Barbetorte (Vendée)
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Histoire :
Sa fondation serait de 1195. Elle est attribuée à Richard-Coeur-de-Lion.
Cette supposition vient d’une confirmation de Richard au prieur et aux
moines de la Meilleraye, ainsi qu’aux moines de Bonneray et de Barbetorte,
de droits donnés par son père Henri II sur la possession de leurs
bois; droits donnés jadis par la reine Aliénor .
En 1285 Barbetorte hébergeait 6 religieux, et fut uni en 1317 au prieuré
de Sermaize (n°18), puis ensuite directement au Chef d’ordre le 23
janvier 1342 .
Il semble que cette annexe n’ai plus eu de conventualité depuis
cette époque. Elle est devenue un simple bénéfice agricole
et surtout forestier. On trouve en 1598, un bail de l’abbé de Grandmont
François Marrand à un parent Claude Marrand, sieur de la Croix,
habitant le bourg de Rancon (Hte-Vienne), de différents prieurés
dont Barbetorte. Toutefois les messes de fondation furent assurées dans
la chapelle jusqu’au début du XVIIIème siècle. Des
correspondances de cette époque nous en donnent la preuve.
Du curé des Magnils :
“ 1677 - Je soussigné et confesse avoir reçu de M Courtin,
échevin et maire de cette ville, la somme de 60 livres, pour la livraison
d’un calice et de sa patène que j’ai fait faire pour la chapelle
de Barbetorte”
“30 juin 1689 - Reçu de M Courtin, pour le service de la chapelle
de Barbetorte, la somme de 50 livres”
Même chose le 30 juin 1689, le 30 décembre 1692, le 30 octobre
1693, etc, jusqu’au 7 mars 1713, où le curé reçoit
deux années. A noter qu’à cette époque la ferme rapportait
650 livres annuels
Puis les choses semblent se gâter, le 27 février 1712, M Courtin
écrit ceci, au Procureur Général Dom R.P Maledent :
“Je pars pour aller dire au curé des Magnils qu’il cesse
de dire les messes (de fondation) de Barbetorte, et je prévois qu’il
faudra lui payer la dernière année depuis la St Michel jusqu’à
N-D de Mars prochain”.
M Courtin ne semble pas s’être bien acquitter de la gestion de Barbetorte
ou tout au moins pas au goût du Procureur Général, car on
trouve la lettre suivante de Dom Maledent datée du 20 septembre 1712
:
“Monsieur,
Nous avons un petit prieuré près de Luçon, nommé
Barbetorte. Il y a très longtemps que Mrs Courtin de Fontenay le Comte
en ont joui comme fermiers de père en fils, mais comme celui-ci, qui
est Conseiller Honoraire au siège de Fontenay, en agissant mal, M l’Abbé
lui ôte la ferme ou plutôt à celui qui lui prête son
nom, et dont il est caution, et la donne à deux particuliers de Luçon...”
Effectivement le 14 novembre 1712 M Delalande, le nouveau fermier, écrit
à Dom R.P Maledent :
“Nous avons cru être obligé de vous donner avis de l’état
des bâtiments de Barbetorte qui menacent ruine et surtout du pignon de
la grange où se fait le vin du coté du Treuil ”.
et le 19 décembre de la même année :
“La maison des métayer va par terre, faîtes la couverture
il est de votre intérêt de mettre ordre au plus tôt.”
On du donner l’ordre de faire des réparations, car le 26 mars 1713
on relève une proposition de réparation de la toiture de la chapelle
pour la somme de 1.300 livres. Le 28 avril 1714 un état des réparations
est établi :
“État des réparations faites au prieuré de Barbetorte
et ses annexes par moi, faites tant pour les matériaux que façon
d’ouvriers : 3.000 tuiles et deux tonneaux de chaux...un tonneau de clous,
un mille d’aiguilles...plus avons fait peindre un saint Laurent et un
devant d’autel et le gradin... ”
Le cure des Magnils reçoit encore pour ses bons services 50 livres le
10 août 1714. Mais ce fut sans doute une des dernières fois, car
le 12 septembre 1717, on trouve une lettre du curé Gautereau :
“..Je ne puis m’empêcher de vous marquer que ces réparations
de vitres sont à peu de chose, j’entre dans vos raisons quand vous
dites que ces réparations sont exorbitantes....Premièrement, dans
le bas de votre chapelle ,à la fenêtre un châssis de bois
dormant suffirait qui va à peu de chose, dans les deux autres du haut
de la chapelle, il ne serait point nécessaire de mettre des vitres partout..
..de plus le sieur Delande me surprit beaucoup en disant qu’ils avaient
ordre de vous, de ne me payer la rétribution des messes de cette année.
Je ne sais d’où cela peut provenir, c’est une énigme
pour moi. J’ai agi de bonne foi, croyant que vous seriez bien aise que
les messes se disent...Mgr m’a donné la permission par écrit
d’acquitter les messes au Magnils jusqu’à ce que la chapelle
soit en état, et je suis convaincu que je suis très content de
faire ce service à votre chapelle...”.
On ne trouve plus trace de desserte des messes de fondation à partir
de cette date.
Un procès-verbal de visite du 13 juin 1731 fait l’impasse sur l’état
de la chapelle :
“ et de là nous sommes allés dans une allée qui conduit
à la chapelle dans laquelle il nous a apparu qu’il y a eu une porte
du coté du midi. Laquelle est tombée, à laquelle il manque
un gond et une pommelle, et laquelle étant barrée à neuf
peur servir. A laquelle il nous a paru y avoir jamais eu aucune ferrure, ni
verrou; et depuis nous a été représenté une vieille
serrure en bois, en ruine de caducité et de vieillesse. De là
sommes allés dans une écurie...”
Tout le reste du procès-verbal décrit des bâtiments à
l’abandon (voir pièces).
Barbetorte est affermé le 15 Mars 1748 à François Thiré
et Françoise Augé sa femme devant Me du Tourneau et Nouhant, notaires
à Luçon, pour la somme de 1000 livres; la ferme commençant
à Notre-Dame de Mars 1748.
Un terrier est dressé le 1er Mars 1751 , il donne de nombreux renseignements
sur les revenus temporels du prieuré. 117 reconnaissances sont établies,
la plupart concernent des revenus portant sur de petites contenances, d’un
demi à quatre journaux de vigne. En voici quelques exemples :
le 2 Mars 1751
François Veneau, vigneron, demeurant en la ville de Luçon paroisse
de St Mathurin .. a reconnu et confessé par cette présente tenir
en la paroisse et dépendance du prieuré, quatre journaux de vigne
situés sur le fief du prieuré devoir être obligé
de payer chaque an au révérendissime père en Dieu Dom François
Xavier Mondain de la Maison Rouge à cause du prieuré la cinquième
partie des fruits naissants croissants de quatre journaux de vigne et un denier
de solage par journal en portant vente et honneur, fief et juridiction, a promis
s’être obligé par cette présente de payer, porter,
savoir continuer à l’avenir chaque an étant en saison de
vendanges, de l’apporter au treuil du prieuré de Barbetorte
le 4 mars 1751
Jean Boislard, vigneron, demeurant au bourg des Magnils a confessé détenir
deux journaux de vigne situés dans le fief des Essarts de Barbetorte,
plus un journal de vigne situé au fief Long. Pour raison du tout, reconnaît
devoir payer chaque an au révérendissime père en Dieu....
en son absence à Dom Armand Jean Lamirault, prêtre, religieux,
procureur-syndic, fondé de procuration, la cinquième partie des
fruits naissants, croissants, et pour 3 journaux de vignes confrontant, un denier
de solage par journal. Il reconnaît à chaque saison de vendange
porter au treuil du prieuré...
Le 4 mars 1751
Louis Bris, journalier, demeurant au bourg paroisse des Magnils-Régniers,
a reconnu et confessé tenir en la paroisse un journal et demi de vigne
situé au fief Long, seigneurie de Barbetorte, plus un quart de journal
au même fief en vigne, plus un demi-journal de vigne en friche depuis
six ans, nommé Tublier, plus un demi journal situé au fief de
la Croix. Pour raison de quoi devoir à révérendissime Dom
François Xavier de la Maison Rouge en son absence à Dom Armand-Jean
Lamirault, prêtre, religieux, procureur syndic de ladite abbaye: savoir
le cinquième des fruits naissants croissants et pour les deux journaux
3/4 ci dessus, un denier de solage par journal comportant fief et honneur
4 mars 1751
Pierre Nicolas Gaucher, journalier, demeurant au bourg des Magnils a reconnu,
confessé, détenir quatre journaux de vigne situé au fief
Long, plus un demi journal situé au même fief....
Marie Biron veuve de François Bigot journalier demeurant au village de
Beugné, a reconnu...deux journaux de vigne, situé au fief de la
Croix, devoir la 5ème partie des fruits naissants....8 mars 1751
Louis Coulais, laboureur, Village de Beugné,... pour un journal et demi
de vigne détenu au fief Long, plus 3 journal de vigne au fief des Essarts,
est obligé de payer chaque an, la 5ème partie et un denier de
solage par journal, et de continuer à l’avenir de porter sa récolte
au treuil...
8 mars 1751
Jean Grignon, journalier, demeurant au Village de Beugné, paroisse des
Magnils, ...un journal et demi de vigne au fief de la Croix. Doit la 5ème
partie des fruits.. promet porter au treuil...
8 mars 1751
François Roy journalier et Simon Couaillaud aussi journalier, demeurant
au Village de Beugné, paroisse des Magnils, ...1/2 journal de vigne au
fief Long
plus ledit Couaillaud déclare posséder indivis avec Marie Couaillaud
sa soeur ...un journal de vigne situé au fief de la Croix. Doit la 5ème
partie des fruits... et de continuer à l’avenir de porter au treuil...
plus un denier de solage par journal.
8 mars 1751
Mathurin Riché marchand en la ville de Luçon, curateur aux enfants
mineurs de feu Louis Jumauleau et Jeanne Beaupeux, un journal de vigne au fief
de la Croix. Doit la 5ème partie fruits.. un denier de solage par journal
8 mars 1751
Marie Guillaudeau veuve de Marin Agent journalier demeurant au bourg des Magnils,
un journal de vigne au fief long, doit 5ème partie fruits naissants...et
un denier de solage par journal
9 mars 1751
Jean Regnaudin 2 journaux au fief de la Croix, plus un demi journal, même
fief, plus un journal au fief des Grives. plus un demi journal au fief Long
- plus un journal même fief
9 Mars 1751
Charles Dibot, laboureur, demeurant au bourg des Magnils : un journal de vigne
au fief des Essarts plus cinq journaux de vignes au fief Long, plus un journal
de vigne au fief de la Croix, plus un demi journal de vigne en friche au fief
des Essarts.
.....
11 mai 1751
Louis Bridonneau, journalier, demeurant bourg des Magnils, ... a un journal
et demi de vigne en friche au fief des Essarts joignant la vigne en friche d’André
Mainardeau située fief des Essarts, plus un journal de vigne au fief
de la Croix....
Par contre d’autre déclarations font état de surfaces nettement
plus importantes :
12 janvier 1752
Paul-François Marchegay de Lernière, conseiller du Roi, Lieutenant
de l’élection de Fontenay-le-Comte, a reconnu par les présentes
détenir :
premièrement vingt journaux de vigne situés au fief Long plus
onze journaux de vigne, situé même fief
plus sept journaux de vigne, même fief
plus huit journaux de vigne, même fief
plus deux journaux de vigne, même fief
plus un journal de vigne, même fief
plus deux journaux de vigne en friche, même fief
plus un journal de vigne en friche, même fief
plus onze journaux de vigne en friche, même fief
plus huit journaux de vigne, au fief de la Croix
plus deux journaux de vigne, au fief de la Croix
plus un journal de vigne actuellement en friche, au fief de la Croix
plus un journal de vigne également en friche, au fief de la Croix
plus deux journaux de vigne, actuellement en friche, au fief de la Croix
plus un journal de vigne en friche, au fief de la Croix
plus cinq journaux de vigne, au fief de la Croix
plus deux journaux vigne en friche, au fief des Essarts
plus huit journaux de vigne en friche, au fief des Essarts
plus deux journaux de vigne en friche, au fief des Essarts
plus 7 journaux de vigne actuellement en friche, au fief des Essarts
plus 3/4 boisselés de terre labourable en quinze sillons, situées
au ténement des Grands Champs, paroisse des Magnils
plus une demi-boisselée de terre labourable en neuf sillons situé
au même ténement
plus trois quart de boisselée en terre labourable, même ténement
plus deux boisselées de terre labourable, ténement de la Touche,
paroisse des Magnils
plus trois boisselés, terre même ténement.
plus six boisselées de terre labourable au ténement de la Minière,
paroisse des Magnils. Plus une masure autrefois chambre, avec une planche de
jardin situé en la rue du Châtelet.
plus une masure situé à coté de la cours des Magnils.
savoir, doit le cinquième des fruits croissants, un denier de solage
par chaque journal de vigne, et sur lesdites terres de payer, porter, et continuer
à l’avenir chacun an à la saison de vendange et moisson
de porter au treuil et granges du prieuré....
On constate que de nombreuses parcelles de vigne sont en friches, et cela de
façon récente; six ans, reconnaît un déclarant. Il
semble qu’il y ait eu surproduction et mévente du produit à
une époque où le vin ne se conservait pas plus d’un an.
On constatera également le même fait en prenant connaissance du
terrier du prieuré de la Meilleraye. Tout ces revenus temporels multiples
et éparpillés vont être par la suite affermés, ce
qui dispensera les religieux a entreprendre une guerre d’usure pour obtenir
leur du, ainsi que l’obligation d’entretenir un treuil et une grange.
Le 6 décembre 1751, un contrat est conclut pour réparer les murs
de clôture de Barbetorte :
“Aujourd’hui sixième jour de décembre mil sept cent
cinquante et un, par-devant notaire garde notes à Luçon...ont
comparu Dom Armand-Jean Lamirault, prêtre, religieux, procureur syndic
de l’Abbaye chef d’Ordre de Grandmont y demeurant ordinairement
province de Haute-Marche, paroisse de St Sylvestre diocèse de Limoges
étant présent dans cette ville d’une part,
et Jean Glaumée, maître maçon, demeurant au village du Pont,
paroisse de Sousbersac, aussi en Haute-Marche, étant aussi présent
audit lieu d’autre part,
Entre lesquelles parties a été fait le marché qui suit
:
savoir que ledit Glaumée promet de faire et reconstruire à neuf
depuis les fondements tous les murs et clôtures du prieuré de Notre-Dame
de Barbetorte en la paroisse de Magnils-Reigniers près de la ville de
Luçon dépendant de l’abbaye de Grandmont...à prendre
les dits murs suivant l’ancienne enceinte, lequel murs seront de deux
pieds d’épaisseur dans le bas et d’un pied et demi sous le
chapeau et seront de sept pieds de hauteur sous ledit chapeau, qui sera d’un
pied et qui sera entouré de huit pieds hors de terre. Promet aussi Glaumée
de faire quatre bons piliers de pierre de taille, à chaux et à
sable, bien solide, pour y attacher des portes ou barrières. Comme aussi
de bâtir à neuf une porte dans le mur vis à vis le bois
de réserve de deux pieds trois pouces de large sur cinq pieds de haut...”
On demande réparation des bâtiments au fermier pour sa négligence
dans son entretien :
“Le 18 février 1752 M Abraham-François Théronneau
du Pevieau a reconnu au terrier, et s’est obligé à rebâtir
suffisamment la maison, la grange, et les murs de clôture de la maison
du Petit-Barbetorte et Curzon, qui sont entièrement ruinés par
la négligence des auteurs dudit sieur Théronneau. Il faudra avoir
le soin de faire rendre une autre déclaration dans dix ans, et avoir
attention à faire relever les bâtiments qui font l’objet
de conséquence pour la ferme à venir.”
Pour faire reconstruire le Chef d’Ordre, en piteux état, le Roi
consent à l’adjudication de nombreuses coupes de bois, dont à
Barbetorte.
“Arrêt du Roi du 27 avril 1750. Extrait du registre du Conseil d’Etat.
Sur la requête présentée au Roi en son Conseil par l’Abbé,
Chef général de l’ordre de Grandmont, situé dans
la Marche dépendante du Poitou. L’église et bâtiments
soit la vétusté, ou la mauvaise construction, sont tombés
dans une ruine totale, quelques précautions qu’on ait prises pour
les soutenir, tant qu’ils ont été susceptible de réparation.
Que cette ruine est constatée par un procès-verbal du Sr de Tourny,
intendant de Limoges, commis à cet effet par arrêt du Conseil du
31 Mai 1732. Par ce procès-verbal au 1er août 1732, le devis estimatif
dressé par le nommé Naurissart, ingénieur des Ponts et
Chaussées...coûtera la somme de 310.447 livres 10 sols... ”
Le 12 mai 1760, Jean Cormel, géomètre-arpenteur juré du
Roi en la maîtrise particulière de Fontenay, procéda à
l’estimation des bois
Les bois furent coupés, mais furent loin de produire la somme requise
pour entamer les travaux.
Après la dissolution de l’ordre, Barbetorte était encore
un bénéfice du Chef d’ordre. On trouve le 2 avril 1780 l’acte
suivant :
“Le sieur Jean-Charles Reveillaud, marchand, demeurant à Luçon,
fondé de procuration général et spécial du R.P en
Dieu Dom François-Xavier Mondain de la Maison-Rouge, dépendant
immédiatement du Saint-siège, conseiller du Roy, et aumônier
ordinaire...
et le sieur Jacques Raffin, fermier boulanger, demeurant à Luçon
affermé Barbetorte pour sept ans. La première année commençant
pour la fête de N-D de Mars prochain, finissant en 1787...consistant en
maison, grange, treuil, écurie, étable, fournil, toits, cour,
jardin, droit de fief, complant, terrages, près, terres labourables et
non labourables, bois, taillis, cens, rentes et autres droits...”
Mais si l’abbaye perçoit encore des revenus de Barbetorte, la maison
par contre sert de “maison des champs” aux jeunes séminaristes
de Luçon.
A la Révolution, les terres, les bois et la maison, ou du moins ce qu’il
en subsistait, une grande salle à manger, une cuisine et deux chambres
en ruines, une maison à loger le bordier, un jardin, des terrains furent
vendus comme bien national. Le 19 juillet 1795, une estimation est dressée
par un expert pour un acquéreur éventuel, M Guillaume Rampillon,
demeurant aux Magnils-Reigniers .