Sermaize - (Charente Maritime)

Sermaize se trouve sur la commune de Nieul sur Mer (Charente-Maritime), près de la D 107.

 

Vestiges :
La nef n’est plus voûtée, et ne possède plus de charpente. Seuls les murs gouttereaux en calcaire dur et fin, provenant certainement de carrières plus au nord laissent voir encore une porte de fidèles en arc brisé à deux voussures qui retombent sur des tablettes portées par des colonnettes engagées, ainsi qu’une porte des moines très simple ornée d’un seul tore, et surtout deux magnifiques enfeux en bien triste état.
Des arrachements sur la face Nord de la nef ont fait penser à Mr Gaborit à l’existence d’une chapelle, surtout qu’une petite porte est percée sensiblement en face de la porte des moines, et aurait pu donner accès à cette chapelle .
Mr J.R Gaborit a pu voir en 1961 la dernière travée occidentale d’une voûte sur croisée d’ogives du réfectoire .
En 1991 j’avais pu encore voir et photographié le passe-plat de ce réfectoire, depuis cette date, il a été “nettoyé” au bulldozer...

La porte des fidèles


Histoire :
Sermaize a été fondée en 1192, une charte attribue sa fondation à Richard Coeur de Lion, mais il semble que Sermaize existait déjà grâce aux libéralités d’Henri II, roi d’Angleterre en 1155. Elle était la plus riche des celles de Saintonge; elle possédait une maison de”ville” à la Rochelle. En 1295 elle hébergeait huit religieux et en 1317 on lui annexe deux petites celles, La Lance (17/4) et Barbetorte (85/1), et passe à 16 religieux (chiffre théorique). Son premier prieur fut Guy de la Chaize .
Le 10 mai 1222, le roi d’Angleterre, Henri III, adressait au sénéchal du Poitou, Savary de Mauléon, une lettre pour désigner un bourgeois de la Rochelle “du nombre des plus malheureux” qui s’occupera des affaires des religieux de Sermaize .
Ithier du Merle, 14ème prieur de l’Ordre en butte aux difficultés entre “fratres Gallicis et Anglicis ”fut cité par le roi Louis VII à Paris, et fut contraint par serment à se demettre de sa charge. On le nomma correcteur de Sermaize. Il s’y retira et y mourut peu de temps après, le 3 octobre 1260 .
En 1304, 20 livres tournois de revenu furent donné au prieur et religieux de Sermaize par Jean de Saint-Gilles, clerc, pour son anniversaire et celui de ses parents. En 1306, Jeanne La Descoffe femme de Jaffrey Sanion de Marens donna tous ses biens au prieur et religieux de Sermaize a condition que son anniversaire soit célébré à perpétuité.
Guy Foucher, 19ème prieur de l’Ordre, qui avait reçu à Grandmont en 1306, le Pape Clément V avec six ou sept cardinaux et toute sa cour pendant cinq jours, fit de grandes dépenses à cette occasion. Il se trouva devant des difficultés financières qu’il ne put relever, et se démit au chapitre général la veille de la Pentecôte 1306. Il fut fait correcteur de Sermaize, il y resta quelques temps, mais en butte a certains religieux de l’Ordre il le quitta pour rentrer chez les frères mineurs. Il ne finit pas son noviciat chez les frères. Il alla à Toulouse où se trouvaient les envoyés du Pape, pour plaider sa cause au sujet de son élection. Mais, gravement malade, il revint de Pinel à Sermaize pour y finir ses jours. Il mourut en cours de route, et fut enseveli à Sermaize dans l’un des enfeux le 22 septembre 1318.
Le futur 21ème Prieur de l’Ordre par contre fit vers ces années là, son année de probation à Sermaize avant d’être élu Prieur de Grandmont le 4 mai 1313
L’abbé général de Grandmont, Pierre Aubert, obtint du Pape Clément VI l’union à perpétuité de Sermaize et du Petit-Bandouille à Grandmont en 1343, avec leurs annexes, à condition que le nombre de religieux, et le culte divin n’en fussent pas diminués . Mais c’était sans compter sur les guerres de Religions ! Jean XXIII réserva à sa nomination le prieuré de Sermaize par bulle donnée à Saint-Antoine hors les murs de Florence, le 19 septembre 1410, mais le Pape Martin V, élu au concile de Constance en 1415, confirma l’union de Sermaize à Grandmont, ce qui permit à l’Abbé de cesser de verser, non sans procès, une pension de 160 florins d’or sur Sermaize au Cardinal Simon de Cramaud. A cette époque, 1414, le "prieur" semble avoir été Pierre Froynandi, d'après une bulle du Pape Jean XXIII. Jean Peau lui succeda en 1457, et Jean Faure en 1464.
Les guerres de Religions prirent dans la contrée une proportion énorme. La Rochelle se trouve à peine à quatre kilomètres de Sermaize ! Sermaize fut pillé, au point que les religieux furent dépouillés même de leurs vêtements...et abandonnèrent leur celle. Aussi en 1471, le Pape Paul II chargea l’abbé de N.D de Grâce de faire rentrer la communauté dans ses biens: une partie seulement fut recouvrée.
En 1521, la communauté se composait de Pierre le Borgle, administrateur, et Augustin de Vallette, et Guichard Aoxon, religieux. En 1528, l'administrateur était Pierre Barot, et les deux religieux : Jehan Macquereau et Pierre des Prés. En 1533, un religieux François Laurens semble habiter Sermaize, en 1534, deux religieux : Estienne Gay et Jehan Doulcet lui succéder. De 1535 à 1539, Pierre de Neufville était prieur ou plutôt administrateur. Et le dernier résident connu fut en 1564, Bernard Gay, "prieur". En 1568, Sermaize fut en partie détruit, et n'eut plus de communauté.
Vers le milieu du XVIIème siècle l’abbé Rigaud de Lavaur eut grand peine à obtenir la restitution des biens qui avait été affermés par des particuliers. En effet en 1632 le sieur Labourier avait pris à bail le prieuré “désaffecté” de Sermaize à de riches marchands de La Rochelle, Jehan Decazeaux et François Piguenit.
L’abbé dut réussir, car on note qu’en 1706, on construisit un grand portail et une basse-cour, mais la conventualité n’y fut jamais rétablie.
En 1789, Sermaize était tenu en commende par Jacques-Jules Bonnaud, prêtre vicaire du diocèse de Lyon. Il avait donné procuration à un chanoine de la cathédrale de la Rochelle pour le representer et comparaître en son nom à l'Assemblée générale du Tiers État de la sénéchaussée de la Rochelle.
Sermaize fut vendu comme bien national à la Révolution le 28 janvier 1791 pour la somme de 19.000 frs.

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