Craon (celle n° 86)

Cette celle est située sur la commune de Ballots (Mayenne). L'appelation actuelle est "les Bonshommes".

Bâtiment Est très remanié pour le rendre apte à son utilisation agricole...

Pour de plus amples renseignements consulter les "Cahiers Grandmontains" n° 6.

Vestiges:
L'église a été détruite vers 1870.
Le bâtiment Est a été très remanié. On note d'origine une étroite fenêtre (lancette) sur la façade Est du dortoir, et plusieurs ouvertures (portes et fenêtres) dans le cellier.
Le bâtiment Sud (ancien réfectoire) possède une belle porte en arc brisé, sans doute mise en réemploi lors de la réfection de cette aile au XVe siècle..
L'ensemble des bâtiments a été construit en grès roussard.
Il semble que depuis le 18 mars 1791, date à laquelle Craon a été vendue à Mr Nicolas-Joseph HALLIGON , comme biens de première origine, les propriétaires successifs se sont appliqués à faire disparaître des bâtiments tout de qui pouvait rappeler leur destination religieuse.
Ces bâtiments avaient été laissés par les derniers exploitants agricoles dans un état de délabrement et d'abandon. Le nouveau propriétaire a fait couvrir de neuf les bâtiments ce qui laisse espérer leur restauration rapide.
A noter que Craon possédait une staurothèque comme à la Haye d’Angers , et certainement semblable à celle de Rouvres en plaine (Epoisses) de Gorre (Grandmont) ou de Darnets (Montusclat). Malheureusement cette croix reliquaire a disparue. Il en est également de même pour un gisant placé sous un enfeu qui était signalé encore au XIXe siècle

Histoire:
La celle de Craon semble avoir été fondé dès 1190 . Toutefois la charte de fondation originale a disparu.
Une charte de 1196 de Maurice II de CRAON fait une nouvelle donation aux religieux après accord de l'abbé de la Roë Cette donation, qui comportait une concession de terrain plus étendue dans sa forêt, fut confirmée après sa mort, survenue le 4 août 1196, par sa veuve, Isabelle de MAYENNE, et son fils Maurice III.
De nombreux dons furent attribués aux Grandmontains, mais l'un d'eux doit être mentionné.
En effet, en 1229, les barons de Craon autorisèrent les Grandmontains à détourner l'eau du Barillé pour l'usage de leur maison, avec faculté d'établir une chaussée, un moulin et une pêcherie.
En 1295, la celle de Craon hébergeait 6 clercs. En 1317, elle fut unie au prieuré de la Haye d'Angers. Devenue ainsi une maison annexe, elle garda néanmoins une petite conventualité, car elle se trouvait loin de la Haye. Le prieur de la Haye nomma un administrateur qui devait lui rendre des comptes . Elle était encore occupée par quelques religieux lorsqu'un meurtrier y vint chercher asile en 1532.
En 1535, François de la TREMOILLE, seigneur de Craon, mentionne dans un aveu:
"Le prieuré des Bonshommes avec le domaine et mestairie, prairies et moulins, fondé par mes prédécesseurs".
Selon toute vraisemblance, les religieux furent chassés de Craon pendant les Guerres de Religion. En 1700, on prétendait que Craon n'était plus habité depuis 200 ans!
En 1694, un chapelain était chargé d'assurer le service divin tous les jours, mais celui-ci ne résidait pas à Craon, la celle étant en triste état. Un procès-verbal du 27 mars 1694, nous la décrit ainsi :
"L'église se composait d'un choeur de 44 pieds de long, 19 de large, 20 de hauteur de mur lambrissé au dessus de 12 pieds de haut, d'une nef de 40 pieds de longueur. Le choeur est grand et spacieux, plus même qu'il n'est besoin pour faire le service divin d'une messe basse, qui s'y célèbre tous les jours, à laquelle il n'assiste que très peu de monde, parce qu'elle est proche d'une forest et éloignée du voysinage, et que l'église de la paroisse de Ballots n'est qu'à un quart de lieue du dit prieuré. La nef paraissant inutile, il serait à propos de la démolir et d'en retrancher 35 pieds. Ce faisant le clocher qui est sur le bas du choeur, et proche de la dicte nef resterait en son entier."
" Un ancien corps de logis joignant icelle église servant d'un couvent religieux, faisait autrefois avec la dicte église le pourtour d'un clouestre."
" L'aile gauche avait 110 pieds de longueur, 28 de largeur, et 25 de hauteur; le bâtiment du midi, 52 pieds de longueur. Les bâtiments de l'aile droite étaient entièrement tombés en ruine il y a plus de cent ans."
"Dans ces divers corps de logis se voyaient les traces d'un chapitre, d'un dortoir, et la chambre servant de chapitre, le tout d'une antiquité très grande."
Le prieur commendataire de la Haye d'Angers, J. DAVID, sollicita du Grand Conseil, un arrêt lui permettant de faire démolir l'église et les bâtiments conventuels, ce qu'il obtint le 31 mars 1695 mais celui-ci ne put le faire immédiatement et mourut en 1704. Il laissa néanmoins une somme importante aux religieux de la Haye par un acte du 15 juillet 1705 à condition qu'ils démolissent Craon... Ceux-ci refusèrent le legs et, au contraire, ils formulèrent une demande contre le légataire du prieur commendataire, les Hôpitaux d'Angers, pour la remise en état de Craon. En septembre 1709, la communauté de la Haye d'Angers obtint une transaction avantageuse ; les Hôpitaux d'Angers durent payer aux religieux 9 692 livres, montant des travaux résultant de l'expertise de réparation auxquelles s'ajoutèrent 15 000 livres pour couvrir les frais de procès et divers.
Le service divin, qui avait été suspendu par ordre du prieur commendataire, fut alors repris dans la celle de Craon.
Dans le procès intenté par les Grandmontains, on relève ainsi la description de l'église:
"Le choeur possédait une grande piscine, et était décoré de croix pattées délicatement sculptées. Au devant du vitrail muré, il y avait un tableau en toile avec son cadre et un restable qui est d'une architecture de menuiserie avec quatre colonnes, cadres et corniches peintes, le tout rompu et usé de vétusté."
Un état des réparations à faire au prieuré de Craon est dressé en 1767 .
Lors de la dissolution de l’ordre, des lettres-patentes du 27 juin 1770 autorisèrent l’évêque d’Angers à unir la mense conventuelle de la Haye dont faisait partie Craon, au séminaire de Saint-Charles-Borromée.
Après la Révolution on transporta l'autel dans l'église de Ballots.
En 1886, celui-ci était relégué dans le grenier de la cure...
Mais un tableau du retable, qui représentait la Trinité, orna longtemps le maître-autel de l'église de Ballots. Celui-ci, ayant cessé de plaire, fut vendu à un brocanteur, de même qu'un tableau représentant St Dominique...

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