sénéchaussée
du Limousin est comparu Jean Bastide, bourgeois et marchand de Limoges, comme
procureur de Dame Magdeleine de Puydeval, Dame prieure de la Drouilhe Blanche,
et en vertu de sa procuration expresse du 19 du présent mois et signé
Puydeval a remonstré que cy-devant ladite Dame ayant été
advertie, que noble Jean de Lavaur, frère germain du sieur Abbé
de Grandmont aurait fait remplir certain blanc-seings, qu'il aurait extorqué
de ladite Dame par induction et surprise plusieurs actes de résignation
et autres tendant à démission de sondit prieuré de la Drouilhe-Blanche,
qu’en conséquence d'iceux on aurait fait prendre possession dudit
bénéfice clandestinement par-devant un notaire du présent
pays, nommé Boulhaud et ce en faveur de Dame Marguerite de La Rouchette,
religieuse dudit prieuré et d'autres.
La Dame a porté plainte et demande qu'on fasse annuler les actes ; la
Dame « usurpatrice « dit qu'elle accepte que la Dame Depuydeval
reprenne son titre. La Dame de Puydeval demande que la sentence soit envoyée
à la Dame de La Rochette, à l'Abbé de Grandmont et à
Jean de Lavaur, son frère. La Dame Abbesse dit que les actes à
l'avenir devront, pour être valables être signés de son nom
PLUS prieure de la Drouilhe Blanche.
Ayant obtenue satisfaction Magdeleine de Puydeval restera prieure jusqu'en 1614.
Anne-Gabrielle Capet qui n'avait pas l'âge en 1614, reçu une dispense
du Pape par bulle. Elle fit résignation en blanc en 1619, se réservant
80 livres de pension. Elle résigna en 1625 à une religieuse bénédictine
du monastère de Saint-Jean-des-Bois, au diocèse de Saint-Flour,
Marguerite de la Roque. Celle-ci obtint en 1625 le prieuré de la Drouilhe-Blanche
en commende . Elle eu ses bulles en 1625. Mais l'année d'après
les religieuses présentèrent une requête contre elle pour
la ruine des bâtiments. Hilarie de Campanis ou Champagnac en fut prieure
de 1634 à 1652. Le curé de la Drouilhe-Blanche Léonard
Vouzelle fut enterré dans l'église de St Sylvestre vers 1644 .
Jean Cautillon voyant ce bénéfice vacant, l'obtint du Pape, et
son visa le 21 avril 1651. Il semble que la Drouilhe se trouvait dans des difficultés
non seulement matérielles mais surtout morales, car l'abbé Nadaud
écrit :
"L’abbé de Grandmont y fit la visite cette année ;
le chapelain, qui étoit curé de Millevaches logeait depuis quatre
ans dans le cloître, ce qui faisoit parler mal; car l’avocat du
Roi de Limoges avoit pris en 1651 en pleine audience, des conclusions contre
lui et la prieure. Il couroit un bruit que la sœur Judith Douedin d’Hautefeuille,
âgée de 32 ans, religieuse depuis 18 ans étoit tombée
en péché du fait de ce prêtre, et s’étoit retirée
chez ses parents, au château de Lavau , à deux lieues de Magnac.
Les religieuses sortoient, sous prétexte qu’elles ne faisoient
vœux de clôture que lorsque leur supérieure les y obligeoit.
Elles étaient huit. La prieure recevoit dans la maison des séculiers
de tout sexe et les faisoit manger à sa table. Elle assura, mais contre
sa conscience, sur sa part de Paradis, et vouloir ne pouvoir jamais recevoir
le Très Saint Sacrement de l’autel, vers lequel elle se tourna,
si elle savoit rien du bruit qui courait sur le compte de sa religieuse absente.
L’abbé ordonna de congédier le chapelain, mais il demeura
encore, parce que la prieure le chérissait trop pour le quitter. L’évêque
lui ordonna de se retirer dans sa cure."
Le mal était plus profond, car il continue :
Depuis ce tems-là le voisinage du grand chemin de Limoges à Paris,
peut-être encore la mauvaise administration des supérieures, auront
occasionné la pauvreté du monastère, et celle-ci, la désertion
des pasteurs. Mais il ne fut jamais de circonstances plus intéressantes
pour ressusciter leur titre ; le créer même, s'il n'avoit pas existé.
Deux raisons 1° le bien public ; 2° nulle dépense pour personne.
Qu'on interroge les curés d'Ambazac, S. Sylvestre, Bonnac, Compreignac,
Rilhac-en-Rancon, Beaune, etc, ils conviendront que leurs paroissiens extrêmement
éloignés de leur église, et aux portes de celle de la Drouilhe
; surtout certains alternatifs des deux premières paroisses, semblent
par leur peu d'assiduité, n'être d'aucune, et conséquemment
fort mal instruits. Qu'on aille à la Drouilhe, les jours de dimanches
et de fêtes, la chapelle ne peut contenir le peuple qui s'y rend du voisinage.
Il y va avec d'autant plus de plaisir, qu'on n'y fait ni prône, ni instruction,
ni rien de ce qui allonge l'office dans les églises paroissiales. On
pourra donc facilement démembrer, au moins 500 communions, sans presque
aucune diminution de leurs communautés respectives.
Qu'y perdront leurs anciens curés nul revenu fixe, puisqu'ils n'ont aucune
dixme dans ces villages? Mais le plus souvent ne le céderoient-ils pas
volontiers, pour se dispenser d'aller administrer les sacrements jusqu'à
une lieue et demie, par des chemins toujours mauvais, et que la glace et les
neiges rendent très dangereuses l'hyver? qu'y perdra l'Ordre de Grandmont
? On a vu qu'il n'avoit pas donné les fonds; il ne peut donc les répéter.
Qu'y perdra le monastère du Châtenet ? A-t-il d'autre droit aux
revenus de la Drouille, que la bonne volonté du Roi ?
La nuit du 27 au 28 Mars 1663, un incendie détruisit une partie du monastère.
Les bâtiments furent réparés quelques années après,
sous l’abbatiat d’Alexandre Frémon. Un historien de l’Ordre
mentionne : « Il porta ses soins jusque à la Droüille qui
est un monastère de filles de l’Ordre de Grandmont et à
deux lieux de l’abbaye, il en fit rebâtir à neuf le dortoir,
le réfectoire, l’infirmerie et quelques autres lieux ». Hilarie
de Campanis resta prieure jusqu'en 1666. Françoise-Lucrèce de
la Roche de Fontenille lui succéda et prit possession du prieuré
le 19 novembre 1669. Elle gouvernera la Drouilhe avec des intervalles tenus
par Anne de Colonges jusqu'au 10 décembre 1687, puis quittera brusquement
le prieuré pour entrer chez les dames Malthoises de Toulouse.
Dans l'acte de résignation, elle présente Catherine Descoutures.
"Le 10 décembre 1687 Noble et révérende dame Françoise
Lucrèce de la Roche de Fontenilles, dame abbesse de la Drouilhe Blanche
prend comme procureur Me Jehan de Douhet, avocat à la cour. Elle résigne
son prieuré et bénéfice de la Drouilhe Blanche, ordre de
Grandmont en main de N S P le Pape. En faveur de dame Catherine Descoutures
religieuse professe de l'ordre de St Benoît diocèse de Limoges
dans l'abbaye des Allois. Elle demande au St Père le Pape d'agréer
créer et autoriser la pension qu'elle se réserve sur les fruits
temporels du bénéfice du prieuré dont elle a été
possédante pendant vingt ans de la somme de 200 livres payable à
chaque fête de St Jean. "
C'est à cette époque que l'Abbé de Grandmont Henri de la
Marche de Parnac profitant des quatre premiers sièges vacants qu'il avait
droit de pourvoir, mis à la tête du prieuré sa sœur
Françoise. Cette sœur était professe au prieuré fontevriste
de Jarzay, près du prieuré grandmontain de Moulins-Brulemont et
se trouvait en départ pour le prieuré fontevriste de Longefont.
Elle se fit affilier à la Drouilhe en 1690. Elle fut nommée prieure
le 16 juin 1690. Une correspondance de sa dame de compagnie à l'abbé
à ce sujet se trouve aux archives de Limoges .
"11 avril 1690
Je serois ravie que Mesdames vos sœurs ussent lieu de se louer de mes services.
Je croy qu'elles louent seulement ma bonne volonté à leur égard,
je n'ay jamais été assez heureuse pour leur faire aucun plaisir.
Je voudrais pouvoir en faire présentement à M de Parnac, et à
M (vous-même) puisque vous me faite l'honneur de penser que je pourrois
vous être utile. Vous devez compter M(onsieur) qu'il ne vous faut point
d'autre protection auprès de Madame, que la vôtre.
Mesme, vous en serez persuadé par la lettre qu'elle vous écrit,
et la permission qu'elle vous envoye pour le changement d'ordre de M(adame)
votre soeur. Je souhaite que cela suffise pour la rendre heureuse, elle le sera
assurement beaucoup si vous observez pour M le Prieur que vous lui donnez, elle
sera digne d'envie d'être aussi proche qu'elle sera d'un frère
qui a autant de bon naturel que vous en marqué. Monsieur, pour vos proches,
M de Parnac a beaucoup de mérite, et je vous assure qu'il est plus reconnu
qu'on ne vous la fait entendre. Il se trouve partout de temps en tems de petits
chagrins à essuyer, mais on ne doit pas pour cela se croire malheureuse.
Je suis fort éloignée de ses sentiments puisque je suis honorée
de l'honneur de vos souvenirs, et que je suis avec beaucoup de respect Monsieur
votre très humble et très obeissante servante.
de Royer.
La même écrit le 26 avril 1690 (15 jours plus tard...!)
M
Je ne vous aurois pas importuné d'une nouvelle lettre sur le mesme sujet,
sans que Madame m'a ordonné de vous faire des excuses de sa part de ce
qu'elle ne se donne pas l'honneur de vous escrire. Madame a tant d'affaire aujourd'hui
qui lui est impossible, et comme elle ne veut pas retarder la permission que
vous lui demandez pour Mme votre sœur, elle croit qu'il vaut mieux que
je vous l'envoie de sa part, que de vous faire écrire par un autre ne
pouvant le faire de sa main, la permission est pareille ou ma dette que vous
allez envoyer, à cela près que Madame vous supplie de trouver
bon qu'elle ait fait ajouter pour le repos de sa conscience autant qu'il est
en votre pouvoir, parce qu'elle pense que vous vous êtes fier pour cela
aux banquiers qui sont de cet avis. Mais comme M l'Archevêque de Tours
n'en n'est pas, et qu'elle a une grande confiance en lui. M se défie
un peu qu'ils sont trompés où qu'ils veulent tromper les autres.
Voilà Monsieur ce qu'elle m'a ordonné de vous faire savoir, en
vous assurant de ses très humbles respects.
Mme de Parnac, Religieuse à Jarzay , par la poste de Blois.
Elle y resta jusqu'en 1703.
C’est à la Drouilhe-Blanche que décédera au cours
d’une visite l’Abbé Général de l’Ordre,
Henri de la Marche de Parnac, le 17 décembre 1715 . Il fut enterré
le lendemain à Grandmont. Ce dernier avait l’habitude de s’y
rendre de temps en temps. Il avait nommé prieure de la Drouilhe sa sœur
en 1690, et cela au titre des quatre premiers prieurés vacants après
sa nomination, qui lui revenait de droit ; elle avait résigné
sa charge quelques années après. Il est dit en outre que l'Abbé
de la Marche faisait beaucoup de bien à ce prieuré.
De 1713 Marie-Jacquette de Joubert de Nanthiac fut nommée prieure. Elle
était professe depuis 30 ans, lorsque le 18 octobre 1720 par acte passé
au château de Juvenic, paroisse de Peyzac, elle déclara nommer,
sous le bon plaisir du roi, pour coadjutrice perpétuelle sa sœur
Jeanne. Marie-Jacquette de Nanthiac mourut au château de Juvenic le 9
décembre 1720. Sa sœur Jeanne qui était profèsse du
lieu depuis neuf ans, lui succéda. Elle avait 46 ans. Elle mourut le
11 juillet 1754 à l'âge de 80 ans.
Le 3 Mars 1729, une rente est constituée en faveur du prieuré
représenté par Dame Jeanne Joubert de Nanthiat, abbesse de l'Abbaye
de la Drouilhe-Blanche, Ordre de Grandmont, demeurant à Bonnac, par Jean
Desflottes, seigneur de Bonnac et de l'Eshoysier, Conseiller du Roi, et M Joseph
Desflottes, seigneur de l'Eshoysier, son fils, demeurant à Limoges, rue
Pleine-Vert, paroisse de St Michel des Lions. Jeanne Joubert de Nanthiat décédera
en Juillet 1754
Au milieu du XVIIIe siècle, les mœurs s’étaient très
relâchés. Le Père Fouquet parle même qu’elles
vivaient, peut-être, de la prostitution . L’histoire du chapelain
rapporté par l’abbé Nadaud en dit long sur le climat délétère
qui devait régner...(voir pièce). En 1744, la communauté
se composait de sept religieuses : “qui étaient hors d’état
de remplir avec exactitude et édification les exercices spirituels et
les devoirs de la Règle”. Aussi le Roi saisi de cet état
de fait et vu l’état du temporel, avait interdit de recevoir des
novices. L’évêque de Limoges, sur l’avis de “la
commission établie pour le soulagement des communautés de filles”,
laquelle était assaillie de plaintes demanda l’union de la Drouilhe
au Châtenet, et un arrêt du Conseil du 27 janvier 1748 y autorisa
l’évêque de Limoges. Une enquête faite en 1750 décrit
le prieuré à la demande des autorités :
Nom de la communauté : Communauté de la Drouilhe. Ordre : Ordre
de Grandmont
Sous quelle juridiction, elle est :De temps immémorial sous la juridiction
de Monsieur le
Général de Grandmont
Date de son établissement : On ignore l'époque de sa fondation,
mais il serait aisé de justifier qu'elle est très ancienne, puisqu'on
trouve des fondations aux XIIe et XIIIe siècles.
Celle de ses lettres patentes : On ignore si ladite communauté a jamais
eu de lettres patentes, on croit même que, lors de sa fondation, elles
n'étaient pas en usage.
La Qualité de la supérieure, si elle est abbesse prieure perpétuelle
ou triennale:
La supérieure de la Drouilhe est prieure titulaire à la nomination
de Sa Majesté, par conséquent perpétuelle
Nombre des religieuses professes: Il n'y a que pour le présent que sept
religieuses de chœur
Celui de sœurs converses: Deux sœurs converses
Celui des novices : Il n'y a point de novices, Sa Majesté ayant fait
défense depuis quelques années à ladite communauté
d'en recevoir
Celui des postulantes : Il n'y a point aussi de postulantes pour la raison ci-dessus
alléguée.
Celui des pensionnaires : Le nombre des pensionnaires est ordinairement de huit
à dix quelques fois plus, quelques fois moins.
Celui des dames retirées, leur âge, : Il n'y a point pour le présent
de Dames retirées dans la communauté de la Drouilhe
La pension qu'elles payent : ?
Les revenus de la communauté : Consistent en un gros domaine à
la porte du rapport de 500 £ année commune, et un autre domaine
du rapport de 100£ année commune et 200 sestiers ou moins de blé
de rente, estimée année commune 600 £, il y a 1204 £
annuelle provenant de rentes constituées
Les dettes actives : La communauté doit 5500 livres
Les dettes passives : 1879 livres lui sont dues
Je soussignée prieure du Châtenet certifie le présent état
véritable lequel j'ai délivré à Monseigneur l’Évêque
de Limoges pour obéir aux ordres du Roy auquel je me soumets.
Au Châtenet, le 15 mars 1750 Sœur de Tournemine prieure du Châtenet
.
La communauté par ordre de la Cour fut supprimée. Les religieuses
au nombre de sept à huit furent transférées au Châtenet.
Le Roi nomma la supérieure de la Drouilhe-Blanche, Marie de Brie de Sousmagnat,
supérieure du Châtenet . L’abbé du Plessis d’Argentré,
le futur évêque de Seez, vint faire l’inventaire des biens
de la Drouilhe le 17 juillet 1754 Un économe fut nommé cette année-là.
Du procès-verbal d’information de mai 1756, il résultait
que des sept religieuses qui étaient présentes douze ans auparavant,
deux étaient mortes, deux autres étaient entrées au prieuré
fontevriste d’Orsan . Il ne restait qu’une religieuse de chœur,
et une converse et la prieure.
Les revenus étaient peu importants, 1500 livres, très difficiles
à percevoir. Les bâtiments tombaient en ruine. L’ordonnance
d’union fut établi le 3 décembre 1756. Les fruits et revenus
de la Drouilhe-Blanche furent affermés de 1775 à 1789 pour la
somme de 1.250 livres annuels par la prieure du Châtenet. Cette dernière
se faisait appeler abbesse ; le 3 juillet 1782, l’abbé de la Maison-Rouge
“faisant pour dame Marie de Brie de Sousmagnat, dame abbesse du Châtenet
et de la Drouilhe-Blanche”, consent, au nom de celle-ci, à la prorogation
du bail des cens, droits, rentes et redevances dépendant de son abbaye
de la Drouilhe . Le 26 novembre 1782, Dame Marie de Brie de Soumagnac, dame
abbesse de la Drouilhe Blanche, confirme le fermage au sieur Faure, marchand,
demeurant à la Maison Neuve, paroisse de Bonnac .
À la mort de l’abbé général Mondain de la
Maison-Rouge, les religieuses furent mises sous la juridiction de l’évêque
de Limoges.
À la Révolution, le bien fut vendu :
“Deux domaines appelés la Drouilhe-Blanche et la Drouilhe-Noire,
deux petits étangs, et un bordelage, le tout dépendant des religieuses
du Châtenet, estimés 33.000 livres, adjugé 48.300 livres
”.
Au début du XXe siècle il ne restait que quelques vestiges
Il ne reste plus rien du prieuré, le Père Fouquet écrivait
:
“Dans un petit pré, d’où l’on a enlevé
vers 1930 des tas de pierres en forme de murs, que devait se trouver les bâtiments
du monastère» .