Boisvert (Hte-Vienne)

Localisation :
Cette celle se trouvait sur un talus surplombant la rive droite de la Vienne, dans la commune de Bujaleuf. Pour y parvenir de Bujaleuf, prendre la sortie sud-ouest (D 115) pendant 4 Km environ, le village de Boisvert se trouve à 150m à gauche de la route.

Intérêt :
Peu d’intérêt.


Vestiges :
Une ferme de la fin du XVIIIème, début XIXème siècle renferme en remploi quelques pierres appareillées, des fragments de moulure, et deux bénitiers, et deux belles portes remontées. Cette construction a du être édifiée après la vente à la Révolution des biens de première origine.
La propriétaire actuelle fait voir dans un pré attenant aux bâtiments, un monticule de terre qui recouvrirait les ruines de l’ancienne chapelle du prieuré.

Histoire :
La celle de Boisvert semble avoir été fondée très tôt, avant 1140. Traditionnellement les Grandmontains considéraient cette celle comme fondée par les premiers compagnons de saint Étienne . Ces premières créations de l’Ordre, (Boisvert, le Châtenet, le Cluzeau), reçurent après la mort du fondateur une certaine autonomie, pour éviter aux moines la peine de revenir à Grandmont .
Un Jean de Boisvert figure dans le nécrologe primitif de l’ordre, à la date anniversaire du 27 septembre .
Le site devait être très boisé comme le suggère son nom, et sa situation sur une terrasse dominant à pic la Vienne, fait penser au site de Muret. Sa chapelle fut dédicacée à l’Assomption de la Vierge Marie. Le chanoine A. Lecler écrivait à la fin du siècle dernier :”Aujourd’hui, on y trouve les ruines de l’ancienne chapelle de la Sainte Vierge qui est encore un but de pèlerinage ”.
Boisvert reçu en 1202 des donations de Boson de Visio et de son frère Gaucelin de Deane, de toutes leurs terres, et tout ce qu’ils avaient au-delà de la rivière de Vienne, en tirant vers Grandmont . En 1230, Pierre de Jaunac , écuyer, et Guy, son fils, damoiseau, donnèrent leurs mas de Puibebi et de Beauhardet, sur la paroisse de Champnétery; et en 1233, P. Marchés, du château de Noblat, écuyer, donna tous ses droits que lui et ses neveux avaient sur le mas d’Auliat, paroisse de Bujaleuf.
Dans les documents de cette époque, septembre 1251, on trouve une sentence de Gaucelin de Châteauneuf permettant aux hommes d’Auliat de faire paître leurs troupeaux jusqu’à la croix de Boisvert, à moins que ceux de Bellabre n’aient semé. Les hommes de Prato, du Puey et du Vilar ont reconnu devoir aux frères et correcteur de Boisvert deux setiers de seigle, et une émine de froment, et cinq sous .
En 1278, Aymeric de Bujalou, clerc, et Jean son frère, reconnaissent et confessent donner aux frères de Grandmont de Boisvert, 50 sous d’argent, 80 sous sur la mense de Martineso, située sur la paroisse de Bujaleuf, et sept sous sur la mense du Mas, sur la même paroisse .
En 1285 sa communauté comptait quatre religieux. Elle fut unie à Grandmont en 1317. Leurs administrations étaient confiées à un “dispensateur”
Nous savons qu’en 1434, l’administrateur de Grandmont était Pierre de Favet .
Au XVème siècle, Boisvert était le centre d’un important groupe de domaines. Ces domaines furent accensés en 1558 et 1599. Le 13 août 1558, le frère Pierre de la Garde a insinué la collation qui lui était faite du prieuré par le chapitre assemblé à Grandmont par l’abbé François de Neuville . Mais notre religieux eu des difficultés avec le clergé local pour entrer dans les lieux; le curé de Bujaleuf refusant de lui ouvrir la porte de la chapelle.
En 1599, le frère Pierre du Coudier est nommé "prieur" de Boisvert. Il prend possession personnellement de son bénéfice le 5 octobre 1599 des mains de Messire Anthoine du Mont, en présence du notaire Me Léonard Louriaulx, habitant Grandmont. Après avoir montré ses lettres de collation et provision du Révérend Père en Dieu Frère François Marrand, il veut en prendre possession réelle, actuelle et corporelle par attouchement du verrou de la grande porte de l'église, aspersion d'eau bénite, pulsement de cloche, baisement et obsculation du grand autel...!
L’acte de prise de possession est le suivant :
Aujourd'hui 5ème jour du mois d'octobre 1599, au lieu de Boysvert, sénéchaussée de la Haute-Marche, environ 10 heures du matin, s'est comparu pardevant Messire Anthoine Du Mont, du bourg de Bujaleuf, prêtre, au-devant la grande porte de l'église dudit Boysvert, s'est comparu et présenté en sa personne, vénérable Frère Pierre De Coudier, religieux de l'abbaye et chef d'ordre de Grandmont, lequel a dit avoir été duement pourvu par Révérend Père en Dieu Frère François Marrand, Abbé et chef de tout l'ordre, de la maison et cellule de Notre Dame de Boysvert, en la paroisse de Bujaleuf, diocèse de Limoges, comme il l'a montré par ses lettres de collation et provisions écrites en parchemin, requiert audit Du Mont le mettre en la réelle, actuelle et corporelle possession de ladite maison et cellule de Boysvert, par l'entrée de l'église de Boysvert, attouchement du verrou de la grande porte, aspersion de l'eau bénite, pulsement de cloche, baisement et obsculation du grand autel, publiquement et sans contredit; dont ........on a concédé l'acte en présence de Me Léonard Louriaulx, notaire habitant Grandmont; Me Léonard Du Mont, prêtre habitant du bourg de Bujaleuf, Léonard dit « nonard » du Crosrieux et Jehan de Pouly du village de Villejoubert, demeurant audit Boysvert, témoins connus .
A Limoges, le 29ème jour d'octobre 1599, Personnellement Maître Léonard de Noailher, lieutenant, et comme procureur de Rigal de Lavaur, abbé de Grandmont, a insinué l'élection.
Il profitera de ce bénéfice jusqu'au 16 juin 1601, date à laquelle il sera remplacé par François d'Auberoche, religieux grandmontain. Celui-ci fut moins heureux en ce qui concerne la prise de possession :
“Personnellement frère François d'Auberoche religieux de Grandmont et prieur de Boisvert, a insinué sa lettre de tonsure plus la signature de la provision à lui faite dudit prieuré de Boisvert plus les lettres d'attestation de ses qualités, examens et collation à lui faites dudit prieuré de Boisvert avec l'acte de prise de possession.
Aujourd'hui sous écrit au lieu et village de Boisvert paroisse de Bujaleuf en la Marche, pardevant nous s'est présenté Vénérable Frère François d'Auberoche, religieux profès de l'ordre et abbaye de Grandmont, lequel en vertu de sa signature et provision du prieuré ou celle de Boisvert émanée de Notre Saint Père le Pape, en date du 4ème des nones de mars année dernière et visa de Monseigneur de Limoges a requis en présence des témoins bas nommés et de Messire Anthoyne Dumont, prêtre de Bujaleuf, soi disant avoir la charge de servir ledit prieuré (in domines) estre mis par Vénérable Frère Claude Beliot, religieux de ladite abbaye de Grandmont présent, en la réelle, actuelle et corporelle possession dudit prieuré de Boisvert, ses annexes, appartenances et dépendances; lequel dit Beliot aurait, pour cet effet sommé ledit Messire Anthoyne Dumont lui faire ouverture de la porte de ladite église, pour y introduire ledit d'Auberoche et y faire les cérémonies requises en la prise de possession; ce que lui ayant refusé ledit Dumont et par défaut de ne pouvoir entrer en ladite église qui était fermée à clef “.
Un différend semble en être la cause. Il va se révéler un peu plus tard. Puis François d’Auberoche revient le 16 septembre 1602. Cette fois là il est plus heureux, car malgré le refus du curé il est mis en possession de son bénéfice par le frère Claude Belliot :
“Vénérable frère Claude Beliot, religieux de l'abbaye devant le mettre en possession, François d'Auberoche somme Messire Anthoyne du Mont, prêtre de Bujaleuf, de lui faire ouverture de la porte de ladite église pour y introduire ledit d'Auberoche et y faire les cérémonies requises; ce que lui ayant refusé, ledit du Mont et par défaut de ne pouvoir entrer dans ladite église qui était fermée à clef a ledit Beliot pris ledit d'Auberoche par la main et lui a fait toucher ladite porte et verrou de ladite église et lui a dit :
"Pour cet attouchement, je vous mets en la réelle, actuelle et corporelle possession du prieuré et celle de Boisvert, ses appartenances et dépendances quelconques, de l'autorité de Notre Saint Père le Pape et de Monseigneur l'Évêque de Limoges et de la même autorité fais inhibition et défense à toute personne que ce soit de venir troubler, ni empêcher, dont et desquelles sommations, refus dudit Dumont, prise de possession, nous a ledit d'Auberoche, prieur dudit prieuré requis acte qui lui ont été concédé par nous notaire soussigné, es présence desquelles dites choses ont été faites, que nous lui avons octroyées pour lui servir en temps et lieu que de raison, Fait audit lieu et village de Boisvert, le 11ème jour de juin 1601.Présents Frère Jehan Roudet, aussi religieux de ladite abbaye de Grandmont, prieur de Notre Dame de Jarry et Annet de Monseret, papetier demeurant à présent à Saint-Léonard et Jehan Boyringier laboureur, demeurant au village de Coudier près ledit Grandmont, témoins qui ont signé, fort lesdits De Monseret et Boyringier qui ont dit ne savoir.
Bourbon notaire royal ”
Il semble que les relations ne devaient pas être au beau fixe entre les religieux grandmontains et le clergé de Bujaleuf, car en 1602, une assignation est lancée à Antoine de Moret, prêtre de Bujaleuf pour le paiement d'une rente non payée . En 1605, c'est une procédure qui est intentée par l'Abbé contre le procureur de la justice de Bujaleuf à propos des droits de justice .
Dans un acte du 25 juillet 1634 nous apprenons que le prieur de Boisvert est Dom Jean le Maigre .
En 1641, les tenanciers des terres dépendant du prieuré furent assignés par l’Abbaye, pour les obliger à passer de nouvelles reconnaissances. Parmi eux un Jean Vetit, apothicaire, qui n’avait pas obtempéré, fut poursuivi par Dom Antoine de Chavaroche, en tant que tenancier de Tras Louprat, sur la paroisse de Bujaleuf .
Le 20 décembre 1662, le revenu de Boisvert est affermé:
“Au lieu de Grandmont en la Marche Dom Antoine de Chavaroche conseiller et aumônier ordinaire du Roi. lequel a volontairement affermé à M Léonard Coquille maître-papetier en la ville de St Léonard, parlant, stipulant, et acceptant savoir tout le revenu du prieuré de Boisvert situé en la paroisse de Bujaleuf, annexé perpétuellement uni à ladite abbaye, consistant en deux métairies dans ledit lieu, maisons, jardins, prés, terres, bois, droit de lod et rente...pour 7 ans et 7 cueillettes pour la somme de 50 livres à chaque fête de St Jean Baptiste. Sera tenu ledit Coquille pendant l’assence et la ferme entretenir lesdits bâtiments du couvert et en bon état où semble la chapelle d’iceluy, et de les laisser de même à la fin de ladite ferme, comme pareillement d’y faire faire le service divin, sans endommager les bois et forêts dudit lieu par le Sr Coquille n’est d’en prendre pour son chauffage dans le dit lieu a moins de dommage et pour l’entretien de la chapelle .
Deux moulins dépendaient de Boisvert. Ils étaient situés près de Saint-Léonard, l’un fabriquait du papier, et le second de la farine. On trouve à Limoges des pièces de procédure et des titres concernant le fermier du moulin à papier de Boisvert datés du 13 juillet 1668 pour un bail commencé le 20 décembre 1662 pour cinq ans, et y inclus les moulins à blé et à papier. Ce bail est établi par devant notaire en présence de Dom Joseph Boboul, prieur de la Faye de Jumilhac et syndic de l’Abbaye de Grandmont, avec Léonard Coquille, maître-papetier, qui a reconnu : “volontairement déclaré avoir connu et contrôlé avoir vu les meubles du moulin par les mains de Michel Beauphonie, précédent fermier dudit moulin en présence de Dom Joseph Boboul, prieur de la Faye de Jumilhac, syndic de l’Abbaye présent, et savoir...escabelles et un banc dans l'eschandoir, un lissoir, une arche... ”.
Nous avons affaire a cette époque à une bourgeoisie qui fait fructifier les biens amassés dans le commerce, par l’exploitation de terres entretenues par des mercenaires (métayers). Cette situation est bien décrite par le professeur Jean Tricard :
“Avec le développement de nouveaux rapports de force après 1500, les bailleurs sont en situation d’exiger toujours plus de leurs métayers, tout en réduisant leur propre participation à l’exploitation des métairies. Ils restent pour l’essentiel, responsables de la fourniture des semences, du bétail et de l’outillage. Surtout ils deviennent des prêteurs d’argent. En revanche, s’ils fournissent encore une partie des salariés pour la moisson, ils se préoccupent moins qu’à la période précédente de la fenaison, des battages, de la fumure des champs, des transports; ils participent moins au règlement des impôts, à l’entretien des bâtiments et des prés. En échange, les baux se précisent et multiplient les tâches du métayer. Ils montrent que ce dernier est perpétuellement sous surveillance et que l’ère du soupçon commence...le métayer doit causer le moins de dégâts possible aux bois lorsqu’il en prend pour son chauffage, la réparation de sa maison ou des clôtures “
Ce Léonard Coquille, après avoir pris en location pour cinq ans, les terres de Boisvert en 1662, prend à bail les moulins à blé et à papier, plus dans ses compétences, pour en garder l’exploitation. Ce bail sera prorogé le 13 juillet 1668 pour cinq autres années. Les terres par contre seront louées le 9 septembre 1673, à des laboureurs : “Léonard de Villejoubert et Maureil du Ponty, cousins, et Pierre Thomas, fils de Jacques Thomas, laboureurs demeurant métayers au lieu de Boisvert ”, par Dom Boboul, syndic de l’Abbaye. Nous avons la un exemple de la reprise de l’exploitation par une “frérèche élargie”, comme souvent l'abbaye de Grandmont et les faire-valoir directs auront recours. Ce qui fait écrire au Pr Jean Tricard :
“La seigneurie de Grandmont emploie sur les plateaux limousins et marchois de l’est quatre-vingt-quatorze frérèches, cinquante-quatre élargies, cent-vingt-sept comparsonneries contre cent-quatre-vingt-trois tenanciers individuels. Les associations paysannes représentent 60% des tenanciers de Grandmont. Mais leur supériorité se marque plus encore dans la nature et les dimensions de leurs tenures....A la fin du XVe siècle, frérèches et comparsonneries dominent de plus en plus le monde rural limousin ” et plus loin il écrit : “ Il serait cependant dangereux d’idéaliser leur action et d’en faire les sauveurs des campagnes limousines. Leur présence dans la seigneurie de Grandmont n’y fait pas disparaître toutes les friches et toutes les terres encore en absine vers 1500”.
Le 30 avril 1681, le R.P Dom Simon Loppin, prêtre prieur de l'abbaye de Grandmont reçoit de M Martin Duboys, prêtre prieur de Bujaleuf les droits de lods et vente dus pour l'acquisition de la métairie de la Brousse "mouvante de ladite abbaye" .
Puis le 30 juillet 1684, l’acte suivant est passé par l’Abbé Alexandre Frémon :
“Pierre Moussat, laboureur, habitant dans le prieuré de Boisvert, acceptant la maison noble, seigneurie, et prieuré de Boisvert, consistant en l’église, maison, granges, écuries dudit prieur...le dit Moussat sera tenu de faire dire les messes ordinaires, entretenir les maisons dudit prieuré, la chapelle.. pour la somme de 500 livres à valoir à partir du 10 décembre 1685.”
La chapelle est toujours en état de servir. On y célèbre un mariage le 20 août 1681, entre noble Emmanuel de Châteauneuf, seigneur du Chalard, et Catherine de Flotte, dame de Belabre; puis le 10 février 1687 le mariage de Pierre Bourdicaud, sieur de Fougeoles de la paroisse de St Pierre-Château avec Melle Anne de la Saigne, demoiselle d'Auliat. Les témoins étaient Antoine de Maumont, écuyer, sieur du Chalard, et Léon de la Saigne, écuyer, sieur du Mazeau.
Un autre bail est passé le 30 juillet 1684 il concerne le moulin et la papeterie, avec départ le 10 décembre 1684, pour une redevance annuelle de 110 livres, trois rames de papier et un saumon .
On trouve également à Limoges (1600/1680) des pièces de procédure contre un sieur de Bellabre, pour avoir exercer des violences contre les tenanciers de Boisvert .
Le 12 mars 1685, l’abbé Alexandre Frémon nommait Vincent Barny, juge châtelain de Boisvert .
Le 19 Janvier 1699, un bail est passé à Grandmont à huit heures du matin au Chapitre convoqué et assemblé au son de la cloche par le R.P en Dieu Dom Henry de la Marche de Parnac, et Dom Jean de Volondat, prieur claustral, Antoine Filliol, François le Baillif, Jean Bonnet, François Lefébure, professeur de philosophie, François Paquerage, chantre, Pierre de la Haye, sacristain, Jean Maleden, Joseph Joubert....des moulins à bled et à papier sur la Vienne, écluse et paniers à pêcher en la paroisse de Bujaleuf, avec tous les meubles meublant et ustensiles, outils et autres dont François Coquille est chargé par les baux en conséquence desquels il tenait lesdits moulins, prés, et autres domaines, et les tient jusqu'au dit jour 15 mars prochain suivant (1699), suivant le bail du 11 août 1677"
Les biens furent affermés pour 99 ans dans un bail emphytéotique, reçu par Dom Muret pour le prix annuel de : 112 livres, trois rames de papier et un saumon, au Sieur Baptiste Sauvage, bourgeois et marchand de la ville de St Léonard .
Mais ledit Baptiste Sauvage n’arrivera pas à rentabiliser son opération. Il demande le 16 mai 1704 après midi, à St Léonard à Dom Henry de la Marche de Parnac, le délaissement et déguerpissement du moulin. Dom Henry de la Marche refusera, quoique le sieur Sauvage était en droit de demander sa liberté. Le 28 mai 1704 Dom Léonard de la Celle est envoyé à Boisvert pour notifier au sieur Sauvage le refus de l’Abbé :
“Au moulin de Boisvert s’est présenté Dom Léonard de la Celle, religieux, syndic de l’Abbé de Gr, lequel nous a requis de vouloir nous transporter au moulin de Boisvert sur l’acte de déguerpissement et abandon fait au seigneur abbé chef général par le sieur Jean Sauvage, bourgeois et marchand de la ville de St Léonard desdits moulins de Boisvert par acte devant notaire royal Texier le 16 mai et duement signifié par Chabanne, huissier royal ayant trouvé ledit Sauvage en parlant à la personne accompagnée dudit sieur sindic. Je lui ai déclaré au sieur de la Celle que le Sgr Abbé ne peut accepter le deguerpissement à lui offert par le sieur Sauvage qu’il n’ait mis le dit moulin et bâtiment en bon état comme il s’y est obligé par le contrat du 19 janvier 1699 reçu par Demuret notaire. “
Un arrangement dut avoir lieu, car le 23 juin 1709, le bien trouva un autre repreneur, sans doute avec l’assentiment des deux parties, l’acte étant dressé chez le sieur Sauvage.
“Le 23 juin 1709, en la ville de St Léonard dans la maison du sieur Sauvage bourgeois de la dite ville par-devant notaire ont été présent
Jean Maledent religieux syndic de l’Abbaye chef d’ordre, lequel a volontairement affermé au sieur Léonard Fraissinaud, marchand en la ville de St Léonard, présent et stipulant et acceptant, savoir les moulins à bled et à papier dépendant du prieuré de Boisvert annexe de ladite abbaye, situé sur la rivière Vienne, en dessous dudit prieuré avec leurs appartenances et dépendances, jeux garnis, celuy de bled tournant et virant garni de meules, et l’autre à papier, de batteries, et autres choses nécessaires à faire le papier, ensemble le revenu des battes ou paniers à prendre poisson étant en dessous des pales dudit moulin avec tout droit d’eau de pêche sur ladite rivière de Vienne seulement, de chasse sans aucune retenu si ce n’est lorsque ledit Seigneur Abbé de Grandmont y viendra ou les religieux ou domestiques, avec ordre dudit Seigneur, pour la pêche qui se réserve dans ladite écluse quand bon lui semblera,...Le syndic audit sieur Fraissinaud présent comme dessus pour le temps de neuf années neuf jouissances continuelle et consécutives a commencé ladite afferme au quinzième du mois d’Août prochain et finira de même et semblable jour après lesdites neuf années et le tout moyennant la somme de cent livres deux rames de papier estimé à 40 sols avec deux saumons l’un d’hiver et l’autre d’été pour une chacune des neuf années.... ”
Une remise de dettes de 25 livres doit être consenti à ce papetier le 2 janvier 1711; ce dernier : “ayant subi des pertes suite aux inondations, et à ce que le moulin a vaqué pendant le temps qu’on a fait les réparations dud. moulin “.
En 1733, lors de l’évaluation des revenus de l’Abbaye, par l’abbé de la Guérinière, Boisvert était porté comme rapportant 420 livres .
Des travaux furent entrepris en 1766 comme le prouve une date sur une pierre.
Boisvert avec Bonneval de Serre et Saint-Martin-Sainte Catherine étaient affermés, en 1772, 1100 livres, plus la moitié des lods et ventes .
Boisvert fut uni, comme toutes les annexes de l'Abbaye, à l’évêché et siège épiscopal de Limoges, par le décret du 27 Juin 1781 . A la Révolution le bien fut mis en vente. Le lieu était habité en 1806 par 22 personnes, en 1836 par 24, et en 1896 par 22.

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