Cluny et l'ordre clunisien en Limousin

Au IXème siècle, le monachisme bénédictin est rapidement dévoyé par l'immixtion des laïcs (empereurs) dans l'élection des abbés, par la perception d'impôts par les monastères. Une première réforme est engagée par Benoît d'Aniane et Louis le Pieux qui imposent la règle bénédictine (en réduisant fortement la part laissée au travail) et rétablissent la libre élection des abbés (818). Néanmoins, cette tentative échoue après le partage de Verdun : les monastères se placent sous la tutelle des seigneurs afin d'être protégés contre les pillards.
L'ordre clunisien s'inscrit dans la filiation à cette réforme : il est plus conservateur qu'innovateur. En 909, Guillaume le Pieux, abbé laïc de Brioude, fait don de son domaine à Pierre et à Paul, pour qu'y soit fondée une abbaye bénédictine, qui n'aurait d'autre tutelle que celle du pape. Pour des informations complémentaires sur Cluny hors Limousin, voir le site suivant.

Or il y avait en Limousin plusieurs établissements clunisiens. Le plus important en dépendance directe était Saint Martial; deux autres beaucoup plus petits : Moustier-Ventadour, et Bort.

A noter que St Martial a eu des relations avec Cluny d'une manière plus ou moins permanente entre le Xème s. et la fin du XIVème. Mais les relations cordiales sont terminées en 1246.

Moustier-Ventadour, cne de Moustier-Ventadour (Corrèze) le prieuré fut fondé par les vicomtes de Ventadour à la fin du XIème s. et donné aux moines de Cluny. Ce prieuré abritait quatre à six moines au XIVème s.. La vie conventuelle cessa au XVème s.

Bort, cne de Bort les Orgues (Corrèze) au départ relevait de la Chaise-Dieu et suite à un accord avec l'abbaye de Cluny en 1095 relève de cette abbaye.

Des petits prieurés situés en Limousin relevaient d'établissements hors Limousin, comme Mainsat, sur la commune de Mainsat (Creuse) relevant de Souvigny (Allier), St Hilaire, cne St Hilaire le château (Creuse) relevant de Mozac (Puy de Dôme).

Le Moutier d'Ahun, bénédictin à sa création devint clunisien en 1630.

L’Abbaye St Martial de Limoges.

chanoines augustins puis clunisien en 1062

Saint Martial

Cette abbaye de chanoines augustins desservant les lieux de culte, adopte la règle de St Benoît en 848, et son église était sous le vocable du Saint Sauveur. En devenant cénobitique son nouveau statut lui permet de ne plus dépendre de l’évêque de Limoges. C'est vers l'an 857 que l'abbaye St Martial fonda un monastère à Chambon-Sainte-Valérie pour honorer les reliques de Sainte Valérie qu'ils détenaient. Quarante ans plus tard les invasions normandes obligent les moines à mettre à l’abri des envahisseurs la dépouille de St Martial en l’emmenant au castrum de Turenne en Corrèze. En 930 les moines ont des contacts avec la nouvelle abbaye de Cluny, et de son Abbé le célèbre Odon. En 994, survint le fléau qui dévaste toute l’Aquitaine, le mal des Ardents. On sollicite St Martial, et l’on obtient le miracle de la fin du fléau. Ce fut l’amorce d’une rapide expansion de l’Abbaye, surtout que l’on venait d’apprendre qu’à Compostelle on venait de retrouver les restes de l’apôtre Jacques...Les moines de St Martial furent les initiateurs d’un pèlerinage à Compostelle. D’ailleurs de nombreux sanctuaires sur le trajet furent consacrés à St Martial. Puis la réforme clunisienne fut définitivement adoptée en 1062, l’abbé de Cluny Hugues nomme Adémar, moine de Cluny, abbé de St Martial. À partir de ce moment St Martial devint le monastère de référence de l'ordre clunisien pour le diocèse de Limoges. Ce monastère très actif introduisit la réforme clunisienne dans l’abbaye du Vigeois (bénédictine qui dépendait de Solignac), et dans l’abbaye de Terrasson , puis dans l’abbaye d’Uzerche, puis de Beaulieu sur Dordogne en 855. Il échoua à l'abbaye de Tulle. On arrive au sommet de l’influence de St Martial, qui ne semble pas affecté par le renouveau monachiste. Mais la nomination de l'abbé de St Martial par l'abbé de Cluny est très mal acceptée par les moines. Ils recouvrent la liberté d'élire leur abbé le 20 novembre1246, moyennant une redevance à verser à l'abbaye de Cluny, confirmé par le pape Innocent IV le 8 décembre. L'abbaye se détache juridiquement de Cluny et devient une abbaye de l'ordre de St Benoît, et non de l'ordre clunysien.

À la fin du XIIe s. l’abbaye possédait 88 prieurés (voir la liste) (voir la carte dressée par M J.P Avisseau - thèse), trois abbayes, et 41 églises paroissiales et chapelles. Elle avait essaimé dans la vallée de la Dordogne, celle de la Vézère, de la Charente. Son expansion coïncide avec celle du culte de St Martial, et sa dispersion géographique sur le réseau des grandes voies romaines et fluviales.

L'architecture des églises de ses prieurés est banale et donne à leur communauté d'origine un signe de profond désintérêt pour l'originalité et la recherche. Les plans de ses différentes églises sont tous différents, certainement construits suivant l'inspiration des maîtres d'œuvres locaux embauchés.
Ces églises possédaient souvent des reliques, elles assuraient des ressources toujours renouvelées du fait des pèlerinages, ce qui obligeât les chanoines à cloisonner le chœur de leurs églises, avec la construction d'un déambulatoire permettant aux fidèles d'aller vénérer les reliques, en préservant le recueillement des chanoines. Ces églises ayant servi par la suite d'églises paroissiales, un grand nombre sont en bon état de conservation, au moins une cinquantaine !
L'abbaye de Saint Martial fut freinée dans son expansion au Nord par celle de Déol, et au Sud-Ouest par l'abbaye St Eutrope de Saintes et l'abbaye de la Sauve-Majeure.
Puis ce fut la décadence et la sécularisation sans doute dès 1346 date retenu par la Bibliotheca Cluniacensis qui l’appelle la "grande mortalité". Officiellement l’abbaye est sécularisée en 1535. À cette date, les clunisiens cèdent la place aux chanoines réguliers. Les bâtiments en mauvais état lors de la Révolution furent détruits. Ils se trouvaient à l'emplacement de la place de la République actuelle, et la construction du parking souterrain donna aux archéologues l'occasion de faire des fouilles fructueuses.
Une grande confrérie de Saint Martial fut fondé en 1356 et tient ses exercices toujours à St Michel des Lions à Limoges. La fête du saint est le 30 juin. Elle était chômée dans l'ancien diocèse de Limoges.

Voir le site de cette confrèrie :
http://site.voila.fr/confrerie.st.martial

liste des prieurés de l'ordre de Saint Martial

webmestre : Michel FOUGERAT

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