Aulnoy (celle n°106)

Cette celle se trouve sur la commune de Courchamp (Seine et Marne). Il reste l'église sans voûte servant de bâtiment agricole, et les ouvertures de la salle capitulaire.

Vestiges :
L’église est complète (24,16 m X 5,85 m), mais la voûte a été abattue au XIXème s.. Elle était, comme dans toutes les églises grandmontaines, en berceau brisé, avec un gros boudin à la naissance de la voûte.
L’abside, vu les vestiges restants, était voûtée d’arêtes, comme aux Moulineaux, et cela pour trois raisons: la première: le décrochement à Aulnoy, le plus réduit des celles grandmontaine (O.15m) donc le plus proche des Moulineaux, qui est une des rares à ne pas en posséder; la deuxième: même petit doubleau, complet aux Moulineaux détruit à mi-hauteur à Aulnoy, reposant sur le même système de culot; troisième et dernière raison: le même système de contreforts légers, propre à ce genre de voûtement.
J. R Gaborit avait supposé qu’Aulnoy avait le même voûtement que Fontblanche, qui est également voûté d’arêtes; mais Fontblanche ne possédant pas de contreforts, a un important talutage .
Dans une communication faite au milieu du siècle dernier, Mr Anatole Dauvergne , avant l’effondrement de la voûte, écrivait: (cela vient conforter cette supposition)
“La voûte de la nef est en berceau ogival; un arc doubleau, plat, la sépare de la voûte du chœur. Ici , l’abside n’est pas carrée; elle est formée de trois pans percés de fenêtres ogivales du XIIIème siècle” .
La porte des fidèles qui était sur le pignon ouest, fut remplacée par une ouverture plus moderne, du temps des Minimes; elle est actuellement bouchée. Ce pignon est également percé d’une grande lancette, bouchée également , comme le sont la porte des moines et le triplet. A l’extérieur du chevet, deux légers contreforts, sans grâce, ainsi que deux autres, encadrent le pignon ouest.
Un petit trésor monétaire a été trouvé à l’emplacement de l’autel en 1959 (monnaies de Charles VI et de Jean sans Peur) .
Des bâtiments conventuels incendiés en 1944, il ne reste que le mur ouest du bâtiment du chapitre. Contre l’église se trouve la porte du passage, puis les ouvertures de la salle capitulaire. Ces ouvertures sont constituées d’une porte centrale, entourée de chaque côté, de deux baies à quatre colonnes courtes; ces colonnes sont à chapiteaux en corbeille. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette baie, au lieu d’affaiblir la solidité du mur, l’a au contraire renforcée, en formant arcature. On trouve les mêmes résultats à St Jean les Bonshommes (Yonne) et Mathons (Marne) , deux celles également victimes d’incendies.
La salle capitulaire était voûtée d’ogives retombant sur un pilier central . Les autres bâtiments ont disparu lors de l’édification du château des Minimes (XVIIème s). La propriétaire actuelle nous a signalé l’existence d’une citerne, qui aurait été comblée il y a une quinzaine d’années; elle se trouvait à l’ouest des bâtiments.
Histoire
Il y aurait eu avant les Grandmontains, un prieuré de l’Ordre de St Benoît dépendant de St Pierre le Vif à Sens, qui aurait été fondé en 1072. Les religieux de Grandmont ont été appelés par un comte de Champagne, Thibault II le Grand, vers 1152 au plus tard, ce comte étant décédé cette année là ; aucun acte écrit ne semble avoir été dressé à cette date.
Pour combler ce vide juridique, dès 1168, Henri 1er de Champagne, son fils, confirma l’établissement des Grandmontains à Aulnoy , par une charte écrite à Provins. Cette charte donnait en outre un immeuble à Provins, des franchises de péage et de tonlieu sur les terres du Comte .Ce Henri 1er devait par la suite installer les Grandmontains près de Troyes, à Arvy. Il avait également à son service, Gautier de Provins, qui fut maréchal à son service entre 1152 et 1158. Ce maréchal dut rendre des services aux Grandmontains, car ces derniers l’ont portés sur le nécrologe primitif de l’Ordre .
L’endroit ne devant pas être très boisé, les Grandmontains entourèrent leur clôture d’une bande de bois, donnant l’impression d’être dans une clairière . Ils creusèrent en outre cinq étangs. Le premier, l’étang de la Fournière d’un arpent, le second, l’étang du charme de 10 arpents, le troisième, l’étang du colombier, de 20 arpents, le quatrième, le grand étang de 40 arpents, et le cinquième, l’étang du brochet de 3 arpents. Ces étangs existaient encore à la Révolution , et furent par la suite remis en culture .
Les Grandmontains reçurent des dons, en particulier de Guillaume Rex, Maréchal d’Henri 1er . Il reconnaît avoir donné aux Bonshommes d’Aulnay le 7 avril 1173, deux soudées (sous) de pain de rente par semaine sur sa part d’un four, qu’il a dans la juiverie (in judea) de Provins .
La chapelle d’Aulnoy fut construite grâce aux libéralités d’un chevalier champenois, Henri de Noyers et consacrée en 1203 à la Vierge et à St Martin .
On remarquera le temps assez long qui sépara l’entrée en possession d’Aulnoy par les Grandmontains, et le moment où ils s’y établirent définitivement. C’est un phénomène que nous avons précédemment rencontré ailleurs (La Haye, Rouen...); mais cela nous ouvre une autre supposition; en effet les Grandmontains s’étaient également fixés non loin de Provins, sur la paroisse de Sourdun, dans un lieu appelé Tourvoie, près de la grande ferme de Montbron.

 

L'entrée de la salle capitulaire

le triplet

Vue Est

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