Histoire de la Haye.
La date de fondation de la
Haye d'Angers est imprécise, car les chartes d'origine ont été
détruites et réécrites par la suite, afin de permettre
aux moines de bénéficier des avantages qu'elles procuraient.
Toutefois, on relève dans la bulle de Clément III, qui accorde
sa protection à Renaud de VEO le 9 mai 1188 que ce dernier aurait
fait construire le monastère de la Haye à ses frais. Il
est à considérer que cette maison ayant été
bâtie sur un domaine comtal, l'accord d'Henri II Plantagenêt
semble avoir été nécessaire.
Les frères devaient être présents sur les lieux dès
1182, et même peut être avant, car il semble qu'ils durent
hésiter sur l'emplacement définitif de la communauté,
s'assurant en particulier que l'endroit était propice à
leur implantation (solitude relative, terrain non inondable, etc.)
Il serait injuste de penser que les religieux de la Haye d'Angers furent
insensibles aux malheurs de leurs contemporains; ils furent en particulier
les seuls avec ceux de Bois-Rahier près de Tours à accueillir
les lépreux (contrairement aux stipulations de la règle
de Grandmont), ce qui démontre bien la qualité de leur vie
spirituelle en mettant en application leurs devoirs de charité
et d'amour.
La Haye d'Angers fut, aux yeux de tous, une communauté pauvre et
priante, ce qui lui valut durant tout le XIIIe siècle de recevoir
de multiples dons. Cette haute estime des contemporains pour le monastère
se perpétua au XIVe siècle.
La celle, qui hébergeait neuf religieux en 1295, en comptera quatorze
en 1317 lorsque cette maison fut élevée en prieuré
avec le rattachement de la celle de Craon. La léproserie, qui était
distincte du monastère, existera jusqu'en 1440.
Le service divin fut célébré au moins le dimanche
jusqu'à la Révolution.
En 1791, le parc, les bâtiments conventuels et l'église devinrent
Biens Nationaux et furent vendus au sieur Joachim Trotouin, et la ferme
qui en dépendait à Desvallois. C'est un terrain de cette
ferme qui fut le théâtre de scène de carnage. On y
fusilla en moins d'un mois plus de 600 personnes accusées d'avoir
participé ou d'avoir favorisé l'insurrection vendéenne.
L'aile Ouest fut rasée et l'église devint une écurie
et un magasin de fourrage. Le cloître existait encore au début
du XIXe siècle.
En 1907, la Haye d'Angers devint une colonie de vacances.
En 1944, un bombardement fit s'effondrer une partie de la voûte
de l'église.
L'église fut classée comme Monument Historique le 6 mai
1947; la façade Ouest avait été inscrite à
l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques le 1er avril
1947 et la maison du prieur le fut le 5 mars 1965.
En 1974, le prieuré est vendu au Mouvement de la Jeunesse Catholique
qui supprime le plafond-plancher dans l'église et en terrasse le
sol.
Le 14 août 1979, la Fraternité St Dominique rachète
la propriété, et les premiers frères s'y installent
dans la nuit du 14 au 15 août 1979.
Cette communauté engagea la restauration du prieuré en 1981;
deux tranches de travaux furent réalisées, l'une en 1985,
l'autre en 1987. Celles-ci permirent la réfection du porticum et
de la chapelle oratoire.
En 1990, une hôtellerie fut construite, comprenant une salle de
réunion, quatre parloirs et quelques chambres.
L'aile du levant qui contenait le chapitre et le dortoir des moines avait
été détruite au XVIIIe et XIXe siècle. Sa
reconstruction a recommencé en 1994. Le nouveau bâtiment
occupe l'emprise de la construction disparue et s'efforce d'en restituer
l'allure originale. Au premier une série de fenêtres allongées
rappelle le rythme des lancettes des dortoirs grandmontains. Au rez-de-chaussée,
le plan original avait permis de mettre à jour par des fouilles
de sauvetage faites en 1989, différents vestiges. |