Les Dominicains (Jacobins).

Saint Dominique, le fondateur.

Ce fut une ardente sollicitude pour les hommes, pour leur salut, qui poussa Dominique de Guzman (1170-1221) à fonder l'Ordre des Prêcheurs, lorsqu'il vit de près dans le midi de la France les horreurs de la guerre des albigeois et qu'il essaya de ramener à l'Église, par la prédication et non par la force des armes, la population devenue étrangère à la foi catholique. La régle adoptée fut celle de St Augustin. Ces frères prêcheurs sont des clercs ordonnés prêtres, assez proche des chanoines prémontrés. Ils vivent en couvent, l'office divin a une place importante, et le silence est de règle chez les Dominicains. Les frères élisent leur prieur, et ce sont ces prieurs des différentes communautés qui a leur tour élisent le Provincial, qui avec les autres provincials désigne le maître Général.

Mais la personnalité de saint Dominique ne se laisse saisir que si l'on considère l'oeuvre de sa vie : l'ordre qu'il a fondé. Lorsqu'en 1215, à Toulouse, il disperse les frères de la communauté qu'il a fondé, les envoyant les uns à Paris, les autres en Espagne, scindant ainsi cette communauté encore peu affermie et encourant le reproche d'agir trop précipitamment, il répond : "Ne me faites pas d'opposition: je sais ce que je fais."
Cette façon d'agir en dit plus sur le caractère d'un homme qu'un long discours. On saisit, à cette occasion, cette impulsion, toujours présente dans la vie de Dominique, que notre expression " zèle des âmes " ne traduit qu'imparfaitement. En 1216, il opte avec ses frères pour la règle de Saint Augustin. Le 21 janvier 1217, le pape Honorius III confirme le nom de l'ordre canonial et sa mission.

Les dominicains en Limousin


Au mois d'Avril 1219, le bienheureux Dominique et frère Bertrand quittèrent Toulouse pour se rendre à Paris en passant par Rocamadour, et Limoges. Ils rencontrèrent des voyageurs allemands à Brive, qui les invitèrent à leur table. Dominique et Bertrand se lièrent d'amitié pour ces voyageurs et continuèrent leur trajet ensemble. Arrivé à Orléans, Dominique dit à Bertrand : "Frère Bertrand, vraiment je suis désolé de recevoir l'aumône de ces bons voyageurs, pour que nous puissions rendre l'aumône par une instruction. Tombons à genoux et demandons de pouvoir prêcher Jésus-Christ dans la langue de nos bienfaiteurs". Au grand étonnement de tous, en se relevant ils parlaient bien allemand. Et durant le trajet jusqu'à Paris ils purent discuter librement des sujets religieux.

Le couvent de Limoges
C'est le prieur Pierre Cellani, compagnon de Dominique, qui fonda le premier monastère dominicain à Limoges en février 1220. Ils s'établirent hors de la ville au-delà de la Vienne, dans un emplacement près du pont Saint Martial, dans le quartier St Lazare. La première pierre de l'église fut posée le 25 Mars 1221, et le 8 septembre, la communauté emménagée. Les travaux furent rapides, car le sanctuaire était bénit le 6 janvier 1222. Son vocable fut St Thomas d'Aquin. Le monastère de Limoges fut la cinquième maison de l'Ordre, et la première fille du couvent de Paris. Mais bientôt ce monastère fut assigné à la province de Toulouse, malgré les efforts de son prieur Cellani.
En 1239, trop à l'étroit dans leur monastère, ils achetèrent 6000 sous, un terrain situé sur la paroisse St Michel de Pistorie, à la Croix de Manigne, la place des Jacobins actuelle, le 25 août 1240 (emplacement voir sur plan de Limoges : Jacobins). À noter que le terme de Jacobins employé pour désigner les Dominicains vient que leur première installation à Paris était rue Saint-Jacques. Le transfert se fit d'une manière solennelle le 8 septembre 1241.
À la Révolution, il ne restait que 3 religieux. Le bien fut vendu, et servi au XIXe siècle de bâtiment militaire, et l'église Sainte-Marie fut utilisée comme atelier pour y fondre des cloches et très délabrée par l'action des fourneaux. Longue de 70 m elle fut réduite de moitié sous le premier Empire, pour ménager l'entrée de la manutention militaire. Maintenant l'ancienne chapelle des Dominicains a été rendue à sa destination initiale car est devenue une église paroissiale.

ruine couvent Jacobins de Limoges

Vue d'une ruine des Jacobins de Limoges au XIXe s.

L'église actuelle (Sainte-Marie de Limoges - place des Jacobins).

Le couvent de Brive
La communauté vint s'y fixer le premier dimanche de l'Avent 1261 dans une maison près des remparts de la ville. Cette maison "vaste" fut démolie en 1587 par ordre du gouverneur du Limousin, pour empêcher les ennemis de s'y retrancher. Les matériaux servirent à réparer les fortifications de la ville. On céda aux Dominicains (Jacobins) l'église St Libéral et quelques maisons adjacentes. Toutes traces de cette ancienne occupation monastique ont disparu, seul le nom du quartier des Jacobins a gardé son souvenir.
 


Le couvent de Saint Junien
En 1290, Pierre Virole et Jourdain Paute, religieux dominicains (Jacobins) de Rochechouart entreprirent de fonder à St Junien un monastère. Ils reçurent des maisons dans le faubourg Saler mais hors les murs (emplacement du Crédit Lyonnais actuel - rue Jean Jacques Rousseau) avec des vergers et autres dépendances. Et le 3 novembre 1293 fut célébré la première messe dans leurs nouveaux locaux. L'officialisation ne fut donnée par le couvent de Brive que le 21 août 1308. Le prieur Hugues de Moncerant installe un autel, un campanile et une cloche en même temps que le matériel nécessaire.

Au mois de Juillet 1569, les bâtiments furent brûlés et saccagés par l'armée calviniste de Louis de Vauldry, sieur de Mouy-St-Paul. Cependant la communauté resta à St Junien jusqu'à la Révolution. 

Le couvent de Felletin
Le 20 janvier 1589 un généreux donateur donna une somme pour fonder un collège dans sa ville natale. Les habitants de Felletin se joignirent à lui pour donner des rentes dans ce but. Les Jésuites pressentis pour enseigner refusèrent. Les Felletinois se retournèrent vers les Dominicains (Jacobins) qui acceptèrent. Mais nous n'avons aucune information sur la suite de cette implantation qui semble avoir été très brève.

Un Dominicain vers 1710

dominicain en habit vers 1710

Rochechouart - portail entrée

Le portail d'entrée

Le couvent de Rochechouart
Le vicomte de Rochechouart demanda aux Dominicains (Jacobins) de remplacer les Bénédictins. Il leur donna en 1614 des maisons dans le faubourg du Châtenet (faubourg du petit Châtenet). À l'arrivé dans les lieux bénédictins pillés par les calvinistes, ils trouvèrent l'église transformée en grange, et les bâtiments délabrés logeaient un cabaretier. L'installation ne fut régularisée que plus tard. La date de 1641 se trouve toujours sur le cartouche du linteau du portail d'entrée. L'abbé Duléry écrivait :"Les dominicains réparèrent les bâtiments et l'église du monastère du Châtenet, y célébrèrent le service divin, et convertirent un grand nombre de huguenots. Ces religieux ne furent bien établis qu'en1630, sous la vicomtesse Marie. Ils tinrent leur couvent jusqu'en 1650, époque à laquelle ils le cédèrent aux frères prêcheurs de la province occitane, qui l'occupèrent jusqu'à la révolution. A cette époque ils n'étaient que trois, le P. Lézeret et le P. Garigout, prêtres; le troisième, frère lai". Les bâtiments furent vendus en 1793.

Le lavabo ci-contre avait été récupéré et remployé pour décorer une margelle de puits au XIXe s, dans le bas-Châtenet. (Duléry dixit) L'inscription sur son fronton est la suivante : "Regina sacratissimi rosarii, Ora pro nobis".

lavabo église Rochechouart

Le lavabo de la chapelle, à dr de l'entrée de la maison de retraite de la Cx Rouge à Rochechouart.

webmestre : Michel FOUGERAT

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