La Coudre-Ste Radegonde (Loiret)

Localisation :
Elle se trouve sur la commune de Chambon-la-Forêt, canton de Beaune-la Rolande. Appellation actuelle : Ste Radegonde. À 2 km au Sud-Ouest de Chambon, elle est près du hameau du Bout-d’en-Haut.

Intérêt :
Église (nord) 1.


Vestiges :
La nef subsiste, elle est transformée en habitation. Un four avait été installé dans la porte des fidèles écrivait J.R Gaborit. D’après les habitants du lieu, il ne reste plus rien de l’ancienne celle. Ses derniers pans de murs furent détruits vers 1970. À 100 m au sud, la fontaine Ste Radegonde où l’on célébrait autrefois un culte est toujours visible. Une statue de Sainte Radegonde venant peut-être du prieuré se trouve dans l’église du Chambon.

Histoire :
Le lieu fut habité avant l’implantation des religieux, car on a retrouvé dans la fontaine Ste Radegonde « une quantité extraordinaire » de monnaies romaines vers 1900. Cette source d’eau aurait jailli sur l’intervention de Sainte Radegonde, d’où son nom .
Cette maison fut fondée en 1141 par LOUIS VII le jeune, dont ils reçurent le diplôme en 1160 . Il leur donna le lieu qu’ils habitaient ainsi que les terres et les bois qui l’entouraient, avec une rente annuelle de treize muids de blé à prélever sur les minages d’Yèvre-le-Châtel et sur le moulin du château. Il donna également la permission de défricher le bois, de semer du blé ou d’y planter de la vigne. Sous le roi Louis VII (+1180) la communauté reçue des religieux bénédictins de Fleury sur Loire une pièce de terre située près de leur enclos. La donation fut confirmée par le père Abbé Harald.
En 1180, Philippe-Auguste confirma la donation de son père aux religieux de la Coudre par le vidimus et confirmation suivant :
« In nomine sancte et indiuidue Trinitatis. Amen. Ego Philippus, Dei gratias Francorum rex, notum facimus, Nos litteras bone memorie patris nostri Ludovici, quondam regis Francorum, vidisse non abolitas, non in aliqua parte suj viciatas et non can cellatas, verbo ad verbum sub hac forma. In nomine…etc.
Ego Ludovicus, Francorum rex, notum facimus omnibus presentibus et futuris quod nos dedimus in puram et perpetuam elemosinam fratribus de Cosdra, Grandimontis ordinis in quadam parte foreste nostre de Legio qui vulgariter noncupatur Cosdra, locam ipsum in quo habitant et totam terram sitam infra clausuram ipsorum interiorem et exteriorem, liberam et quietam, cum omni nemore in dicta terra existente, ad suam omnimodam voluntatem perpetuo faciendam. Ita tamen quod si eisdem fratribus placuerit, ipsi poterunt terras predictas ex-tirpare et excolere vineas in eisdem terris, edificando vel bladia seminando, vel alias expletando, prout melius sibi viderint expedire… »
De plus Philippe-Auguste encouragea ses vassaux, Gervais de Pithiviers et Guillaume d’Estouy à verser des rentes annuelles en blé et en vin à valoir sur le moulin de Nouet à Estouy. En août 1191 une donation par le père de Valérien de Euera, d’un muid de blé à prendre sur les terres de Stouiac, et d’un muid de vin à prendre sur Yèvre-la-Ville. En 1192, le chevalier Robert Boleli leur fit don avant son départ pour la terre sainte de dîmes sur Javersy, s’élevant à 40 livres payables chaque année à la saint André (fin novembre). En l’octave de la Toussaint 1205, Gilo, seigneur de Sully, fit don aux frères de la Coudre de soixante aunes de bures. Cette donation sera confirmée par son fils Archambault , et les évêques d’Orléans Manassès et ensuite Hugues, qui étaient également seigneurs féodaux de Sully. Puis en 1206, Girart de Beaune fit donation en aumône perpétuelle de ce qu’il possédait sur le territoire de Chemault, dans ses vignes de Marigny, et un char de foin à prélever sur ses prés de Longueville. En Avril 1209, Pierre de la Chapelle et son frère firent donation du quart des fruits du clos saint-Bernard, et en mars 1216, Héluis, épouse de Thibaud Dangeau, écuyer, donna deux mines de méteil et deux mines d’avoine à valoir sur la dîme des Lays dans la grange d’Argate. En Avril 1255, profitant de la reconnaissance par le roi Louis IX sur l’illégitimité de sa possession de bois à Louye dont s’était emparé induement sous predecesseur Philippe-Auguste, les moines de la Coudre profitérent de cette occasion pour établir une requête demandant que leur droit d’usage dans la forêt d’Orléans soit maintenue. Ceci fut fait auprès de Vitry de Lormoye.
En 1277, Jeanne, veuve de Jean de Corbeil, seigneur de Lorris, fit un don annuel de deux muids de vin à prendre sur les pressoirs de Lorris.
Cette celle hébergeait quatre clercs en 1295. Elle payait quatre livres de rente au Chef d’Ordre. Lors de la réorganisation de l’Ordre en 1317 par le pape Jean XXII, le prieuré de la Coudre sainte Radegonde fut unie à Louye. Il existait une petite conventualité à la Coudre, de temps à autre le prieur de Louye y envoyait un ou deux religieux.
Le 2 août 1362, Jean, duc d’Orléans ordonne à son receveur de faire payer la rente annuelle de treize muids de blé que les religieux devaient recevoir du minage d’Yèvre-le-Châtel, que Louis VII leur avait donné en 1160.
Le 28 octobre 1404, les doyens et sacristains de St Germain l’Auxerrois de Paris, commissaires députés par le Pape Benoît XIII réduit la somme de 139 livres dues par les religieux de la Coudre aux collecteurs apostoliques, à celle de 10 livres, attendu la grande indigence de cette maison causée par les guerres et grande mortalité.
En 1425, La Coudre fut brûlée pillé et saccagé par les Anglais. Le prieuré faute de ressources suffisantes fut abandonné. Il fut néanmoins occupé par le prieur de Louye Guillaume Baisle, venu y trouver refuge en 1473, ses religieux étant tous morts par suite d’une épidémie. Il y mourra en 1479. Le 28 décembre 1476, le prieur commendataire Guillaume de Salignac passe une transaction avec les chanoines de Saint Pierre-le-Puelier d’Orléans, sur la possession de quatre arpents de terre en la paroisse de St Jean de Braye. Un procès-verbal de visite de 1496, mentionne que l’église tombait en ruine. Par la suite, on dut procéder à des réparations, un devis fut établi le 3 août 1691 :
« premièrement sur le pignon du devant de la chapelle, relever deux chevrons de chaque coté du toit, les rassembler et les retenir, refaire les ?, boucher un trou au-dessus de la croisée...de plus rehausser les maçonneries au-devant de la grande porte de la dite chapelle à hauteur convenable pour chasser l’eau et empêcher que l’eau n’entre dans ladite chapelle remettre les marches suffisantes en dedans, recouper la porte à hauteur convenable... sera refait trois marches à la petite porte et mettre plus haut pour chasser l’eau... « .
Le prieuré reçoit des donations de Charles de Courtois, seigneur de Piponvilliers en 1690, et de Louis de Courtois, seigneur des Hayes à Marsainvilliers en 1739.
En 1708 on procède à un arpentage et bornage des biens du prieuré :
« ....
Premièrement : contenant tant en maisons qu’en jardin 47 perches compris les Hayes qui sont autour du jardin situé proche de la chapelle de la Coudre et tenant d’autre coin à la terre de la chapelle coté d’orient, d’autre coin au chemin qui va de la chapelle à Nancray (sur-Rimarde) coté d’occident d’un bout en hache sur laiseur ? qui est entre la dite chapelle et la dite maison et jardin du coté midi, et d’autre bout en pointe sur le fossé qui est en bout sur ledit jardin coté septentrion j’ai planté cinq bornes... «
On y signale une conventualité réduite durant le XVIIe siècle. Le pèlerinage de Ste-Radegonde rapportait un casuel « considérable » au Prieur de Louye, qui le loua le 8 février 1715 au curé du Chambon Jean Digard :
« Nous soussigné Jean Bailly, prêtre et prieur commendataire du prieuré de Notre-Dame de Louye, ordre de Grandmont, et en cette qualité seigneur de la chapelle de Ste Radegonde la Coudre située en Gastinois en la paroisse de Chambon, diocèse de Sens reconnaît avoir donné à titre de loyer à M. Jean Digard, prêtre et curé de ladite paroisse... il sera tenu de payer tous les ans audit sieur Abbé Bailly au jour de la St Martin d’hiver en sa demeure à Paris,au séminaire des Missions étrangères... la somme de 60 livres... ledit sieur curé pourra prendre chaque année douze ou quinze livres si nécessaire pour être employé à la décoration et aux réparations les plus pressantes, qu’il convient de faire pour l’utilité et l’entretien de ladite chapelle de Ste Radegonde, dont il sera tenu compte en rapportant quittance des ouvriers, à la charge aussi par ledit curé de faire dire une messe, pour chaque semaine, pendant le cours du présent bail dans ladite chapelle, à l’intention des fondateurs d’icelle, ce qui a été convenu et accordé et accepté par le sieur abbé Bailly moyennant 60 livres et l’acquit des décimes » . On signale à cette époque la présence d’une « maison proche de la chapelle qui y cause une grande importunité et incommodité », sans doute une taverne.
Le vaste domaine de la Coudre devint en 1771 la propriété du sieur Tardif des Isles, avocat au Parlement de Paris, comme étant héritier de feue Mme de Courtois. Il refusait de payer la rente due pour les messes de fondation de la Coudre aux religieux de N-D de Louye. Ceux-ci abandonnèrent la rente au prêtre desservant.
Le 9 septembre 1776, le pape Pie VI ordonna l’extinction définitive du prieuré de Louye, et la réunion de ses revenus à répartir entre l’abbaye Saint Remy des Landes et l’hôpital de Dourdan. Le prieuré de Sainte Radegonde de la Coudre fut attribué au petit séminaire Saint Charles de Chartres.
Le pèlerinage à Sainte Radegonde subsistait. De Pâques à la Toussaint le lieu était très fréquenté surtout le jour de la fête de la Sainte, le 13 août. Cela rapportait un casuel assez conséquent, qui excita la cupidité du clergé séculier des alentours. Les religieux de Louye affermaient ce casuel au curé du Chambon, à charge pour eux d’entretenir la chapelle. Dans son livre journal Dom Nicot écrivaient en 1770 : « Le curé actuel n’a voulu tenir aucun de ses engagements. Il a fermé les portes de la chapelle, chassé les ermites qui la desservaient et s’en est rendu maître ».
Il a fallu attendre 1871, époque à laquelle l’abbé Chabot, curé du Chambon jusqu’en 1876, avant de devenir curé-archiprêtre de Pithiviers avec le titre de prélat de sa sainteté, que le pèlerinage revive. Il composa un livret pour les pèlerins. Les eaux de cette fontaine étaient réputées pour guérir la goutte, les rhumatismes, les convulsions, les maladies nerveuses et même d’yeux. On immergeait les enfants malades dans la fontaine. Pendant trois dimanches consécutifs, une procession avait lieu entre l’église du Chambon, où se trouve une statue de Sainte Radegonde et la fontaine. Le pèlerinage dura jusqu’en 1914. Il ne fut pas repris à la fin des hostilités, et il est maintenant tombé en désuétude.
Comme à Louye, l’isolement du site permis à l’aviation alliée de larguer des armes et des munitions aux combattants de l’intérieur.


Annexe 1
Les prieurs commendataires de la Coudre
Louis du Bellay, archidiacre de Paris, cousin de Jean du Bellay (1518 – 1528)
Guillaume de Paris, archidiacre de Soissons, chanoine de la Ste Chapelle (1528 – 1540)
Eustache du Bellay, évêque de Paris, cousin de Louis du Bellay (1540 – 1565)
Claude d’Angennes (1567 – 1591) évêque de Noyon en 1578
Charlemagne d’Eschouys (1586 – 1596)
Étienne Leroy, chanoine de la Ste Chapelle (1596 – 1608)
Jacques du Lac, aumônier ordin. de la Reine (1609 – 1650)
Louis du Lac, son neveu (1650 – 1655)
Gabriel Bailly (1655 – 1673)
Charles de Mazillac, prêtre (1673-1682)
Jean du Bailly, Dr en Sorbonne, Abbé de St Léon de Toul (1683)
Abbé Bitaut (1724)
Jean de Blanquet, chanoine cathédrale de Chartres, vic. général de l’évêque de Chartres

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