Balezis (Hte-Vienne)
Localisation
: L’actuel château des Gondauds construit au XIXe a succédé à l'emplacement du prieuré de Balezis. Il se trouve sur la commune d’Isle, au sud-ouest de Limoges. Pour y parvenir, sortir de Limoges par la RN 21, (route de Périgueux) en direction d’Aixe-sur-vienne jusqu’à une laiterie (de Faye). Prendre le chemin qui monte raide sur la gauche jusqu’à Parpayat, traverser la D 74, et continuer le chemin en face qui donne en cul-de-sac au château des Gondauds. Vestiges : Il ne resterait rien des bâtiments d’origine, peut-être une cave voûtée, vestige de son passé viticole. Le château actuel a été construit au XIXe siècle, le plan cadastral napoléonien en fait foi. |
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Histoire :
Sa date de fondation est inconnue, mais dès 1195, les Grandmontains font
des acquisitions dans un lieu nommé alors La Grange ou la Chapelle de
Balesis. En effet, une chapelle avait été bâtie en décembre
1001, par Hilduin, évêque de Limoges, pour le monastère
de Saint-Étienne de Limoges . En 1206, Bernard Reix et Pierre son frère
donnent aux Grandmontains, ou plutôt au portier du monastère, une
redevance en nature qu'ils possédaient au Puy-Pelat, afin qu'il la distribue
en aumône à la porte du monastère . Vers 1215, Adhémar
Simon, sa femme et son fils vendent une terre au même endroit. Une maison
et trois sous de rente leurs furent donnés en 1216 par Brugerand . Ces
biens se trouvant sous la double juridiction de l’évêque
de Limoges Bernard de Savène, et du chapitre cathédrale en tant
que seigneurs du lieu, l'évêque de Limoges confirma toutes les
acquisitions en 1226, ce que le chapitre avait déjà fait en 1209
par une lettre donnée sous le scel de l'Archidiacre du lieu.
La chapelle fut bâtie en 1227 , pour semble-t-il une communauté
d’importance moyenne, car on relate dans un écrit du XVIème
siècle, que cette chapelle possédait treize stalles . Sa dédicace
était d’abord à la Sainte Vierge, comme dans tous les prieurés
grandmontains, et le patron secondaire était St Marc.
Elle possédait une pièce d’orfèvrerie remarquable
: Un ange sommé d’un reliquaire, se trouvant actuellement dans
le trésor de l’église de Saint-Sulpice-les-Feuilles (Hte
Vienne). Cette pièce exceptionnelle fut exposée dans “l’Oeuvre
de Limoges” au Musée du Louvre en 1995 sous le n 54. Elle est datée
par les spécialistes du Musée du Louvre comme étant des
années 1120/1140, et sa base et monture du XIIIe siècle. Le premier
inventaire a mentionner cette pièce est celui de 1575 : « Un petit
pied de cuivre doré où est un ange de cuivre doré, émaillé,
venu autrefois de Balézis ». L’inventaire de 1666 parle bien
de trois parties distinctes : «Un ange en bosse, de cuivre doré,
émaillé, porté par un pied carré et qui a sur la
tête un petit cristal garni de cuivre doré, sur lequel est ce billet
: sancti juniani confessoris ». A la Révolution c’est une
relique de la vraie croix qui y fut trouvée. Mme Elisabeth Taburet-Delahaye
pense que l’ange devait provenir de Balézis, et que la monture
est postérieure d’après sa modénature. Les frises
de denticules évoquant les feuillages sur le pied, ainsi que sur la monture
du reliquaire en cristal, et les cercles gravés sur le sommet de la monture,
se rencontrent dans les pièces d’orfévrerie du XIIIe s.
(monture de la burette de Milhaguet). Cet ange du XIIe siècle avait du
faire l’objet d’un dépôt provisoire à l’Abbaye
lors de l’évacuation de cette annexe avant la fin du XIIIe s, et
le pied aurait été confectionné à cette date pour
le transformer en reliquaire indépendant.
En 1229, le chapitre de la cathédrale Saint Étienne de Limoges
donna au prieur et frères de Grandmont, des vignes, des prés,
etc., qu'ils possédaient à Balezis . Puis en 1244, le même
chapitre donna spécialement aux grandmontains de Balezis, “le pré
Aubert, plus trois vignes assises sur led. pré, plus deux maisons que
les frères de Ballazis avoyent édifiées, desquelles le
fonds et solle appartenoyt audict chapitre Saint Étienne de Limoges,
plus une pièce de terre de la borderie de Parpayat, ladite terre est
devant la porte de Balezis, laquelle s'étend d'une part jusqu'au fossé
et clos de la terre de B. de Balezis, et de l'autre part jusqu'au chemin qui
va audit Parpayat..."ainsi que plusieurs autres choses . Ces dons étaient
faits moyennant certaines redevances payées aux chanoines, que les Grandmontains
acquittèrent jusqu'au milieu du XIVème siècle avec régularité
. Puis le paiement fut interrompu, le Chapitre réclama, mais l'Abbé
prétexta des pertes subies tant par le chef d'ordre que par le bénéfice
de Balezis pour obtenir des réductions ou des remises. À partir
du XVe siècle, Grandmont ne versa plus aucune redevance. La situation
en resta là jusqu'en 1715, date à laquelle le chapitre réclamera,
ce que nous verrons plus loin.
Pierre Amblard, damoiseau, donna tout son droit sur le clos des hommes de Parpayat,
situé devant la porte de Balezis en 1247 .
En 1253, l’ordre acheta à Jean de Vayres, riche bourgeois du château
de Limoges, deux moulins sur la Vienne, pour 9500 sous, monnaie de Limoges,
somme considérable pour l'époque .
L’évêque de Limoges, seigneur du lieu, renonça par
une déclaration expresse en 1278, a tous ses droits sur les biens que
Grandmont avait à Isle
La conventualité de cette communauté ne dura pas plus de soixante-dix
ans, "car les guerres et les épidémies en emportérent
tous les religieux ". C’est vers 1295 que la conventualité
fut vraisemblablement transférée à Grandmont, et Balezis
perdit tout caractère monastique. Cet abandon fut sans doute causé
par la diminution des effectifs de l’Ordre et peut-être comme il
est fait mention dans une déclaration de l’abbé Pierre Redondeau
en l’an 1400, qui attestait que les guerres et les épidémies
avaient fait depuis longtemps abandonner Balezis . Dans une pièce du
XVIe siècle on trouve une description de Balezis des premiers temps :
“Dict aussy le prieur que, de tout temps, il y a heu un prieur audict
lieu, lequel avoyt son église à régir et gouverner, où
il célébroit le service divin, assisté de religieulx dud.
ordre de Grandmont, en tel nombre que le revenu dudict prieuré pouvoyt
soubstenir; qu’il y a eu esglize belle ample pour le lieu, garnye d’auttelz,
de plusieurs sainctes reliques et de cloches, comme aussy de deulz rantz de
chayres de religieux, au nombre de treize...Il y a cimmetière deppandant
de lad. ésglize, où il y a plusieurs tumbeaulx, comme aussy il
y a eu antiennement maison, logis et jardrin, tant pour le prieur que religieux,
joignant et contigu à lad. esglize et prieuré, d’où
paroissent encore les vestiges et vieilles masures “
Balezis ne fait pas partie du dénombrement de 1295, ni de la bulle de
1317. On peut s’étonner dit M J.R Gaborit de voir des moines abandonner
cette maison qui par l’examen de ses titres semble mieux dotée
que la plupart des autres celles, Balezis étant située sur un
plateau fertile . On note en 1287 la nomination d’un administrator domus
de Balesis ou correcteur particulier, chargé de gérer le bien
. Il agit dans un acte comme exécuteur des dernières volontés
de Pierre Beau ou Lebeau, ce qui dénote l'abandon du lieu par la communauté.
Ce rôle d'administrateur étant tenu lors de la présence
d'une communauté par un curiosus.
On pense qu’à la fin du XIVe siècle les bâtiments
du prieuré étaient en ruine car en 1378 l’abbaye obtint
du chapitre cathédrale, pendant cinq ans, une notable réduction
des redevances, à condition de faire relever les constructions ; mais
elle n’en fit rien. De cette époque date trois lettres de l’évêque
de Limoges, Aymeric, “portant que les hommes de Balesis, en la paroisse
d’Isle, doivent monter la garde audit château”
J.R Gaborit résume d’une manière concise l’histoire
de Balezis: “très modeste établissement grandmontain dont
l’histoire reste obscure, et qui ne fut pas considéré comme
une véritable celle, encore moins comme un prieuré après
la réforme de l’ordre en 1317”
En 1404, le frère Bernard de Saint-Pardoux, procureur de l’Abbaye,
afferma Balezis à Jean Chabrou habitant Balezis . En 1473, le petit monastère
et ses dépendances furent accensés à une famille de cultivateur,
les Gondauds, d’où son nom actuel . Le bien était accensé
pour la somme de dix sols tournois, sept setiers de froment, mesure du château
de Limoges, et deux poules, plus une émine de froment à titre
d’anniversaire, et douze deniers d’accapt, à chaque changement
d’abbé. En 1496, un contrat d'accense fut établi entre les
Gondauds et l'Abbé sur les terres de la Chabroulie, moyennant le paiement
supplémentaire de 25 sols tournois, trois setiers de seigle, deux boisseaux
d'avoine, mesure d'Isle, et une troisième poule.
Le 8 mai 1531, le Seigneur évêque de Limoges pour non-paiement
de lods et rentes, fait saisir par sergent, ayant obtenu des lettres royaux
le 16 novembre 1530, la vigne au territoire de Balezis à la vigne des
Chabraut aux maisons des Gondauds, chemin de l’Isle à Balezis .
Le 24 mai de la même année, le Seigneur du lieu, l’évêque
de Limoges, demande au sénéchal, la consolidation de la propriété
de Balezis, et cela parce que Léonard dit Nardou, Douleix François
son frère, habitant le lieu de Balezis, comparant par Bardin, tenancier,
n’ont pas voulu obéir aux lettres de la Chancellerie du 16 novembre
1530 signifié par Pierre Besse, sergent . Un arrangement dut s’en
suivre car on trouve en 1538 une reconnaissance de l’évêque
de Limoges à Jehan de Langehac des emphytéotes juridicz et subjectz
des terres de Balezis
Par suite de l’édit de 1562, le clergé fut mis dans l’obligation
de vendre des biens, ce que dut faire l’ordre en vendant la rente sur
les moulins de Vayres qu’il possédait, moulins tant à draps
qu’à papier, est-il précisé, le 10 février
1563. L’ordre racheta le bien
La chapelle, bien qu’en fort mauvais état, subsistait encore en
1550, mais le service divin n’y était plus célébré,
l’administrateur était en 1568 Michel de la Garde .
"À Limoges, le 21e jour du mois de décembre l'an 1571, personnellement
Frère Pardoux de La Garde a insinué la collation qui s'ensuit
:
Nous, Frère François de Neuville, abbé de l'abbaye et chef
d'ordre de Grandmont en la Marche, diocèse de Limoges, savoir faisons,
que comme ci-devant notre feu oncle prédécesseur abbé de
céans, pour certains agréables services, ait baillé par
ferme viagère et bail de louage à Me Michel de la Garde, à
présent chanoine de Limoges, la Maison ou « treuil » de Balezis,
paroisse d'Isle près Limoges, avec tous ses droits, cens, rentes, revenus
et émoluments à ladite appartenant et dépendant de notre
Abbaye, à la pension de 100 sols, que ledit de La Garde est tenu nous
payer par chacun an et faire le service requis et accoutumé estre fait
en la chapelle de ladite maison et que depuis, ledit ait continué aux
dits services; comme aussi Frère Pardoux de La Garde, son frère,
notre religieux, de sa part aurait fait plusieurs grands services agréables
à nous et à notre abbaye, pour leur profit et utilité directe,
dont et desquels est chose notoire, même aurait poursuivi plusieurs procès
pour la considération de notre abbaye et le prieuré de Notre Dame
de Bercey, diocèse du Mans, tant au Grand-Conseil du roi en la ville
de Paris, que ailleurs, réellement que par sa douce diligence; s'en serait
ensuivi grand profit pour l'avenir de notre abbaye. Ce que, considérant
et autres agréables services qu'il nous a fait, le désirant gratifier
par récompense et rémunération de partie d'iceux, avons,
par ces présentes, par nouveau bail et ferme viagère assense et
assensons, affermé et affermons, par ces présentes, auxdits Me
Michel et Frère Pardoux de La Garde, notre religieux, frères susdits,
ce que ledit Maistre Michel soit absent, mais ledit Frère Pardoux, sondit
frère faisant là et pour lui que pour ledit Me Michel, stipulant
et acceptant, scavoir est notre maison et treuil de Balezis, paroisse d'Isle,
avec tous et chacuns ses droits, fruits, profits et revenus et émoluments
à icelle maison appartenant pour d' iceux jouir, lever, prendre et percevoir
pour l'avenir par lesdits de La Garde, frères susdits, par eux et chacun
d'eux et au survivant l'un de l'autre, durant leur vie, succédant l'un
à l'autre, sans faire autre bail ou ferme tant que
l'un d'eux vivra, à la charge de nous payer par lesdits de La Garde,
frères, eux et l'un d'eux survivant à l'autre ladite somme de
100 sols de pension annuelle et perpétuelle, pour toute charge seulement,
pour chacun an a la fête de l'ascension de notre seigneur, de ce ensemble
faire ou faire faire le service du et requis accoutumé estre fait en
la chapelle de ladite maison, promettant par ces présentes faire jouir
lesdits de La Garde, frères susdits et chacun d'eux au survivant l'un
de l'autre de ladite maison ou treuilh de Balezis, ses droits, profits, revenus
et émoluments y appartenant, tout ainsi et par la forme et manière
qu'il en a été joui par ci-devant par les administrateurs ou fermiers
de ladite maison, voulant que d'icelle, iceux dits de La Garde et chacun d'eux
au survivant l'un de l'autre comme dit est, puissent désormais jouir
pleinement et paisiblement de ladite maison ou treuilh, susdits droits pour
l'avenir et en posséder la réel et actuelle possession et aux
dites fins les en avons investi, comme dit est et à ce que dessus ne
contrevenir jamais, sous la foi du serment de prélat, par nous faite
par ces présentes promettent tenir irrévocablement, observer,
obliger tous nos biens et revenus temporels de notre abbaye, en foi et témoignage
de quoi avons signé ces présentes scellées des scels.
Fait et passé à l'abbaye de Grandmont le 13e jour du mois de novembre
l'an 1571. Ainsi
signé François de Neuville, abbé de Grandmont, par le commandement
de Mr l'abbé F. De
Coudier..........
et quelques mois plus tard est dressé un rappel de l’assence perpétuelle
faite et signée par François de Neuville.
"Le 16e jour du mois d'avril 1572, le Frère Pardoux de La Garde,
religieux de Grandmont et prieur du prieuré ou Maison de Balazit, insinue
l'acte de possession.
Acte fait devant Martial de Muret, le 12 avril 1572.
Demande à Vénérable Mathieu Theulier, prêtre, chanoine
à St-Martial, de le mettre en possession de Balazit; ce qui est fait
selon le procédé habituel.
Et advenant le lendemain, jour de dimanche, 13, au prône de 1'église
paroissiale d'Isle, à la grand messe, sur la demande dudit de La Garde,
a été lu et publié par Maître Pierre Champaignac,
prêtre, vicaire du bourg d'Isle, la susdite prise de possession contenue
par une charte peau de papier duquel la teneur s'ensuit:
« Il est fait à scavoir à tous en général
que le jour d'hier, 12e du présent mois d'avril 1572, Vénérable
personne Frère Pardoux de La Garde, religieux, ordre de Grandmont, prit
et appréhenda en personne possession réelle, actuelle et corporelle
du pressoir, cellule et prieuré de Balazit, dépendant dudit Grandmont,
assis et situé en la présente paroisse d'Isle, diocèse
de Limoges, etc. "
Le 3 août 1571, le frère Pardoulx de la Garde, avait succédé
à Michel de la Garde, comme administrateur de Balezis. Il semble même
que les deux religieux se partagèrent pendant quelques années
le revenu du bénéfice. L'auteur des “Antiquités de
Grandmont”, procédait à l’inventaire des reliques
de l’Abbaye avec d’autres frères à cette époque,
à la demande de l’abbé François de Neuville .
Michel de La Garde mourut le 10 avril 1571, un nouvel administrateur fut désigné
par l’abbé François de Neuville le 20 septembre 1573 . Mais
curieusement on trouve en 1575 un bail à vie de la maison de Balezis
à Michel de la Garde, chanoine, par frère Pardoux de la Garde,
religieux de Grandmont et par M de Neuville pour récompense des services,
moyennant 5 livres de rente . S’agit-il d’un autre Michel de la
Garde ? Dans la mention marginale de l’acte, un scripteur, sans doute
au XVIIIème siècle, a écrit : “Cette pièce
prouve que dès 1575 notre maison et annexe de Balezis était appelé
treuil ou pressoir. D’autant mieux que c’est précisément,
à la chapelle et à la maison du Treuil que commencent les fonds
par nous assencés aux Gondauds en 1473. Lequel ne s’étend
que du coté du mas des Champs et confronte aux appartenances du mas des
Champs d’un coté, et au clos de Guillaume Savy du coté opposé,
et au chemin allant de Limoges à Balesis “.
Cette remarque laisse penser que Balezis fut dans un premier temps un lieu de
production de vin pour l’Abbaye, qui étant situé dans un
endroit inhospitalier pour la vigne, eut recours à cette annexe pour
la fournir en vin. Les coteaux de la Vienne à Balezis sont bien exposés
et devaient donner un vin excellent comme à Verneuil-sur-Vienne actuellement.
Montmorillon prendra par la suite le relais de la fourniture du vin à
l’Abbaye.
Ce même scripteur écrira sur une pièce du 15 février
1584 : “Cette pièce et les deux suivantes prouvent aux endroits
marqués et marginalement noté par hic, que le ténement
des Gondauds, dit de l’Abbaye, s’appelle lieu de l’Abbaye.
Il est entièrement différent du village de Balesis, sine addiso,
appelé lieu de Balesis et connu sous ce nom”
Balezis fut jadis lieu de pèlerinage de la paroisse d’Isle, on
y venait avec son curé en procession le jour de la St Marc. Le mauvais
état de la chapelle est confirmé par une prise de possession de
bénéfice le 2 août 1600. Ce jour-là M Guillaume de
Vaulbrune comme procureur de son frère Jacques de Vaulbrune, étudiant
à Toulouse, est pourvu dudit prieuré par Notre Saint Père
le Pape, et se présente à Balezis :
" A Limoges, le 2e jour du mois d'août 1600, personnellement Mr Guillaume
de Vaulbrune, élu pour le roi au Haut-Pays de Limousin, lequel comme
procureur de Mr Jacques de Vaulbrune, son frère, a insinué les
lettres de tonsure dudit Mr Jacques, plus la signature de la provision faite
audit Jacques de Vaulbrune, du prieuré ou cellule de Chez-Gondaud avec
l'attestation des qualités, examens et collations faites audit Mr Jacques
de Vaulbrune dudit prieuré de Chez-Gondaud, avec l'acte de prise de possession,
desquelles pièces la teneur s'ensuit:
Sachent tous que pardevant le notaire royal soussigné et témoins
ci- bas nommés, au lieu de Chez Gondaud, paroisse d'Isle et au devant
l'église ou chapelle ruinée du prieuré dudit lieu de Chez
Gondaud, s'est comparu honorable Monsieur Guillaume de Vaulbrune, élu
pour le roi en l'élection du Haut-Limousin, lequel au nom et comme procureur
de Mr Jacques de Vaulbrune, estudiant à l'université de Toulouse,
son frère, en parlant à Mr Pierre de Champaignas, prêtre,
vicaire de l'église dudit Isle, lui a dit et remonstré avoir été
pourvu dudit prieuré par Notre Saint Père le Pape, ensemble de
la collation et examen d'icelle, faite par Mr l'Évêque de Limoges
(...) année 1600, signée de La Marthonie, en vertu desquelles
a sommé et requis ledit Champaignac le vouloir mettre et induire, suivant
le mandement dudit sieur Évêque, porté par lesdites provisions
en la réelle, actuelle et corporelle
possession dudit prieuré audit nom, lequel Champaignac, ayant vu et lu
lesdites provisions et obéissant à icelles a pris ledit de Vaulbrune
par la main et icelui audit nom l'a mis en la réelle, actuelle et corporelle
possession dudit prieuré, avec ses appartenances et dépendances,
fruits, profits, revenus et émoluments d'icelui, par l'entrée
de ladite chapelle et baisement de l'autel d'icelle, n'y ayant pu faire aultres
solemnités à raison de la ruine d'icelle chapelle; quoi fait ledit
Champaignac, requérant ledit Vaulbrune, a publié à haute
voix ladite prise de possession et fait- défense à tous les débiteurs
des droits et devoirs dudit prieuré de ne les payer à autres que
audit de Vaulbrune, prieur susdit, à peine de payer deux fois, dont et
du tout ce que dessus ledit De Vaulbrune m'a requis acte que lui ai concédé
.
On trouve la nomination d’un clerc au prieuré ou cellule de chez
Gondauds, François de la Pine au début du XVIIe siècle.
Il est dit qu’il habite chez les frères mineurs de Sainte Valérie
à Limoges. S’agit-il d’un successeur à Jacques de
Vaultbrune ou d’un administrateur, nous ne le savons pas .
Les deux moulins achetés à Jean de Vayres en 1253, devenu les
moulins des Roches, étaient affermés en 1415 à Pierre Fontaneau
et Pierre de Villagoureix moyennant le versement de vingt-huit setiers de froment,
mesure d'Isle, et dix deniers d'accapt au changement d'abbés. Ces moulins
à trois meules, chacun, une pour le froment et deux pour le seigle, servaient
du temps des pères de Grandmont à la fabrication de la farine,
furent loués par emphytéose perpétuelle au Collège
des Jésuites en 1563 pour 132 l, 16 s, 3 d. Ils furent ruinés
lors des guerres de Religion ; l'abbé Rigal de Lavaur les relouera en
1607 aux Jésuites. C'est à cette époque que ces moulins
qui étaient en très mauvais état, feront l'objet de réparations
et de transformation. Le Père Solier, recteur des Jésuites, fera
restaurer la toiture du moulin des Roches par Jean Alabrune, maître-charpentier
dans la Cité de Limoges, qui avait employé pour ces travaux dix-huit
hommes; et c'est de cette époque que date leur reconversion en fabrication
de drap, puis de papier . Le 3 juillet 1608, le moulin des Roches qui a deux
cuves et deux roues, reprend sa fabrication de papier de chiffons . Ses bâtiments
sont recouverts, le premier fermé de latte, la chaussée refaite
. L'abbé Barny le louera en 1654 , moyennant le versement de cent dix
livres d'argent, plus six rames de papier "espagnol" , ce qui dénote
bien leur conversion en moulin à papier.
A la Révolution il sera vendu comme bien national au citoyen Devoyon,
puis à Georges Pouyat . Il cessera son industrie en 1824.
A noter que les Jésuites avaient un autre moulin à trois meules
pour la farine, le moulin de Villebois, situé près de celui des
Roches, sans doute l'autre moulin de Jean de Vayres, qui avait du passé
dans le patrimoine des Jésuites. Ce moulin sera acheté par Jean
Chabrol, maire d’Isle à la Révolution .
C’est en 1618 que Pierre Descorde, seigneur de Balezis, construisit le
château actuel sur les ruines de ce qui avait été le prieuré.
Ses armes étaient : “d’azur à deux lions adossés
d’or” .
Le 16 janvier 1625, Thomas Mailhot, bourgeois et marchand de Limoges afferme
le ténement du village des Gondauds consistant en labourage d’une
paire de boeuf à savoir :
“Une maison dans ledit village, chambres hautes et basses couvertes de
tuiles ayant un escalier en vis, avec une autre maison basse, et y joignant
où réside le métayer, confronte à la maison de Jean
Froment dit Pataud et à la chapelle de l’ordeau et à la
basse-cour par le devant plus un pressoir à deux virants, ci-devant a
été à 3 virants, avec la grange y joignant, contenant avec
ladite basse-cour d’un coté et au chemin que l’on va de Parpayac
à la Chabrollie et au jardin avec ledit lieu, plus autre jardin remplis
de fruitiers contenant une seterée ou environs confrontant au pressoir,
à la chapelle et audit chemin allant du lieu de Parpayac à la
Chabrollie.”
Dans un arrêt du Conseil du 21 décembre 1660, relatif au renouvellement
de terrier de Grandmont, Balezis figure comme prieuré uni à l’abbaye.
Les possessions sont les suivantes : "le mas, tènemens et village
appelé des Gondauds, consistant en maisons, granges, bâtimens,
prez, terres, vignes, pressoir, bois et autres héritages." Dans
un acte du 2 mai 1662, le père Joseph Boboul, prieur de la Faye de Jumilhac,
et syndic de l’Abbaye déclare “Cette pièce prouve
qu’une partie du ténement des Gondauds est un démembrement
du mas du village des Champs” Les moulins de Vayres ne sont pas compris
dans ce terrier, car étant loués à part.
Le 12 août 1662 toujours dans le cadre du renouvellement du terrier un
nouvel acte est dressé :“Chez Jehan De muret, bourgeois et marchand,
demeurant faubourg de Montimalle, de la ville de Limoges, avant midi, par devant
notaire royal soussigné commissaire établi pour le renouvellement
du terrier de l’Abbaye de Grandmont et lieux ci-en dépendant et
suivant les arrêts et commission du privé et grand conseil du 15
janvier 1661 et 18 mars 1662 signé Herbin. Honorable Monsieur Joseph
de Roulhac, conseiller et procureur du Roy en l’élection de Limoges,
Honorable M Michel Brigières, assesseur à la cour royale de Limoges,
et juge des Combes....et Martial Jabraud, fermier demeurant au village des Gondauds
et Albert Froment laboureur au Vge de Balesis tant en son nom que comme tuteur
des enfants de feu Étienne Froment lesquels de leur bon gré et
volonté ont solidairement l’un pour l’autre...on reconnu
posséder et exploiter en toute fondalité et directité de
Révérend Dom Antoine de Chavaroche, Abbé, général
de l’Ordre de Gr du couvent dudit lieu à cause du prieuré
de Balésis, alias les Gondauds perpétuellement annéxé
à ladite abbaye...
Joseph Boboul religieux prêtre profès et fondé de procuration
stipulant et acceptant à savoir le mas, ténement et village appelé
les Gondauds consistant en maisons, granges, bâtiments, prés, terres,
vignes, pressoirs, boys, et autres héritages situé sur la paroisse
d’Isle, sur le chemin dudit lieu Deschamps au lieu de la Chabroullie,
appartenant au Seigneur, et au chemin tirant de Parpayat au village de Balésis
moyennant 7 setiers froment, argent : 10 sols, 2 gélines et une émine
de froment pour l’anniversaire de l’Abbaye, fête de N-D d’août,
et l’argent et les gélines à Noël.”
Le 12 février 1681, le prieuré des Gondauds est affermé
“pour cinq ans, et ensemble sol devoirs qu’on nous doit dans la
ville de Limoges a raison de 62 livres par an plus en outre les moulins d'Isle
sont accensé par emphytéose perpétuelle à raison
de 120 livres par an. Le tout faisant la somme de 182 livres par an" .
Ce bail est renouvelé pour cinq ans le 12 février 1685 .
En 1694, il ne resta à l’Ordre que des rentes et droits évalués,
à 62 livres annuels , et le moulin des Roches loué aux Jésuites,
rapportant encore 200 livres en 1733. Les rentes d’Isle et de Limoges
évaluées à quarante livres furent cédées
la même année aux Sieur et Delle Froment, au prix de 62 livres
.
Le 18 Mars 1715 un reçu signé par l’Abbé de la Marche
de Parnac est rédigé dans les termes suivants:
“Je soussigné confesse avoir reçu de Me Teilhet, fermier
de nos moulins d’Isle par les mains de M Ardent à valloir sur laditte
ferme la somme de 120 livres à Grandmont le 18 Mars 1715.
Puis en 1715, le chapitre cathédral, seigneur du lieu, manquant cruellement
de ressources, par l’intermédiaire de son syndic des chanoines,
tenta de réclamer des arrérages sur Balezis, qui n'avaient pas
été versés depuis le XVème siècle, comme
nous l'avons vu plus haut, et qui auraient pu s’élever à
des sommes considérables.
L’ordre allégua pour sa défense, "que les immeubles
qu’elle possédait avaient depuis longtemps été vendus;
que certains étaient détenus en franc-fief, et d’autres
dépendaient de l’évêque, et qu’il percevait
la dîme. L’affaire était on ne peut plus obscure. Les archives
furent mises à contribution, c’est un point positif pour les historiens.
L’affaire vint devant le sénéchal de Limoges, et dans un
jugement du 14 janvier 1722, condamna Grandmont à payer au chapitre vingt-neuf
années d’arrérages. Mais l’abbé excipa les
lettres générale d’évocation obtenue par l’ordre
en 1710, et porta l’affaire devant le Grand Conseil. Il soutint que les
chanoines avaient emporté la partie, par suite d’une confusion
sur l’étendue de leur seigneurie, qui d’après l’abbé
ne portait pas sur la totalité du Balezis, mais seulement sur une partie
". Il faut dire que dans la réalité, les chanoines avaient
gagné le procès, car ils avaient de nombreux alliés au
sénéchalat. “Il ne règne dans la défense de
M l’abbé que supposition et artifice” ripostèrent
les chanoines, et ils affirmèrent que les fonds encore possédés
par l’abbaye, étaient ceux-là même jadis donnés
ou confirmés à l’ordre par le chapitre, et accensés
en 1473 aux Gondauds. Ils produisirent des extraits des rôles d’assises
tenues au XVème siècle sur le territoire même de Balezis,
par le doyen de la cathédrale de Limoges assisté d’un chanoine,
et prouvaient que les Gondauds, fermier de l’Ordre, s’étaient
soumis à cette juridiction. Une première sentence du Conseil du
18 mai 1724, semble avoir été défavorable à l’abbaye.
L’abbé de la Guérinière ou plutôt le Procureur
de l’Ordre, Dom Delmas, à force de démarches et grâce
à son travail obtint victoire. Un arrêt du 19 mars 1725 débouta
le chapitre de sa demande et le condamna aux dépens . L’abbé
venu remercier un juge, M Thiroux de Villeroy s’attira cette réponse
devant Dom Delmas : “ que la chose avoit passé grâce aux
“troupes auxiliaires”, mais que ç’avoit été
avec beaucoup de contradiction et contre son avis, et qu’en cela, il avoit
eu l’intention de rendre service à M de la Guérinière
et à son abbaye, persuadé que son affaire ne valoit rien au fond”.
Le service rendu était de taille car on estimait en cas de perte du procès
avoir à payer plus de quarante mille livres, que l’abbaye aurait
été forcée de payer
En 1771, M de Lépine, Subdélégué de l’intendant,
dans son Inventaire, estimait à 100 livres les produits de la ferme des
Gondauds et des redevances de Limoges, et à 113 livres l’arrentement
d’Isle, qui dépendait de l’ancien couvent . En 1789, son
administrateur était encore François Maleden. Étienne Nicot
dit chevalier du Gondaud, lieutenant-colonel de la milice de Limoges habitait
à cette époque Balezis . A la Révolution le bien fut racheté
par le sieur Jean Chabrol, boulanger. Il affermait le domaine de Balezis 1240
francs et le borderage 500 francs en 1796 à Pierre Gondaud, marchand
à Limoges.