Montmorillon (Vienne)
Cette celle se trouve dans la ville de Montmorillon (Vienne), sur la rive droite de la Gartempe. Le lieu-dit est le Vieux Palais en souvenir d'un passé des lieux (siège de la sénechaussée au XVIIe s.) Il reste le bâtiment Ouest, qui a été réhabilité en 1994, et sert de salle de réunion ou d'exposition.
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Histoire :
Sainte-Marguerite de Grandmont ou la chapelle du Petit Grandmont fut fondée
le 13 décembre 1207 (le jour de Sainte Lucie, vierge ), par Audebert
de Magnac, seigneur de Montmorillon, qui donne :
“ au prieur de Grandmont tous ses droits sur un terrain sis au bord de
la Gartempe, ayant appartenu à Anaïs, épouse d’un seigneur
de Montmorillon. Il abandonne aux religieux les redevances, coutumes et péages
sur les achats, ventes et contrat qu’ils feront, pour leur usage, dans
le château de Montmorillon ” . Ils reçoivent également
une exemption de péage sur la Gartempe du Dominum Bertrand de Montmorillon.
Le 5 juin 1209, Itier, Seigneur de Magnac, donne au prieur de Grandmont tous
ses droits sur un terrain sis au bord de la Gartempe ayant appartenu à
sa grand-mère Anaïs, épouse de Bertrand de Montmorillon.
Il abandonne les mêmes droits et devoirs qu’à Audebert.
En 1227, le prieur loue pour huit ans et moyennant vingt sous de cens annuel,
un pré entre la Gartempe et la route de Saint-Savin . En 1228, Bernard
Ransaleda donne au prieur de Grandmont, neuf quartiers de vignes, sis au “Puy
de l’âge”. En 1230, Audebert Peuclurer donne au prieur de
Grandmont cinq quartiers de vignes sis aux “Combes des Portes”.
Le 10 juin 1231, Jean Fournier donne au prieur tous ses biens, maisons, terres,
vignes, qu’il a hérité de ses parents originaire de Montmorillon.
Puis en décembre 1233, don de deux vignes et d’une terre de Gaucelin
Pinctureus, en janvier 1234 Geoffroy Coigne donne un terrain contigu au prieuré,
et Audebert, le seigneur de Montmorillon confirme tous les droits sur les maisons
et terrains sis à Montmorillon le long de la Gartempe.
Le 12 janvier 1237, le seigneur Iterius de Magnac confirme la donation de son
père d’une maison, et d’une pêcherie avec droit de
pêche sur la rivière Gartempe avec privilège d’exemption
de tous impôts, en récompense du tort qu’il avait fait aux
religieux en s’étant saisi de la personne et des biens d’Aymeric
Lepetit, qui s’était donné à l’Ordre.
Les dons se succédèrent durant la première moitié
du XIIIème siècle.
En 1244, Jean Bonnitas et sa femme cèdent aux religieux un demi-arpent
de vigne situé dans le clos de Théobat-Chaltaud, pour une émine
de froment que les dits vendeurs devaient annuellement audits religieux. En
1258, don de Pétrus de Moisset, de sa portion qui lui appartenait dans
la succession de Bonnin Fournier. En 1273, donation de la moitié d’un
jardin contigu à la maison de Grandmont par Jacobus, prêtre.
Mais les religieux ne restèrent pas à Montmorillon, car en 1295,
sur l’état du recensement, le prieuré ne possédait
plus de conventualité. En effet les Grandmontains ne s’établissaient
que dans des lieux écartés, jamais dans une agglomération,
pour pouvoir prier dans le silence comme l’exigeait leur règle.
Les bâtiments restants actuellement servirent de salle d’audience,
ce qui lui valu par la suite l’appellation de Vieux Palais.
Un religieux resta certainement sur place, à partir de ce moment, pour
administrer le bien. Montmorillon était un centre vinicole important
pour l’ordre. Dans les papiers du prieuré, il n’est plus
appelé domus : maison, mais torcular : pressoir. “Domus seu cellula
Beata Mariae, torcular Montis Maurilii appellata, alias Grandimontis, monasterio
unita”. De nombreuses caves aux alentours en fournissent la preuve, ainsi
que de très nombreux actes qui prouvent que l’ordre de Grandmont
ne perdait pas de vue Montmorillon. Ils agrandirent leurs possessions par différents
achats.
En 1275, acquisition de 40 sols de rente sur le dit lieu de Chambon, au lieu
de cinq muids de vin qui avaient été légués aux
Grandmontains. En 1284, transaction portant acquisition de vignes à Las
Genestas à Montmorillon. En 1290, acquisition d’une pièce
de terre sise devant la maison de Grandmont. En 1294, Jean Durand cède
aux religieux la dîme et dîmerie du lieu nommé la Roche d’Ayset,
et aux environs dans la paroisse de Latus, par acte reçu par Nicolas
de Forêt le mercredi après la fête de St Luc 1294.
Le domaine s’étendait aux villages de Douillat, du Mas de Bujalout,
Bois Joubert, les vignes de Mosdo, le village du Chambon.
En 1327, Guillaume Breton reconnaît avoir arrenté à l’Abbé
de Grandmont pour quinze sols de rente et cens une maison, un cellier par dessous,
et un jardin par derrière, le tout contigu confronté par-devant
à la maison de Grandmont. Laquelle maison avait appartenu à la
nommé la Bonine par acte reçu par le vicaire de l’archiprêtré
de Montmorillon le vendredi après la fête d’hiver de St Nicolas
1327. En 1335, acquisition par les religieux de trois quartiers de vigne à
Pontareil, et l’année d’après, d’un demi-quartier
de vigne au clos de Tortellier ou Batailler.
Les religieux reçoivent encore des dons. En 1345, Geoffroy Mately et
sa femme Jeanne donnent pour leurs anniversaires trois prébendes de seigle-méture
situé à la Jarrige, et trois émines de seigle sur la dîme
des abbés et religieux de St Savin. En 1346, Marote Lay, servante de
Grandmont à Montmorillon, donne un boisseau de froment de rente sur les
biens de Guillaume d’Armenac, paroissien de Sillars, pour son anniversaire,
par acte reçu par Jean d’Aussecot, le Jeudi après la Trinité
1346.
En 1404, Une ancienne liève des revenus faite par le frère des
Cars, Procureur de l’Abbaye de Grandmont, en présence du R.P Pierre
Redondeau, Abbé de Grandmont, établi sur la relation du frère
Aymeric, administrateur dudit lieu donne un état des cens, rentes et
autres devoirs dont les religieux jouissaient autrefois à Montmorillon
et sur les paroisses voisines :
Planche Cornet - Mas Jarrige - Dîme de St Savin - Tenures d’Angeler
- Megnet - Terre aux Chardons, Valiboeuf, Ferrières, la Leu, Rismoun
- Clos Montarou, de Varennes, Fourmes, du Puy Font Love, croix-blanche, Puy
des Forges, Lantinee, de Lussac, des Pointes - Moulin des Pointes, soit plus
de 38 biens sur lesquels ils percevaient 54 boisseaux de froment, 93 de seigle,
20 d’avoine, plus 38 livres en argent.
En 1503, on recensa tous les titres perdus avec leur date d’entrée
dans le patrimoine :
Clos de St Savin (1415) - vignes aux claviers Fontlore (1351) - vignes au clos
du Puy des Farges (1286) - Vigne au clos des champs (1286) - vignes au clos
Bataillet (1335) - Vigne au pin des Farges (1471) - Terre de Fromentaux (1246)
- vigne clos des champs (1275) - Terre de la croix rompue - le Queroy (1233)
- vigne au clavier (1253) - vigne aux azilliers (1282) - terre au clos Bibant
(1375) - vignes au clos de Mosteran (1346) - vigne clos Chabrou (1346), soit
47 actes s’échelonnant entre 1233 et 1346.
Le 16 août 1537, le prieur Antoine Roy intenta un procès pour des
rentes de blé et de vignes à Pierre Boileau .
En 1542, un contrat était passé entre le prieur, Antoine Roy et
Pierre Estmener, prêtre, par lequel il lui louait un clos, moyennant la
charge de célébrer une messe chaque semaine, et de lui donner
la moitié des fruits provenant du clos .
Le bien fut affermé en 1542 à Pierre Estevenet. Le prieuré
fut ruiné durant les guerres de religion.
Le 12 janvier 1540, l’Abbé commendataire François de Neuville
pourvoit le frère Rayner Vernou, religieux grandmontain du prieuré.
Mais celui-ci résigne peu de temps après. François de Neuville
pourvoira à son remplacement le 20 juin 1541, en nommant Antoine Roy.
Il y restera jusqu’en Novembre 1567, époque à laquelle il
demande au Pape de le relever de ce bénéfice. Il sera remplacé
par Mathurin Daux, prêtre, le 21 mars 1568, pourvu du poste sans aucune
dispense. Il en jouira quelque temps puis résignera son bénéfice
en faveur de son neveu, François Daux, qui n’est pas prêtre.
Le 27 Mars 1574, un acte est pris capitulairement par frère François
de Neuville, Abbé d’affermer la maison de Martin pour 14 livres
au sieur Lebeau auprès de Me Jean Charpentier, notaire royal à
Montmorillon.
Le 5 avril 1600, Me François Vergnaud, chanoine de l’église
St Hilaire à Poitiers, prieur commendataire, loue une maison 30 livres
avec un champ derrière, 15 livres. Il est l’auteur de nombreux
actes contre les Abbés de Grandmont; le 23 août 1613 contre Rigal
de Lavaur, et le 3 août 1633, contre François de Tautal.
Le 5 avril 1622, ce même Me François Vergnaud, prieur commendataire
loue une chènevière devant Me Lavergne, notaire royal . Il restera
bénéficiaire de sa charge jusqu’en Juin 1634.
Des différends s’élevaient également entre les Abbés
de Grandmont et le curé de St Martial de Montmorillon au sujet de supplément
de portion congrue que l’Abbé de Grandmont avait le droit de percevoir
sur des dîmes de la paroisse de Moussac, annexe du prieuré. Par
transaction du 10 août 1610, le prieur-curé reconnaîtra au
prieur de Grandmont ce droit de perception. Mais il sera mis en doute par les
curés qui lui succéderont pendant près d’un siècle,
le dernier étant du 5 juillet 1728 entre Dom François de la Guérinière
contre Félix Auger, curé de St Martial.
Le 19 Mai 1659, Pierre de Chaulme, fondé de procuration spéciale
du vénérable M Simon David, prêtre, prend en son nom possession
de Ste Marguerite de Montmorillon dont il a été pourvu par le
Pape. Mais ce ne fut sans doute qu’un passage éclair, car le 14
octobre 1659, le Pape nommait Dom Joseph Boboul, religieux profès, et
syndic de l’abbaye de Grandmont à ce bénéfice :
“Aujourd’hui le 3 octobre 1660, en présence de nous, notaires
royaux, soussignés établis à Montmorillon pour le Roi notre
Sire, étant au-devant la chapelle appelée le petit Grandmont,
située en cette ville, s’est présenté en sa personne
le Révérend Père Dom Joseph Boboul, religieux profès,
et syndic de l’Abbaye de Grandmont. Lequel nous a présenté
la collation à provision de ladite chapelle donnée par notre Saint
Père le Pape, estant le papier en date du 14ème d’octobre
1659, et avec visa de Messieurs les Grands vicaires généraux de
l’église de St Pierre de Poitiers, estant en parchemin et scellé
du sceau ordinaire, daté du 1er jour du présent mois d’octobre.
Signé Michelet, secrétaire.
Dont en vertu de ladite collation provision et visa, ledit Boboul a pris et
prendra la possession actuelle et corporelle de ladite chapelle du Petit-Grandmont
“.
Le 26 février 1668, on procède au renouvellement du terrier :
“Aux faubourgs de St Martial en la ville de Montmorillon, au logis du
sieur René Audebert, hôte de Roger Royer, avant midi, par-devant
le notaire royal soussigné commissaire établi pour le renouvellement
du terrier de l’Abbé de Grandmont et membre dépendant par
arrêt et commission de nos seigneurs du Grand Conseil, le dernier du présent
décembre 1666, signé Herbin.
Scellé appelé pour adjoint M Jean Augier, notaire royal de ladite
ville suivant ladite commission a été présent personnellement
établi François Lhuillier, sieur de Biard, demeurant à
Montmorillon, lequel suivant assignation a lui donné à la requête
de Révérendissime Dom Antoine de Chavaroche, conseiller aumônier
ordinaire du Roy, Chef général de tout l’Ordre de Grandmont
en exécution...”
Un état des cens, rentes et autres devoirs appartenant au Seigneur Abbé
de Grandmont à Montmorillon est relevé. On relève une baisse
des revenus par rapport à celui de 1404 :
“sur deux maisons contiguës l’une à l’autre dans
la ville de Montmorillon en la rue tendant du carrefour St Christophe à
l’église St Martial sur la main gauche. Les terres du Chambon sur
la paroisse de Lathus - Les Portes Métairies, près de Montmorillon
- La Cherbaudière sur la paroisse de Sillars - La Clionière (échange
de 1622 avec des rentes sur la Roderie) - Champ Fromenteau - Grand Cluzeau -
Naugeray - Fironerie - Les Ageons - Puy Fontlove - Chanterelle - Moulin au Roy
- Clos du Poux - La Batonne - Clos St Savin - Clos des Ardilliers etc ..
Quarante-trois biens donnant des rentes de :
Froment 23 boisseaux,
Seigle 40 boisseaux
Avoine 17 boisseaux
Chapons 2
Poules 5
en argent 32 livres, 2 sols, 10 deniers.
Le tout rentes nobles et féodales.
Le 17 avril 1685, l’Abbé Alexandre Frémon de passage à
Montmorillon, au logis où pend l’enseigne “la Croix Blanche”,
continue de louer le petit Grandmont de Montmorillon, pour sept ans à
70 livres par an, devant Me François Babert, notaire royal, procureur
à Montmorillon, paroisse St Martial. Le bien consistait en :
maisons, dîmes, terrages, cens, rentes, relations féodales, et
le dict-droit sur une maison composée de deux corps de logis que M Pierre
Trezien avait acquis de Désiré Barbe, écuyer, sieur de
Beauregard et Delle Lorse d’Allogny, sa femme, devant Me Laugide, notaire
royal à Montmorillon.
Les bâtiments subsistants du prieuré furent vendu à la fin
du XVIIème siècle à M Douadic, conseiller du Roi près
la sénéchaussée. Il transformera le prieuré en siège
de la sénéchaussée. Puis, le bien fut vendu à M.
Bastide de Rancon qui le revendra en 1733 à M. Viguier des Cosses. De
cette époque date le corps de logis rectangulaire encadré de deux
ailes en saillie de Mme Vassor, contiguës au bâtiment subsistant.
Pour plus de renseignements lire les Cahiers Grandmontains n° 19.