Cette celle
se trouve sur la commune de Courchamp (Seine et Marne). Il reste l'église
sans voûte servant de bâtiment agricole, et les ouvertures
de la salle capitulaire.
Vestiges
:
L’église est complète (24,16 m X 5,85 m), mais la
voûte a été abattue au XIXème s.. Elle était,
comme dans toutes les églises grandmontaines, en berceau brisé,
avec un gros boudin à la naissance de la voûte.
L’abside, vu les vestiges restants, était voûtée
d’arêtes, comme aux Moulineaux, et cela pour trois raisons:
la première: le décrochement à Aulnoy, le plus réduit
des celles grandmontaine (O.15m) donc le plus proche des Moulineaux, qui
est une des rares à ne pas en posséder; la deuxième:
même petit doubleau, complet aux Moulineaux détruit à
mi-hauteur à Aulnoy, reposant sur le même système
de culot; troisième et dernière raison: le même système
de contreforts légers, propre à ce genre de voûtement.
J. R Gaborit avait supposé qu’Aulnoy avait le même
voûtement que Fontblanche, qui est également voûté
d’arêtes; mais Fontblanche ne possédant pas de contreforts,
a un important talutage .
Dans une communication faite au milieu du siècle dernier, Mr Anatole
Dauvergne , avant l’effondrement de la voûte, écrivait:
(cela vient conforter cette supposition)
“La voûte de la nef est en berceau ogival; un arc doubleau,
plat, la sépare de la voûte du chœur. Ici , l’abside
n’est pas carrée; elle est formée de trois pans percés
de fenêtres ogivales du XIIIème siècle” .
La porte des fidèles qui était sur le pignon ouest, fut
remplacée par une ouverture plus moderne, du temps des Minimes;
elle est actuellement bouchée. Ce pignon est également percé
d’une grande lancette, bouchée également , comme le
sont la porte des moines et le triplet. A l’extérieur du
chevet, deux légers contreforts, sans grâce, ainsi que deux
autres, encadrent le pignon ouest.
Un petit trésor monétaire a été trouvé
à l’emplacement de l’autel en 1959 (monnaies de Charles
VI et de Jean sans Peur) .
Des bâtiments conventuels incendiés en 1944, il ne reste
que le mur ouest du bâtiment du chapitre. Contre l’église
se trouve la porte du passage, puis les ouvertures de la salle capitulaire.
Ces ouvertures sont constituées d’une porte centrale, entourée
de chaque côté, de deux baies à quatre colonnes courtes;
ces colonnes sont à chapiteaux en corbeille. Contrairement à
ce que l’on pourrait penser, cette baie, au lieu d’affaiblir
la solidité du mur, l’a au contraire renforcée, en
formant arcature. On trouve les mêmes résultats à
St Jean les Bonshommes (Yonne) et Mathons (Marne) , deux celles également
victimes d’incendies.
La salle capitulaire était voûtée d’ogives retombant
sur un pilier central . Les autres bâtiments ont disparu lors de
l’édification du château des Minimes (XVIIème
s). La propriétaire actuelle nous a signalé l’existence
d’une citerne, qui aurait été comblée il y
a une quinzaine d’années; elle se trouvait à l’ouest
des bâtiments.
Histoire
Il y aurait eu avant les Grandmontains, un prieuré de l’Ordre
de St Benoît dépendant de St Pierre le Vif à Sens,
qui aurait été fondé en 1072. Les religieux de Grandmont
ont été appelés par un comte de Champagne, Thibault
II le Grand, vers 1152 au plus tard, ce comte étant décédé
cette année là ; aucun acte écrit ne semble avoir
été dressé à cette date.
Pour combler ce vide juridique, dès 1168, Henri 1er de Champagne,
son fils, confirma l’établissement des Grandmontains à
Aulnoy , par une charte écrite à Provins. Cette charte donnait
en outre un immeuble à Provins, des franchises de péage
et de tonlieu sur les terres du Comte .Ce Henri 1er devait par la suite
installer les Grandmontains près de Troyes, à Arvy. Il avait
également à son service, Gautier de Provins, qui fut maréchal
à son service entre 1152 et 1158. Ce maréchal dut rendre
des services aux Grandmontains, car ces derniers l’ont portés
sur le nécrologe primitif de l’Ordre .
L’endroit ne devant pas être très boisé, les
Grandmontains entourèrent leur clôture d’une bande
de bois, donnant l’impression d’être dans une clairière
. Ils creusèrent en outre cinq étangs. Le premier, l’étang
de la Fournière d’un arpent, le second, l’étang
du charme de 10 arpents, le troisième, l’étang du
colombier, de 20 arpents, le quatrième, le grand étang de
40 arpents, et le cinquième, l’étang du brochet de
3 arpents. Ces étangs existaient encore à la Révolution
, et furent par la suite remis en culture .
Les Grandmontains reçurent des dons, en particulier de Guillaume
Rex, Maréchal d’Henri 1er . Il reconnaît avoir donné
aux Bonshommes d’Aulnay le 7 avril 1173, deux soudées (sous)
de pain de rente par semaine sur sa part d’un four, qu’il
a dans la juiverie (in judea) de Provins .
La chapelle d’Aulnoy fut construite grâce aux libéralités
d’un chevalier champenois, Henri de Noyers et consacrée en
1203 à la Vierge et à St Martin .
On remarquera le temps assez long qui sépara l’entrée
en possession d’Aulnoy par les Grandmontains, et le moment où
ils s’y établirent définitivement. C’est un
phénomène que nous avons précédemment rencontré
ailleurs (La Haye, Rouen...); mais cela nous ouvre une autre supposition;
en effet les Grandmontains s’étaient également fixés
non loin de Provins, sur la paroisse de Sourdun, dans un lieu appelé
Tourvoie, près de la grande ferme de Montbron.
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L'entrée de la salle capitulaire

le triplet

Vue Est
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