Les congrégations et compagnies de prêtres séculiers.
Ce sont des groupements
de prêtres approuvés par l'Église, dont les membres ne prononcent
pas de vœux. Leur mode de vie se situe à mi-chemin entre les clercs
séculiers et les religieux réguliers.
Ces compagnies ont pris une extension après le concile de Trente, se
consacrant à l'enseignement et à la prédication sous forme
de mission dans les provinces pour combattre la religion protestante. C'est
ce qu'on a appelé la Contre-réforme. En voici quelques-unes :
La Doctrine chrétienne (Doctrinaires)
Cette compagnie est
apparue en Italie vers 1560, établie en France par César de Bus
en 1592. Elle s'établit en France à l'Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse)
en 1647. À l’origine cette compagnie est axée sur l'enseignement
du catéchisme et de la doctrine chrétienne. Elle hésite
entre la forme et le statut d'ordre religieux et celle plus souple de congrégation
séculière. Elle prend en main les collèges qu'on lui confie,
dont certains avaient été tenus par la Compagnie de Jésus
qui venait d'être dissoute. Mais dans l'ensemble ces collèges vivent
mal, car leurs charges étaient supérieures à leurs revenus.
À la révolution beaucoup d'entre eux prirent parti pour elle.
Lakanal fut professeur dans plusieurs maisons de la Doctrine.
En Limousin les pères de la Doctrine chrétienne s'installe en
1607 à Tulle, en 1621 à Brive; puis à Bellac en 1648, et à Treignac
en 1662. Ils remplacent les Dominicains qui n'ont pas réussi. En 1673,
ils rédigent l'Instruction de la Doctrine chrétienne, qui connaît
par la suite plusieurs éditions. Cette Instruction est en quatre parties
: vérités à croire (mystères de la foi), commandements
de Dieu et de l'Église, sacrements, prières.
À Rochechouart (Hte Vienne) ils ouvrent une école route de Nontron.
Elle sera fermée en 1904 et transformée en caserne pour la 11e
compagnie du 9e bataillon de chasseurs à pieds de 1914 à 1918,
et resservira pour les chantiers de Jeunesse en 1941. Démolie depuis
pour faire place à une maison de retraite.
L'Oratoire de France.
La congrégation
de l'Oratoire a été fondée à Rome par St Philippe
Néri en 1564. Elle ne demandait pas à ses membres des vœux
particuliers, mais de travailler en commun à se sanctifier et inciter
leurs prochains à le faire. Cette congrégation fut introduite
en France par le cardinal Pierre de Bérulle en 1611, et prit le nom d'Oratoire
de Jésus. Elle avait une attitude positive envers le monde, pensant que
les disciples du Christ devaient être les acteurs des mutations du monde,
et avoir une vie sacerdotale où le partage fraternel, plutôt que
le strict respect de la règle, était le garant de la vie religieuse.
Le but de cette congrégation était de former des clercs, et non
de diriger des collèges, comme il le fit, et sa prospérité
trop rapide lui suscita de puissants et implacables ennemis. L'Oratoire fut
introduit à Limoges en 1619. Elle s'installe rue Manigne (rue Charles
Michel actuellement) le 21 Juillet 1623. C'est par les missions mises en place
par les prêtres de l'Oratoire comme le Père Le Jeune, surnommé
Père aveugle, à St Pierre du Queroy à Limoges, à
St Junien, Auzances, Blond ou Bellac, et plus tard le Père Gabriel Ruben,
qui fondera le séminaire des Ordinands en 1660, et entrera dans la congrégation
de l'Oratoire en 1679. et enfin le dernier prieur Mathieu-Mathurin Tabaraud,
que cette congrégation remporte un grand succès. Ils feront édifier
une chapelle toujours rue Manigne. Elle sera bénie le 3 Avril 1765. En
1791 l'emplacement fut vendu.
L'Oratoire replaça les Feuillants dans le prieuré grandmontain
de Raroy en 1618, ainsi que les prieurés de Savigny et du Lohan, qui
y étaient attachés. Elle transforma le prieuré en centre
de formation pour le clergé du diocèse de Meaux. L'Oratoire bénéficia
également du prieuré de Montaubérou, près de Montpellier
en 1699.
L'expulsion des Jésuites en 1762 leur permit de les remplacer, à
la tête des collèges, mais leur nombre était insuffisant
pour combler les vides. Ils durent s'adjoindre des professeurs laïques.
L'ordre avait perdu tout caractère religieux et sacerdotal, et l’on
peut dire que lorsque l'Assemblée législative supprima le 18 août
1792 les congrégations séculières, l'Oratoire n'existait
déjà plus.
Après la Révolution, l'Oratoire réapparut en France au
milieu du XIXe siècle. Aujourd'hui cet idéal primitif de partage
se poursuit avec des actions de solidarité envers les plus pauvres et
les plus fragiles.
Les Lazaristes.
Fondée en 1625 par St Vincent de Paul, cette compagnie se consacre principalement à l'apostolat dans les zones rurales, mais s'intéresse également à l'enseignement et la prédication, ainsi qu'aux galériens. Elle porte le nom de société des prêtres de la Mission, et comme elle est établie dans le prieuré Saint Lazare à Paris, ces membres sont appelés Lazaristes. Le but essentiel de cette fondation est le salut du peuple pauvre. Ces missionnaires vont dans les campagnes en prêchant, instruisant, catéchisant les paysans. Volontairement St Vincent de Paul a voulu une compagnie soumise aux évêques, et dont les membres ne prononcent pas de vœux, pour ne pas créer un ordre religieux de plus. À sa mort, il y avait 23 établissements, et 78 en 1789. À la Révolution, la compagnie est dissoute, et ne reprendra ses activités qu'en 1816.
Les Sulpiciens.
Fondée par Jean-Jacques Olier en 1641 dans le quartier de Vaugirard. Il devient l'année suivante curé de l'église Saint Sulpice à Paris, d'où le nom de sulpicien donné à sa fondation. La compagnie reste soumise à l'autorité des évêques ce qui fait que ces membres furent recherchés par l'épiscopat pour former ses prêtres. À Limoges, le séminaire fut confié aux Sulpiciens en 1666, grâce à Martial de Savignac, le Saint Vincent de Paul du Limousin, qui achète pour eux le 26 Avril 1662 les vignes du Clos de Sainte Valérie, pour y construire le nouveau séminaire. Son directeur, Jean Bourdon le dirigera quarante ans (1666 à 1706), et de 1761 à 1791, c'était encore un prêtre de St Sulpice, M Louis-Étienne Chenavier, qui le dirigeait. Le Grand Séminaire de Limoges avait été uni à St Sulpice dès 1657, et celui de Tulle en 1681. Cette compagnie fut une des rares à subsister après la Révolution, mais le séminaire devint caserne de cavalerie en 1818.
Les Barnabites et les Théatins
Ce sont deux ordres issus de la réforme promulguée par le Concile de Trente. Les Théatins sont des prêtres réguliers vivant sous une règle sans être astreints aux contraintes de clôture et d'office divin en commun. Ils sont fondés en 1524 par Gaétan de Thiene (1480 - 1547) un prêtre séculier romain. Son développement est limité, en Limousin quelques éléments ouvriront un collège à Tulle en 1580, vite remplacé par les jésuites.
Les Barnabites sont fondés en 1530 par Antoine-Marie Zaccaria (1502 - 1539) un médecin de Crémone devenu prêtre en 1528. Ils suivent les mêmes règles que les Théatins. Ils se consacrent à l'enseignement du catéchisme et la desserte des paroisses. En Limousin, on les trouvent à Guéret en 1699.
Les Eudistes
Fondés en 1643 par Jean Eudes dite congrégation de Jésus
et de Marie, ses membres vivent en communauté sans prononcer de vœux
et ont pour but la formation des prêtres. Son action s'étend surtout
en Normandie et aux alentours (Paris, Senlis, Rennes), pas de trace de cette
congrégation en Limousin.
Les Rédemptoristes
Fondée le 9 novembre 1732 par Alphonse de Liguori à Scala près d'Amalfi (Italie). Les trois vœux sont prononcés par ses membres, et sa règle est approuvée par Benoît XIV en 1749. Elle ne s'introduisit en France qu'au XIXe siècle. Pas de trace de cette congrégation en Limousin.
Les frères des écoles chrétiennes (Lasalliens)
C'est une congrégation fondée par Jean-Baptiste de la Salle (1651-1719)
en 1691 à Paris. Elle est formée de laïcs qui font des vœux
temporaires de trois ans renouvelables, pour être en perpétuelle
association et vivre en communauté. La congrégation se consacre
à l'enseignement gratuit aux enfants de pauvres et d'artisans. En 1685,
ils adoptent l'habit qui les rendit célèbre sous le nom de frères
quatre bras. En 1719, ils sont 120 frères dans 22 villes, et 880 frères
dans 116 maisons à la veille de la Révolution. Fermées
ces maisons n'ouvriront qu'en 1808 avec 100 frères. En 1829, les frères
ouvrent des écoles normales primaires départementales. La laïcisation
de l'enseignement primaire vers 1880 les obligera à développer
les écoles privées. En 1858, les vœux triennaux sont remplacés
par des vœux annuels. En 1904, la loi sur les congrégations les
oblige à fermer leurs écoles. Ils sont 10600 frères en
France, 221 partent au Canada. Un tiers se sécularise pour éviter
de délit de congrégation.
La compagnie du Saint Sacrement
Cette compagnie de
prêtres et laïcs est fondée à Paris en 1647 par un
pieux laïc d'une grande famille limousine, le Duc de Ventadour. Cette société
discrète voire secrète a œuvré à Limoges de
1647 à 1660, date à laquelle elle fut supprimée par le
Cardinal de Mazarin. Ses membres se dévouaient auprès des prisonniers,
et de leurs familles.