Charnes - Cher

Localisation :
Cette celle se trouve sur le territoire de la commune de Bannay, canton de Sancerre. Pour y parvenir, prendre la sortie nord de St Satur (D 955), ne pas franchir le passage à niveau, mais prendre le chemin qui monte en longeant le chemin de fer. Il conduit à la maison forestière, y demander la permission . Le gardien vous indiquera la route à suivre.

Intérêt : église (Nord) : O - Est : 2.


Vestiges :
Seul subsiste le passage (photo). Il est à moitié enterré, et sert de cave au locataire de l’ancienne chapelle, devenue logement pour les bûcherons. Une croix se dresse sur le pignon Ouest de ce bâtiment, ainsi qu’une niche dans ce mur. Cette chapelle passe pour avoir été consacrée à St Eutrope. Sécularisé à la Révolution, un futur évêque y est né le 11 juillet 1836.

Histoire :
Cette celle fut fondée avant 1173 par Etienne, comte de Sancerre. Il a fait donation “ à la Vierge Marie et aux frères de Grandmont, qui demeurent dans les bois de Charnes, où ils ont bâti un monastère”, de tous ses droits (haute, moyenne et basse justice, droit de gruerie: ancienne juridiction où les officiers forestiers jugeaient les délits). Il donne en outre trois sous par jour. Cette donation fut confirmée la même année par Godefroy, Abbé de Saint-Satur. Aux cours de siècles suivants, confirmation est faite en 1198 par son fils Guillaume, puis en 1230 par son petit-fils Louis. Le 29 Mars 1402, Marguerite, Dauphine d’Auvergne, Comtesse de Clermont et de Sancerre, confirmera à nouveau cette donation. En 1317, la bulle du Pape Jean XXII, l’unit à Vieupou “pour avoir une communauté capable d’y célébrer et chanter le service divin”. Un prieur y restera pour gérer ce bien. En 1562, le prieuré est ruiné par ceux de la “Religion Prétendue Réformée, et qu’il n’y avait depuis aucun laboureur capable, qui demeura aux terres du prieuré” .
On note deux visites pour établir des projets de reconstruction. La première en 1609, par Dom P. Pasquier, Grand Vicaire de l’Abbé de Grandmont, puis en 1619 par Dom Bernier. Des devis furent établis, mais les travaux prévus ne furent jamais entrepris .
En octobre 1666, Charles Robert, juré, dressa ainsi l’arpentage du Prieuré :
Total des surfaces : 326 arpents 68 carreaux, dont 248 arpents de bois, 63 arpents 56 cordes de terre labourable, 11 arpents et 12 cordes de prés, et 4 en bâtiments, jardin, verger et place. Le total des cens et rentes perçu s’élevait à 72 livres 7 sous et 2 deniers en argent, 23 boisseaux de froment, 1 setier et 1 boisseau de seigle, plus un chapon.
Dans un compte rendu de visite en 1672 on parle d’une petite chapelle.. séparée par une muraille des quartiers de la grande. La celle de Charnes était consacrée à la Vierge, mais elle avait comme d’autres celle un patron secondaire, ici Saint-Eutrope. La chapelle de la celle n’étant plus en service, les Grandmontains voulurent perpétuer ce culte, très suivi dans la région, en édifiant à proximité une nouvelle chapelle, qui seule subsiste encore aujourd’hui.
Le 6 août 1682 le prieur commendataire Cumes de Préfontaine demanda l’autorisation de vendre des chênes de la foret de Charnes pour réparer le prieuré. “Il voulait également augmenter le nombre de religieux réformés et leurs revenus pour que le service divin y put être célébré avec plus de solennité et de dévotion. Il fait faire aux bâtiments pour plus de 2.000 livres de réparation, dont il a supporté la dépense, avec d’autant plus de pertes qu’il a été troublé en la possession et jouissance du prieuré de Charnes par les sieurs commendataires et chevaliers de l’ordre de St Lazare, lesquels s’étaient saisi de tous les biens en dépendant, et en prenaient les revenus depuis 5 ou 6 années, sous prétexte qu’ils prétendaient que c’était un hôpital ...l’église dudit prieuré qui était tombée de vieillesse et de caducité, est située au milieu des bois. Elle est entièrement par terre....Il sera nécessaire de construire une chapelle, qui sera faite à la place de l’ancienne église”
C’est dans cette nouvelle chapelle que Mgr Roye de La Rochefoucauld, évêque de Bourges, en tournée pastorale dans son diocèse, vint célébrer la messe le 7 mai 1738. Il s’enquit par la même occasion des biens et revenus de la celle...
Le 10 juillet 1748, un bail est passé devant Me Vincent Drouart à Domecy, par Monsieur François Memmius Hoccard, vicaire général de Chalon et Prieur commendataire de Vieupou avec Etienne Moreux, marchand, et sa femme Marie Lejay, pour louer Charnes durant neuf ans.
Les contenances sont les suivantes :
“275 arpents de bois, 80 de terre, 1 et demi de pré, un étang, cens, rentes, dîmes, accrues , lisières, à charge en outre de payer aux révérends Pères Augustins de Sancerre, pour l’office et service qu’ils ont accoutumés de faire dans la chapelle du prieuré les 8 février (fête de St Etienne), 30 avril et 1er mai (fête de St Eutrope), la somme de quinze livres par an. Ils devront en outre employer chaque année une somme de vingt livres pour l’entretien et la réparation de la dite chapelle, et d’en porter quittance “ .
La chapelle fut vendue à la Révolution, et convertie en habitation. C’est ainsi que dans cette ancienne chapelle naquit le 11 juillet 1836, Félix Auguste BEGUINOT, qui devait devenir évêque de Nîmes, de 1896 à son décès, le 3 février 1921. Son père était garde-chasse de la propriétaire l’alors, la duchesse de Cruzol d’Uzès.
Actuellement le groupe d’assurances AXA, propriétaire du bois de Charnes interdit toute pénétration dans son enceinte, et ce bois ouvert autrefois à tous, aux anciens pour le bois mort, aux jeunes pour le muguet, et à tous pour les girolles, est désormais fermé pour permettre aux Nemrods de s’adonner à leur plaisir.

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