Chassay-Grammont (Vendée)
- celle n°123
ou l'un des rares prieurés
grandmontains à posséder encore ses quatre ailes primitives.

Chevet et bâtiment Est
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Cet
ancien monastère de l'Ordre de Grandmont aurait été
fondé à la fin du Xlle siècle par Richard Cur
de Lion dans l'ancienne paroisse de Chassay Église.
On y comptait 5 religieux en 1295. Il fut rattaché en 1317 au prieuré
du Bois d'Allonne, près de Parthenay.
Désaffecté à la vie religieuse à la fin du
XVIIe siècle, il fut transformé en siège d'exploitation
agricole jusqu'en 1983. Acheté par la commune de St Prouant, le
monument fut confié en 1985 à l'ASSAG pour qu'elle en assure
la restauration et l'animation. En l'an 2000, le Conseil Général
de Vendée a racheté le prieuré. Le prieuré
de Chassay-Grammont est ouvert au public avec des expositions et des concert
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PRIEURE DE GRAMMONT (situé entre Chantonnay et St Prouant)
85110 SAINT PROUANT
Renseignements au 02-51-66-47-18
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Le réfectoire
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D'importants travaux de restauration
ont permis de réhabiliter en grande partie ce monastère
grandmontain qui forme avec l'église (au Sud) et l'ensemble des
bâtiments conventuels un quadrilatère complet autour de la
cour du cloître. La salle capitulaire et le réfectoire sont
magnifiquement voûtés (style gothique angevin).
L'église charpentée
offre une acoustique exceptionnelle appréciée des mélomanes
lors des concerts.
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Histoire :
La fondation de
Chassay daterait de la fin du XIIème siècle. Toutefois, la date
de sa fondation et le nom de son fondateur ne sont connus par aucun texte.
Certes la tradition a longtemps attribué cette fondation au roi d'Angleterre,
Richard Coeur de Lion, mais sans preuve réelle. La charte connue de
Richard Coeur de Lion date de 1195 et ne mentionne nullement Chassay, mais
seulement Barbetorte, la Meilleraye et Bonneray.
Toutefois la datation des bois par la méthode de dendrochronologie
de la charpente ancienne retrouve en réutilisation indique une date
moyenne 1197 pour la coupe vraisemblable des bois de chêne. On peut
penser que ces bois ont été coupés à la fin de
la construction des bâtiments de l'église et du dortoir.
En tous les cas ce qui est sûr, c'est que la celle de Chassay existait
en l'an 1200 comme l'atteste un document relatif à un procès
en avril 1314 (voir 6). Dans ce document, il est fait référence
à des lettres "exemptes de tout soupçon, scellées
à première vue des sceaux de Guillaume de Chantemerle et de
Pierre Alpenillo, son frère, faisant entre autres mention de la donation
de la terre et du bois la maison de Chassay, faite par Guillaume le Vendredi-Saint
de 1200."
Dans ce document l'église était appelé Sainte-Marie de
Chassay.
Il est fort possible que le véritable fondateur de la celle de Chassay
soit le seigneur de Pouzauges, Guillaume de Chantemerle, ce qui expliquerait
ses donations ultérieures aux grandmontains de terres et de bois.
Le nom de Chassay vient du latin Cassiacum désignant une forêt
de chênes, nom de la paroisse de Chassay - l'Église sur le territoire
de laquelle fut implantée la celle par les grandmontains.
La celle de Chassay était habitée en 1285 par cinq religieux.
Il est possible que Bertrand de Got, alors archevêque de Bordeaux et
futur pape Clément V, en visite pastorale dans la région, passa
Chassay le Jeudi 20 Mai 1305, alors qu'il visitait les prieurés de
Vendée 5.
Quelques années plus tard, en 1314, le prieur eut des difficultés
avec le seigneur de Pouzauges, Hugues de Thouars, au sujet de l'exploitation
du bois de Chassay, mais un commissaire du Roi le condamna à 200 livres
d'amendes, et au versement de dommages-intérêts à la communauté
Chassay-Grammont
fut unie en 1317 au prieur de Bois d'Allonne, sous le nom de Petit-Grandmont.
La tradition veut que les moines grandmontains se soient livres ici à
la poterie (voir la planche des dallages fabriqués à Chassay-Grandmont
et conservés à la Plisonnière et au château de Puybelliard)
ce qui n'aurait rien d'extraordinaire. Les religieux d'alentours en faisaient
d'ailleurs de même, Deux noms de lieux du voisinage attestent de cette
industrie : Le champ de la Fosse pour la poterie, et le champ de la Verrerie
pour leur industrie du verre. Les fours monastiques s'élevaient à
l'Est du prieur à l'endroit où se trouve les bâtiments de
ferme 7 . Des vestiges de ces industries se trouvent dans des collections particulières.
L'inventaire des titres de cens et de rentes fait apparaître les revenus
sur les lieux suivants :
Cens et rentes sur : la Bouillère, paroisse de Chavagnes-le-Redoux, la
Poculière, paroisse de Montsireigne, plusieurs maisons, terres, et vignes
aux Ferrandières, près du bourg de Saint-Prouant. Sur les Papinières
et les Courchaudries, des rentes nobles et féodales de quatre setiers
de blé seigle, trois setiers de froment, six setiers de grosse avoine
(mesure de Chassay), dus à la Notre-Dame d'Août, et chaque fête
de Toussaint, douze livres de cire et trois chapons.
D'autres cens et rentes sur La Godinière, alias la Papinière au
Lay et la Barbière, sur la paroisse de Chassay l'Église, les Clous
et l'Ecorserie, sur la paroisse de Chantonnay, La Garde près de les Roches-Bariteaud,
les Taillées, paroisse de Mouchamps, la métairie de la Baritaude
sur la paroisse de St Prouant, et le Moulin de Voyrande sur la paroisse de Boupère
8.
En 1697, le roi Louis XIV confirmait au prieur commendataire Robert Thomas,
les armoiries du prieur : d'argent mi-partie d'or et d'azur.
Au XVIIème siècle le bien est affermé la famille Maillocheau,
puis un gendre, André Merlet devient fermier-régisseur. Il faisait
valoir le bien pour les religieux du Bois d'Allonne. Au début du XVIIIème
siècle le prieur avait un revenu de 1800 livres, charge de célébrer
deux messes de fondation par semaine.
Le prieuré n'ayant plus de vie religieuse, on transforma le bâtiment
Est en habitation pour les fermiers, et les bâtiments Est et Ouest en
locaux agricoles. L'église toutefois gardera sa vocation religieuse jusqu'à
la Révolution. Les enfants d'André Merlet y furent baptisé,
et lui-même y sera enterré le 18 Novembre 1699. On y célébra
également des mariages comme le 1er juillet 1738 de Jeanne Couzinet,
et le 12 février 1743 de Marguerite Couzinet, filles du régisseur
de l'époque, maître Florent Couzinet.
Le prieuré fut vendu comme bien national le 5 mai 1791, à la 19ème
bougie, René-Augustin Majou 9, petit-fils de Florent Couzinet 10, et
régisseur du bien, pour la somme de 96.600 livres. Le domaine était
affermé à cette époque à Merlet.